Semaine du Neuf | 25 ans de Bozzni ! L’interview bilan du Quatuor

Entrevue réalisée par Alain Brunet

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Pour la Semaine du Neuf, le Quatuor Bozzini célèbre ses 25 ans d’activités professionnelles au service des musiques de création, soit  avec des créations de trois compositeurs-trices d’exception: Michael Oesterle, Linda Catlin Smith et Martin Arnold – lisez notre autre interview à ce titre. Pour cette occasion très spéciale, PAN M 360 publie deux interviews avec les membres de cet excellent quatuor montréalais: Alissa Cheung, violon, Clemens Merkel, violon, Stéphanie Bozzini, alto, Isabelle Bozzini, violoncelle. Le concert sera présenté ce vendredi  14 mars, 19h30, au Music Media Room. Une interview avec les membres du Bozzini y est exclusivement consacrée, parlons ici de ce quart de siècle de vie musicale, ce qui n’est pas rien !

PANM 360 :: L’effusion d’amitié, L’effusione d’amicizia pour reprendre le titre italien du programme de La Semaine du Neuf   est un titre choisi pour cette commémoration, n’est-ce pas? En  relation avec les origines partiellement italiennes des frangines Isabelle et Stéphanie ? En tout cas, on devine que l’amitié règne toujours !

Stéphanie Bozzini: Certainement, l’amitié règne toujours! Ce titre spécifiquement est emprunté à une œuvre de Michael Oesterle (avec sa permission) pour violon ou alto solo, l’effusione d’amicizia, écrite en 1996, que Clemens et moi-même avons tous deux joué quelques fois.

Isabelle Bozzini :  Ma sœur a vendu la mèche… Ça ne vient donc pas de nos racines suisse-italiennes, même si ça leur fait honneur. Ce clin d’œil à une œuvre de jeunesse de Michael va comme un gant au contexte: des créations de musiciens avec lesquels nous avons développé au fil des ans de grandes affinités artistiques, et également des amitiés solides. Nous trouvions que c’était une bonne façon de rendre hommage à nos 3 amis, collègues, collaborateurs de quelques décennies. Ce titre décrit bien notre relation avec eux.

Clemens Merkel: C’est aussi une métaphore pour toutes ces amitiés que nous avons développées au fil des 25 ans. Car le point de départ de notre travail de création commence toujours par la relation avec les compositeurs-trices et les autres artistes. Et si on est chanceux, pour citer le film Casablanca, “this is the beginning of a great friendship!”

Stéphanie Bozzini: D’une certaine façon aussi, c’est un clin d’œil à l’amitié en général, à l’empathie, la compassion, l’écoute et le partage, dont nous avons tant besoin ces temps-ci.

PAN M 360 : Chacun.e d’entre vous pourrait-il livrer un témoignage de votre raison d’être en tant que quatuor?

Alissa Cheung: Jouer dans un quatuor à cordes est une expérience très riche. Non seulement peut-on compter sur un grand héritage et un canon d’œuvres composées, mais avons-nous  le privilège artistique de commander et d’aider à déterminer les chefs-d’œuvre de notre époque. 

Clemens Merkel: L’équilibre est optimal en termes d’instrumentation, mais aussi sur le plan démocratique, puisque nous sommes tous directeurs artistiques et auto-producteurs de notre ensemble. Nous travaillons bien en équipe et apprécions également travailler avec d’autres collaborateurs tout au long de notre parcours artistique, qu’il s’agisse d’artistes du son, des arts visuels, du théâtre ou de la danse. 

C’est sûr que ça peut paraître un peu bizarre, mais la première raison pour laquelle j’ai commencé à jouer du quatuor à cordes avec Isabelle et Stéphanie, c’est parce que j’avais besoin d’argent. Quand je suis venu à Montréal en 1998, je retournais encore très souvent en Allemagne pour des engagements, mais comme je n’étais pas assez présent là-bas, les engagements ont décliné. Cependant, je n’avais pas de réseau à Montréal, je n’avais pas étudié ici et je n’avais pratiquement pas de contacts. Lorsque les Bozzini ont dû remplacer l’un de leurs violonistes, c’est tout naturellement que j’ai pris la relève. Je ne l’ai pas regretté une seconde et maintenant je ne peux plus imaginer faire autre chose. Bien sûr, j’ai également utilisé mes contacts en Europe pour présenter le quatuor en Europe dès le début. À ce jour, c’est l’un de nos axes importants. 

