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PAN M 360 s’entretient avec Andrew Wan, premier violon de l’Orchestre symphonique de Montréal depuis plusieurs années maintenant, sous Kent Nagano et sous Rafael Payare, et qui, dans le contexte de la virée classique, nous cause de son lien avec une oeuvre d’Astor Piazzolla inspirées de quatre saisons à Buenos Aires – et non pas celles de Vivaldi à Venise, bien qu’on en ressente l’évocation lointaine. L’oeuvre sera jouée ce samedi dans un programme gratuit de La Virée, composé également d’une autre oeuvre du compositeur norvégien de la période romantique, Edvard Grieg.
PAN M 360: Aujourd’hui, Astor Piazzolla est admis dans le monde classique. Ses hybridations de tango moderne avec le jazz et la musique classique moderne ont séduit tant d’orchestres et sociétés de concert. Andrew, musicien classique de très haut niveau, quelle est votre relation avec Piazzolla ?
Andrew Wan: Depuis longtemps je joue Piazzolla ! Je l’ai fait avec l’OSM et aussi en petite formation comme soliste. La première fois que j’ai joué cette œuvre, c’était dans un orchestre de chambre à New York qui s’appelait International Stage Young Soloists, un orchestre de New York constitué de d’étudiants ou de jeunes professionnels. C’était mené par Hyo Kang, qui était professeur à Juilliard.
Depuis 2006, j’ai joué plusieurs fois cette œuvre. À l’OSM, je l’ai jouée quelques fois, on a enregistré une vidéo d’une saison pour une immersion virtuelle pendant la pandémie.
PAN M 360 : Cette fois, il s’agit d’un ensemble différent.
Andrew Wan: L’année dernière, on a eu l’idée de jouer un concert avec des jeunes professionnels. Notre direction de programmation m’avait demandé si je voulais interpréter les quatre saisons de Vivaldi. J’avais dit oui, je suis toujours content de jouer cette œuvre.
PAN M 360: Et vous avez monté un ensemble de jeunes pour ce faire et on vous a donné la responsabilité de diriger cet ensemble. Racontez !
Andrew Wan: Je suis violon solo depuis 2008 à Montréal, j’ai aussi eu beaucoup de chance et cumulé beaucoup d’expérience à jouer comme soliste devant notre public. Pour moi, c’était une autre chance de diriger sans baguette cet ensemble et aussi de donner l’opportunité à ces solistes. Et ce fut un grand succès.
PAN M 360: Et cette fois, on passe de Vivaldi à Piazzolla
Andrew Wan: Oui, on a décidé de refaire ce projet, mais avec Piazzolla. Et on a trouvé les solistes, dont deux violonistes qui ont participé à notre immersion orchestrale.
Ce printemps, on a joué une symphonie de Chostakovitch avec Rafael Payare, et on avait dans chaque section plusieurs étudiants pour qu’ils vivent l’expérience de jouer avec un orchestre comme l’OSM. Et j’ai alors travaillé avec deux violonistes de (l’université) McGill, qui étudient avec Violaine Melançon. Elles étaient extrêmement préparées, professionnelles, avec des attitudes extrêmement positives.Je me suis dit , OK, si elles sont disponibles, elles seraient parfaites comme solistes pour deux saisons de cette œuvre. Puis j’ai demandé à mes collègues du Conservatoire de musique de Montréal s’il y avait deux autres élèves pouvant jouer les deux autres saisons, et on a trouvé deux autres violonistes incroyables.
Alors, pour moi, c’est très spécial de faire partie d’une telle expérience, de travailler avec des jeunes artistes, de jouer un grand concert pour beaucoup de monde et de de donner la chance à d’autres de s’illustrer.
PAN M 360: Quelle est l’instrumentation ?
Andrew Wan: Deux premiers violons, deux deuxièmes violons, trois altos, trois violoncelles, et deux… Une douzaine, donc.
PAN M 360: Piazzolla avait fait des arrangements ses œuvres dans différentes configurations, d’autres l’ont fait aussi, mais lui-même se présentait généralement en quartette: bandonéon, violon, piano et contrebasse. Et donc là, vous vous retrouvez dans un autre contexte, plus proche d’une instrumentation classique.
Andrew Wan: Oui, c’est l’arrangement d’un violoniste russe, je ne me souviens pas de son nom, mais c’est un arrangement popularisé par le violoniste Gidon Kremer, il y a une vingtaine d’années je crois.. Ça reste aujourd’hui une de mes versions préférées et cet arrangement est joué partout dans le monde, par les plus grands solistes. En fait, j’ai joué cette œuvre la dernière fois, au mois de janvier, en Floride, avec sept autres violonistes de très haut calibre, dont James Ehnes et Tessa Lark.
PAN M 360: La façon dont un musicien classique joue du tango nuevo est forcément différente de musiciens exclusivement consacrés au style. Alors, de quelle manière voyez-vous les qualités et les avantages d’avoir une formation classique pour servir l’œuvre de Piazzolla?
Andrew Wan: Cette œuvre demande plusieurs techniques qu’on ne joue pas souvent dans la musique classique, mais ce n’est pas extrêmement difficile à maîtriser. Et… ça fait déjà trois décennies que les musiciens classiques jouent du Piazzolla, ça fait partie de notre langage. Ce n’est plus très singulier, ce n’est plus une particularité.
PAN M 360: Oui, absolument. C’est plus nouveau que ça l’était dans les années 80 et 90, et maintenant c’est inscrit dans le grand répertoire, effectivement.
Andrew Wan: Oui, mais je peux ajouter que dans ce type de musique, il faut avoir du rythme. Dans la musique classique, allemande, française ou anglaise, on peut avoir un peu de flexibilité avec le rubato (léger décalage rythmique). Ce n’est pas comme ça avec le tango qui doit aussi être joué avec un sentiment fort de liberté en même temps qu’on y respecte sans cesse la pulsation. Alors cela est plus difficile à maîtriser, pour moi comme pour nos jeunes musiciens de cet ensemble.
PAN M 360: Vous devriez y arriver haha!
Andrew Wan: En fait, dès notre première répétition cette semaine , j’ai été déjà très impressionné par les interprètes qui ont travaillé très fort.
Artistes
Andrew Wan, violon et direction
Olena Kaspersky, soliste violon
Charlotte van Barr, soliste violon
Anaïs Saucier-Lafond, soliste violon
Eva Lesage, soliste violon
Julien Haynes, alto
Victor Fournelle-Blain, alto
Sophia Tseng, alto
Sophia Battel, violoncelle
Ellamay Mantie, violoncelle
Evelyne Méthot, violoncelle
Étienne Beaulieu-Gaule, contrebasse
William Deslauries-Allain, contrebasse
Œuvres
Edvard Grieg, Suite Holberg
I. Praeludium. Allegro vivace (4 min)
II. Sarabande. Andante espressivo (4 min)
III. Gavotte. Allegretto – Musette. Un poco più mosso (4 min)
IV. Air. Andante religioso (5 min)
V. Rigaudon. Allegro con brio (4 min)
Astor Piazzolla, Les quatre saisons de Buenos Aires
- Otoño Porteño (6 min)
- Invierno Porteño (7 min)
- Primavera Porteña (5 min)
- Verano Porteño (7 min)