Comme un écho aux Fables racontées récemment par son collègue Philip Chiu, également chez ATMA Classique, la flûtiste Ariane Brisson, lauréate du Prix d’Europe en 2013 et « Découverte de l’année » au gala des prix Opus (2019-2020), présente sur son nouvel album Mythes, un univers où l’imaginaire, l’irréel et la réalité s’entremêlent. Le répertoire, essentiellement composé de pièces du début du XXe siècle, c’est le réel. L’imaginaire, ce sont les histoires qui le traversent et les sonorités qui l’habitent. Et la frontière ténue qui existe entre ces deux mondes, c’est la manière avec laquelle Ariane Brisson fait sien cet univers et le transforme, dans ce cas-ci, par l’emploi de la transcription. Toutes signées de sa main (y compris le Prélude à l’Après-midi d’un faune, originalement transcrit pour violon ou flûte par Gustave Samazeuilh), les transcriptions des œuvres s’inscrivent dans la démarche artistique de l’interprète, qui cherche à étendre la palette sonore et les possibilités d’interprétations qu’offre son instrument. Ainsi, la romance The Lark Ascending de Ralph Vaughan Williams, originalement composée pour violon et piano et basée sur un poème de George Meredith, revêt une dimension plus pastorale, aérienne et mystérieuse; les couleurs de la Sonatine de Ravel ont un vernis chatoyant; et les récits mythologiques de Janáček (Pohádka) et Szymanowski (Mity) sont remplis d’images et de paysages féériques, dans lesquels la flûte tient le rôle de protagoniste dialoguant avec le piano.
Accompagnée par le jeu dynamique et sensible d’Olivier Hébert-Bouchard, Ariane Brisson captive par la musicalité de son jeu, ainsi que le contrôle et la qualité de sa technique et de ses lignes musicales, mais surtout par la verve avec laquelle elle exprime et fait vivre chaque point, chaque respiration, chaque intention et subtilité de ces récits musicaux, par le prisme de son langage personnel.