Olivier Demers, violoneux émérite du groupe trad Le Vent du Nord, taquine aussi avec aisance la guitare, comme une discrétion personnelle, loin des regards et des oreilles publiques. Avec À l’envers d’un monde, il nous ouvre la porte sur cette pudique intimité.
Douze pièces tout en douceur contemplative, comme des commentaires chuchotés de panoramas québécois qu’un Wim Wenders de notre terroir aurait rêvés et imprimés sur pellicule. Oui, Olivier Demers nous transporte dans un univers à la Ry Cooder pour Paris, Texas, mais avec une touche différente.
Les guitares d’Olivier (acoustique, classique, électrique) résonnent sobrement, mais avec force mélancolie. Il tisse notre trame sonore d’un après-midi à regarder tomber la pluie par la fenêtre, à admirer le délicat dépôt d’une feuille morte qui abandonne son arbre au gré du vent d’automne, à soupirer devant quelques flocons épars en janvier ou à s’émerveiller tendrement devant quelques brins d’herbe caressés par une brise d’août.
C’est comme ça À l’envers d’un monde. Mais c’est également, ici et là, un quatuor à cordes, une contrebasse, quelques percussions et même une trompette. Et puis, valeur ajoutée unique et spécifique à l’album, ce sont aussi des textes poétiques touchants, un pour chaque promenade musicale, écrits par des ami.e.s et auteur.trice.s tels Michel Rivard, Nicolas Boulerice et Odette Lambert, que je vous invite à goûter des yeux lentement et délicieusement.
La montagne frissonne d’un vent chaud
Le soleil s’accroche aux premières épinettes […]
La nature s’accorde en ré
– Jocelyn Thouin, extrait du texte pour Lac-à-l’Accord