La première fois que j’ai fait jouer l’album Trace, qu’a fait paraître Atsuko Chiba en 2019, ma conjointe est entrée dans la pièce et m’a demandé pourquoi j’écoutais de la « musique de vampire ». Mmmh, « musique de vampire »… Comme des Transylvaniens, fanas de synth-prog, qui créeraient des sons hallucinogènes, perchés dans un clocher éclairé au néon.
Or, les vrais Atsuko Chiba – groupe qui tire son nom d’un personnage du film d’animation Paprika – sont cinq Montréalais qui aiment les changements de tempo étranges, les paroles ambiguës, les bourdons sonores et, en fait, tout ce qui échappe à la « musique simple ». Ils ont même créé une pièce hybride hip-hop et prog-rock appelée Quick Infant Guilt, qui sonne comme si MF Doom était le chanteur de King Crimson. Atsuko Chiba a toutefois le don de rendre son maelström de prog, de bourdons et de psych-rock digeste et accessible, comme en témoigne Seeds, leur plus récente création.
Cette pièce de sept minutes et 45 secondes plonge l’auditeur dans une transe extra-corporelle. Trilles de guitares, enchaînements d’harmonies vocales, synthés tentaculaires, basse dodue, percussions éclatantes et magnifiques arrangements de cordes (réalisés par le Quatuor Esca) : l’univers sonore de Seeds est distinct et énigmatique. La folie guette ceux qui tenteront d’en déchiffrer le sens. Le vidéoclip, réalisé par Rodrigo Sergio et mettant en vedette Jade Maya, comporte tout de même quelques indices. Jade danse et se contorsionne en fonction de la musique, modulant ses mouvements, passant d’un environnement pittoresque à un dessous d’autoroute.
Visionnez le clip de Seeds en attendant Water, It Feels Like Its Growing, le troisième album d’Atsuko Chiba, qui sortira en janvier 2023 sur étiquette Mothland.