Stéphanie Bozzini : Nous sommes privilégiés de faire ce métier, c’est une chance et avec ça vient des responsabilités envers les créateurs et  le public. C’est toujours sur notre radar. On est en constante conversation, à 4, avec nos collaborateurs. C’est très intime comme travail.

PAN M 360 : Rappelez-nous les premiers balbutiements du Bozzini ? 

Isabelle Bozzini: Avec notre quatuor étudiant, nous avions fait connaissance avec Michael Oesterle au Forum du NEM en 1996. Jeune compositeur talentueux et frondeur, il nous avait impressionnés par sa faconde extraordinaire! Nous lui avions donc commandé un quatuor à cordes, une première commande professionnelle soutenue par le CAC pour lui et nous. De son côté, à la suggestion du compositeur allemand Gerhard Stäbler,  Michael invitait Clemens Merkel pour le concert de fondation de l’Ensemble KORE en 1997. 

Ces 2 événements re-brassent les cartes et mènent, à travers une rencontre à la Chapelle Historique du Bon-Pasteur à une histoire d’amour et d’immigration, et à la fondation du Quatuor Bozzini… à la blague, nous disons que Michael et Guy Soucie ont été les parrains du quatuor!

Isabelle Bozzini: Clemens nous a apporté une expertise et un savoir-faire acquis au début de sa carrière en Allemagne et ailleurs en Europe, où il a joué avec de nombreux ensembles, et travaillé avec les plus grands compositeurs et chefs. Ça nous a beaucoup inspirés, et nous a également permis de renouer avec nos racines européennes. En même temps, nous avions notre savoir-faire québécois et nord-américain; dès le départ nous avons embrassé cette dualité et travaillé à cultiver nos relations avec les créateurs d’ici, issu de toutes les générations.

Clemens Merkel: Quand j’ai commencé à jouer avec le quatuor, il avait un autre nom que je ne trouvais pas particulièrement élégant ou pratique. C’est pourquoi j’ai insisté pour changer le nom et suggéré le nom de famille des deux sœurs Bozzini, suivant la tradition de nommer le quatuor d’après le primarius, mais maintenant d’après la « bass and rhythm section”. Fait intéressant, mon beau-père était un peu piqué au début que nous n’ayons pas demandé la permission d’utiliser son nom. Il avait négligé le fait que c’est aussi le nom de ses filles ! Entre-temps, le nom est devenu une marque, et il ne faut pas le sous-estimer. 

Stéphanie Bozzini: Je me souviens de notre motivation, notre plaisir à découvrir de la nouvelle musique, notre énergie – comme seulement des jeunes peuvent avoir! -, de longues répétitions pour peaufiner maints détails. Notre première tournée en Europe était vraiment marquante. Nous avons rencontré des membres du collectif Wandelweiser dont Jürg Frey, et joué sa musique pour la première fois dans cette tournée en 2001, ça a beaucoup influencé notre parcours et notre esthétique. Pré-iPad, on se bricolait des œuvres d’art de partitions, je me souviens d’une œuvre reçue par fax, une page à la fois qui rentrait!

PAN M 360 : De quelle manière chacun.e d’entre vous a joint le quatuor ?

Isabelle Bozzini: Je suis tombée en amour avec le quatuor à cordes en 1987, année de cégep où Marcel St-Cyr et Tom Williams m’avaient donné la permission de jouer dans un quatuor plutôt qu’à l’orchestre de l’université McGill. En 1994, je réalise ce rêve en fondant avec ma sœur Stéphanie un quatuor d’étudiantes qui se dédiait à 50% à la création. Après quelques concerts, concours et projets, et l’arrivée de Clemens à Montréal fin 1997 pour la fondation de l’Ensemble Kore (Oesterle/Courroux), nous avons naturellement fait la transition à partir de 1998 pour ainsi devenir le Quatuor Bozzini, avec un profil franchement dédié à la création. Pour moi, c’est simplement le choix qui m’a toujours le plus inspirée comme cordiste, et du moment qu’on trouve des “âmes sœurs” pour mener le projet, il faut s’accrocher contre vents et marées! 

