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« Le plus dur pour moi, c’est de ne pas surcharger les pistes avec plein de percussion, lance Nicola Mauskovic. J’adore créer de nouveaux rythmes, mais il faut faire attention de ne pas noyer une chanson en y mettant trop de congas et de guiras. »
L’observation et d’autant plus sensée que The Mauskovic Dance Band, le groupe que dirige ce musicien et producteur installé à Amsterdam fait une musique qui déborde de partout. Son premier album complet, éponyme, sorti à la fin de l’année dernière sous étiquette Soundway (après plusieurs mini-albums pour le label suisse Bongo Joe) est plein à ras bord de space disco vertigineux, de motifs afro-colombiens effervescents et de punk-funk new-yorkais suintant, le tout baignant dans un bouillon de hurlements hallucinogènes et de chants obsédants, de lignes de basse élastiques, de synthés inquiétants et d’échos mystérieux.
Ç’a l’air vraiment amusant, et ça l’est, mais les apparences peuvent être trompeuses.
La musique de MDB est aussi empreinte d’un malaise subtil mais palpable. « Je pense que la dimension hypnotique de notre musique, en raison de ses rythmes répétitifs, lui donne une caractère un peu sombre, poursuit Mauskovic.
« J’ai l’impression que bien des gens considérent la musique rythmée comme une musique joyeuse, dit-il. Dès qu’il y a une groove, des congas ou d’autres percussions, c’est de la musique de party. Ce qui, pour moi, n’est pas le cas.
« Une grande partie de la musique des années 70 et 80 d’Afrique de l’Ouest – que j’écoute beaucoup – possède, à mon sens, une dimension assez sombre ou mélancolique. Même si ça se danse. La techno a beau avoir été faite pour les planchers de danse, ce n’est pas une musique joyeuse pour autant. »
Disons donc que la musique de MDB n’est pas tant joyeuse que rassembleuse, au sens zoologique du terme. Elle favorise les rassemblements comme mécanisme de célébration et – en temps normal – de survie.
Bien que Mauskovic soit lui-même un musicien très grégaire – avec un curriculum vitæ comprenant les perpétuateurs du rock psychédélique turc Altin Gün, les doyens du garage-rock zambien W.I.T.C.H. et le chambriste pop Jacco Gardner, avec qui il a formé le délirant duo Bruxas – la musique qu’il fait avec le MDB commence de façon solitaire.
« Travailler seul est la meilleure façon pour moi de vraiment expérimenter et d’essayer de nouvelles choses. Je n’ai de compte à rendre à personne et personne n’attend son tour de jouer. Bien entendu, ce n’est que lorsque le groupe se réunit que les chansons prennent vie. »
Le choix du lieu d’enregistrement a aussi son importance. Le Garage Noord d’Amsterdam n’est pas bien entendu du niveau d’Abbey Road sur le plan technique, mais son ambiance est idéale pour Mauskovic et sa bande. « C’est une boîte de nuit assez enfumée le week-end et son espace-studio sert souvent comme fumoir ou lieu d’after-party. Mais c’est aussi ce qui donne à l’endroit son caractère. En fait, c’est l’espace de rangement du club, avec de l’équipement d’enregistrement dans un coin.
« Le groupe s’y sent chez lui. On y programme toutes sortes de musiques, mais en mettant l’accent sur des trucs expérimentaux et des rythmes avec beaucoup de percussion. C’est un endroit où punk et techno se rencontrent. »
L’approche a été un peu différente pour le EP Shadance Hall qui est sort le 17 avril. Il s’agit de quatre nouveaux titres, joués deux fois, « beaucoup plus influencés par le mixage dub et les rythmes dancehall », comme le dit Mauskovic. La face B présente des versions dub ou riddim de la face A.
Du travail avec le producteur Kasper Frenkel dans son studio Electric Monkey, Mauskovic se souvient : « Nous avons réalisé de nombreuses versions différentes des morceaux. En mixant directement sur bande, nous avons expérimenté avec les réverbérations et les échos qu’il y avait dans son studio – et utilisé le studio davantage comme un instrument. »
Si vous êtes curieux de savoir ce que ç’a donné, consultez notre critique du mini-album Shadance Hall, ici même sur PAN M 360.