Pas de distorsion. Pas d’amplificateur. Pas de batterie. Pas de synthétiseur. Voilà les symboles qu’affiche le trio instrumental new-yorkais sur la page bandcamp de cet album, un crédo qui est à peu près représentatif de la musique de Behold the Arctopus. De toute évidence, cet ovni du métal progressif ne semble pas avoir épuisé ses moyens de surprendre.
Effectivement, le percussionniste Jason Bauers et ses comparses ont troqué la batterie pour des kits électroniques dont aucun échantillon ne semble émuler l’instrument acoustique. Aux guitares distorsionnées on a substitué de la guitare-synthétiseur (à ne pas confondre avec une keytar!) ainsi qu’une Warr guitare, sorte de chapman stick au registre très étendu qu’a inventé le co-fondateur Colin Marston. Tout ça fait en sorte que même lorsqu’on reconnaît le langage du métal technique, on en reconnaît toutefois pas les sonorités. En fait, on se demande plutôt si on n’a pas affaire à un album de musique concrète plutôt qu’à une forme débridée de rock progressif.
Sur le plan des articulations, il y a tout de même continuité avec la discographie du groupe. Les courtes pièces sont très denses, gonflées de passages ultra complexes tissés ensemble de manière angulaire et déroutante. Des jeux de tapping extrêmes se disputent l’espace spectral et les transitions n’en finissent plus. Pourtant, rien de tout cela ne sonne décousu. Behold the Arctopus pousse sa cuisine si loin qu’on ne peut qu’applaudir le raffinement d’un son unique et pleinement assumé. L’expérience est psychédélique en soi, contribuant à l’aura cosmique qui se dégage de la pochette et des titres plutôt ironiques. À mettre dans toutes les collections d’amateurs de musique innovatrice!