Alissa Cheung:  Vers 2013, le quatuor était à la recherche d’un.e violoniste. Laura Andriani était une amie commune et savait que je cherchais un changement professionnel –  par rapport à mon poste de violoniste à l’Orchestre symphonique d’Edmonton. À l’automne 2013, j’ai passé une audition en personne à Montréal, qui comprenait des extraits de James Tenney, de Beethoven, de Walter Boudreau, de Jo Kondo et de Thomas Stiegler. Nous avons également parlé de nos objectifs de carrière et artistiques. Au printemps 2014, nous avons donné quelques concerts ensemble dans le cadre de la série de récitals Salon qb, avec de la musique de Maxime McKinley, Denis Gougeon et John Cage, et il était clair que c’était le bon choix pour tout le monde. Onze ans plus tard, nous sommes toujours ensemble et en pleine forme !

Clemens Merkel:  Je suis venu à Montréal pour la première fois fin 1997, puis de plus en plus souvent et longtemps à partir de 1998. Mais c’était d’abord pour des raisons personnelles, si je peux m’exprimer ainsi. Ensuite, j’ai décidé de m’installer complètement à Montréal, et c’était certainement une décision risquée, car j’avais déjà travaillé avec beaucoup de succès en Allemagne, soit pendant presque une dizaine d’années avec différents ensembles et en tant que soliste. Quand j’ai commencé à jouer avec le quatuor, il n’y avait que quelques concerts par année, et il n’était pas du tout question de le faire à plein temps. Ce n’est venu qu’un peu plus tard, lorsque nous avons décidé de tout miser sur une seule carte et de pousser le quatuor de toutes nos forces. Ça a bien fonctionné. 

Stéphanie Bozzini: Après nos études, le QB était la continuation de notre quatuor étudiant de l’époque. Le travail avec des compositeurs, entre autres dans les ateliers de musique contemporaine de l’UdM avec Lorraine Vaillancourt, nous a vraiment donné envie de continuer. Au départ nous avions tous d’autres projets personnels en plus du quatuor. On a réalisé que le potentiel était là et que ce serait vraiment plus satisfaisant si on se dédiait à temps plein au quatuor. C’était un pari risqué, on a risqué et on ne regrette rien!

PAN M 360 : Quelles sont d’après chacun.e de vous vos qualités propres en tant qu’interprète au sein du quatuor?

Isabelle Bozzini:  Pour moi, le rythme a toujours compté avant tout, et je prends mon rôle de « basse » très au sérieux! J’ai beaucoup travaillé comme musicienne baroque, et développé un sens aigu de la conduite harmonique et de la résonance des accords. À nos débuts, nous avons beaucoup focalisé sur le son, que nous souhaitions « droit ». Nous insistions pour jouer absolument tout sans vibrato! Nous avons développé un sens du son d’ensemble qui nous est propre. Mais je dirais que pas mal tout le quatuor nage dans les mêmes eaux. Je me rappelle une conversation avec le Hilliard Ensemble où ils nous expliquaient qu’un tel avait la charge de la hauteur (pitch), l’autre du rythme, l’autre de l’équilibre, etc… Au Quatuor Bozzini, je ne vois pas autant de frontières clairement délimitées. J’avoue qu’il m’arrive d’impatienter mes collègues en insistant pour travailler un détail dans quelques mesures… d’autres ont un sens et un besoin plus urgent d’accéder à la vue d’ensemble!

Alissa Cheung: La perspective compositionnelle, le sens du flux ou de l’énergie pour les phrases et la structure globale, la communication du contenu émotionnel de la musique au public.

Stéphanie Bozzini: Le pragmatisme, l’écoute, la réflexion, l’habilité à trouver un terrain d’entente et de compromis (j’écris ça, mais je réalise que ça s’applique à nous tous!). Musicalement, le son, le flux, la balance et les intentions guident mon travail. Revenir au travail de base, et « gosser » dans les détails je trouve très important et satisfaisant aussi. Mais je préfère le sentiment libérateur de se lancer dans la forme dans son ensemble. Alléger l’atmosphère en craquant une blague, j’aime faire sourire mes collègues.

Clemens Merkel: La vue d’ensemble est très importante pour moi, les questions stylistiques, les aspects du son, le flux de la musique. Ce sont des choses qui vont souvent au-delà du passage individuel ou même de la pièce. Ce que nous faisons doit être clair, bien pensé et logique et avoir toujours notre propre caractère. Mais ensuite, bien sûr, il s’agit toujours de détails, d’ajustements minimes dans le traitement de l’archet, le rythme et l’intonation. C’est vraiment toujours un travail d’équipe et le quatuor n’est si bon que si vous parvenez à regrouper les forces des quatre membres de manière qu’il en résulte plus que la simple somme des quatre membres.

