On connaît bien l’histoire : la musique de Jean-Sébastien Bach est tombée dans l’oubli presque total après sa mort. 100 ans plus tard, c’est grâce au compositeur Felix Mendelssohn, également chef d’orchestre, que la première grande œuvre de Bach -la Passion selon Saint Matthieu– a été dépoussiérée. Et puis, illumination divine, le monde musical s’est soudainement réveillé d’une longue torpeur en se disant « mais c’est donc bien bon cette musique là!!! ». Le reste, comme on dit, appartient à l’Histoire. Si la musique baroque dans son ensemble avait perdu de son lustre à l’époque romantique, il n’en reste pas moins que dans les salons privés, plusieurs musiciens, professionnels et surtout amateurs, en jouaient à leurs heures. C’est d’un questionnement lié à cette notion qu’est née l’idée de cet album : comment les musicien.ne.s romantiques jouaient-ils la musique ancienne? On sait qu’aujourd’hui le respect absolu de la partition et des « intentions » du compositeur est au centre de l’interprétation de la musique du 18e siècle et d’avant. Mais les Romantiques, eux, n’avaient cure de ces conceptions « authenticistes »’. Pour eux, il était normal de « moderniser » l’interprétation. Voilà donc ce qu’on entend ici. De la musique de Bach jouée sur un pianoforte typique du 19e siècle. De nos jours, nous sommes habitués à écouter Bach soit sur clavecin (instrument de son époque) ou sur piano (instrument de notre époque). Mais jamais sur un entre deux ! Mika Putterman utilise une flûte romantique (en bois), à la sonorité légèrement plus feutrée que la flûte moderne. Mais la différence est ténue même pour un mélomane aguerri. C’est bien sûr le pianoforte de Jory Vinikour, avec ses sonorités percussives plus sèches qu’un piano moderne et plus mates qu’un clavecin, qui bouleverse nos oreilles. J’avoue avoir été un peu dérouté, même dérangé à prime abord, par ce type de sonorité dans ce genre de musique. Mais plus je l’écoute, plus je voyage non pas dans l’époque de la composition des œuvres, mais dans celle de leur « redécouverte’ » par des musicien.ne.s du 19e siècle. Si cette audace sommes toutes très justifiable ouvre la porte à une nouvelle façon de concevoir l’interprétation de la musique ancienne, libérée du diktat un peu pesant de la pureté « authenticiste », alors tant mieux ! Ne vous méprenez pas : j’adore l’approche historique en musique, mais ce n’est certainement pas la seulefaçon de faire pour que les œuvres procurent du plaisir aux auditeur.trice.s. C’est le but de toute musique, après tout.
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