PAN M 360 : Comment se vit la direction artistique et le choix des œuvres pour vos programmes? Une directrice artistique tranche au terme de remue-méninges? Comment ça se passe?

Isabelle Bozzini: Mes collègues me taquinent souvent, m’appelant “ tantôt le grand manitou” ou “la reine”, mais en réalité nous travaillons depuis nos débuts en mode collaboratif, 2.0 avant la lettre. Notre structure à l’horizontal nous permet à la fois une grande souplesse et un investissement enthousiaste des membres et collaborateurs dans le projet “Quatuor Bozzini ”! Collectivement, nous remettons régulièrement nos choix en question, nous choisissons ce que nous souhaitons explorer, et nous favorisons une conversation soutenue et une collaboration étroite avec les artistes qui composent pour nous. Il faut dire qu’au fil des ans, nous avons été très bien entourés, sans compter le riche répertoire existant pour quatuor. Et puis bien sûr, nous avons un goût pour l’aventure et la cocréation, que ce soit en musique ou avec d’autres disciplines. Toutes ces rencontres nous ont nourris et nous ont  fait grandir artistiquement.

Alissa Cheung: Pour nous, la musique et la composition sont toujours au premier plan. Nous ne ressentons pas le besoin d’étaler nos compétences en tant que musiciens, mais nous voulons vraiment communiquer une musique qui a une voix forte et qui expérimente peut-être une idée qui est rarement adoptée par d’autres compositeurs plus conventionnels. Parfois, le contexte du choix artistique change, par exemple, entre les commandes de festivals et les ateliers, mais nous parvenons généralement à nous mettre d’accord sur les personnes avec lesquelles nous voulons travailler. Et bien sûr, si nous avons une bonne expérience de travail avec les compositeurs, nous voulons poursuivre cette collaboration aussi longtemps que possible, comme le prouve le programme Effusione di Amicizia.

Clemens Merkel: Comme le dit Isabelle plus haut, nous sommes tous impliqués dans la direction artistique et aussi dans l’administration de notre entreprise. Je crois que c’est l’une de nos forces : que nous nous identifions tous les quatre très fortement à ce que nous jouons et à ce que nous faisons, à tous les projets, concerts, tournées, CD, ateliers. Nous le voyons comme une unité où chaque élément contribue au tableau d’ensemble. La preuve en est lque nous pouvons établir des relations à long terme avec les compositeurs, ceux ayant  participé au « Composer’s Kitchen » avec nous il y a plus de 15 ans reviennent maintenant en tant que mentors. Pour nous, c’est le signe que nous avons bien fait les choses, comme nous le voulions, à notre façon.

Stéphanie Bozzini: Le partage à 4 des décisions et orientations fait la force de notre quatuor. C’était très important il y a 25 ans, et ça n’a pas changé. Nos affinités avec la musique qu’on programme dicte nos décisions artistiques. Et dans un sens, c’est le quatuor qui tranche (cet organisme – presque au sens propre du terme- que nous avons créé!). Découvrir de nouveaux langages, de nouvelles façons de faire, sortir des sentiers battus sont des choses qui nous ont toujours attiré et motivent nos décisions artistiques.

PAN M 360 : Peut-on parler de cycles dans l’évolution du Bozzini sur 25 ans ? 

Isabelle Bozzini: Je dirais que oui. En questionnement sur une planification pluriannuelle il y a quelques années, nous avions dégagé quelques “époques” du Bozzini. La première, de 2000 à 2007 environ, un cycle de recherche: de notre identité, de notre son, des esthétiques qui nous interpellaient. La construction de notre réseau, et le début de relations suivies avec de nombreux artistes. La période où nous avons établi les “grandes lignes”. La deuxième, de 2008 à 2018 environ, je l’ai appelé une période d’expansion, de croissance. Nous avons élargi nos réseaux, diversifié nos soutiens, et multiplié les activités, tant localement qu’à travers le Canada et à l’international. C’est aussi la période où nous avons commencé à développer nos projets interdisciplinaires (Hozhro, Ange Noir, Une idée sinon vraie, etc). La suivante, je l’avais nommée “la maturité”. Sortis de notre état de “relève éternelle”, nous avions un certain sentiment d’aboutissement, et plus de moyens pour atteindre nos ambitions. Ce fut de courte durée, puisque nous sommes bientôt tombés dans la marmite de la “réinvention”, qui malheureusement a l’air de vouloir s’incruster! Mais bon, ça nous oblige à ne pas nous endormir sur nos lauriers…

Clemens Merkel: C’est un peu comme dans la vraie vie, il y a ces cycles d’environ 7 ans si vous regardez de 2000 à 2007, de 2007 à 2014, de 2014 à environ 2020. Cela signifie que nous sommes toujours dans ce cycle de covid et post-covid. peut-être est-il rassurant de voir que nous avons un nouveau cycle autour de 2027 qui, espérons-le, sera assez merveilleux.

PAN M 360 : Quels sont d’après vous, les programmes marquants de votre histoire 

Isabelle Bozzini: Quelques jalons ressortent pour moi: 

Les 3 concerts de notre première série officielle (20 octobre 2020, 9 février et 11 mai 2021), dont nous avions longuement discuté et soupesé la programmation. Chaque concert proposait un quatuor de Charles Ives, une œuvre du New York School (Feldman, Cage, Wolff), et 2 œuvres québécoises mêlant relève et artistes établis (6 en tout dont 4 créations: Jérôme Blais, Justin Mariner-création, Luc Marcel-création, John Rea, Michael Oesterle-création et Jean Lesage-création);

La création mondiale en mai 2001 à Düsseldorf du Streichquartett n.2 de Jürg Frey

“L’Événement Wandelweiser” dans le cadre de notre résidence au Théâtre La Chapelle en septembre 2003. En résidence au TLC pendant 2 ans, nous avons également présenté In Tempore Belli (Crumb et Reich), et notre premier Composer’s Kitchen au printemps 2005;

“La Quadrature du Cercle” en 2006, où à l’invitation de la SMCQ nous donnions un programme particulièrement virtuose, avec les créations mondiales de Rumore Sui de Denys Bouliane, Quatuor à cordes no 3 “Objets trouvés, commentaires et digressions” de Jean Lesage, et Le Grand Méridien de Walter Boudreau;

La création d’une œuvre à 4 mains de Joane Hétu et Jean Derome, Le Mensonge et l’Identité;

La création de Hozhro, notre premier grand projet interdisciplinaire en coproduction, pour lequel nous avons rapidement mangé beaucoup de croûtes! Et la chance d’avoir une équipe de feu avec qui nous avons élaboré le projet de 2006 à 2009: Michel Gonneville (composition et textes), Mario Côté (vidéo), Pierre Thibault (installation et scénographie), Danièle Desnoyers (chorégraphie et mise en scène);

Ange Noir au OFFTA en 2011! Ayant commandé dès 2007 un texte à Jean-Frédéric Messier pour accompagner Black Angels de George Crumb dans le cadre d’un concert jeunesse avec narrateur au festival Klangspuren en Autriche, nous avons eu l’insigne honneur de faire partie d’une des dernières productions de l’illustre Théâtre MOMENTUM!;

Les concerts avec Alvin Lucier et Pauline Oliveros au festival SIP 2015, un de nos favoris de tous les concerts que nous avons présentés avec ce grand-petit festival! Chaque moment avec Alvin était une poésie…;

La résidence fantastique avec Eliane Radigue en juillet 2017, qui a mené à la création de Occam Delta XV à Suoni en 2018, et à plusieurs reprises depuis;

Le printemps 2021, où nous avons enregistré en rafale les intégrales de Christian Wolff, Michael Oesterle, Tom Johnson et Bryn Harrisson (et les disques précédents consacrés à Linda Smith, Cassandra Miller et Ana Sokolovic!);

Tous les ateliers et concerts du Composer’s Kitchen depuis 2005;

Notre spectacle Innamorati, développé avec la formidable marionnettiste Marcelle Hudon.

Nous venons d’en présenter une 3e série avec le CAM en tournée, et ce n’est que le début!

Je regrette déjà ceux que je ne mentionne pas, mais il faut que je m’arrête avant d’écrire la biographie complète!

Alissa Cheung: 

Wigmore Hall 3 décembre 2022– intégrale des quatuors de Gerald Barry intercalé avec les œuvres de Cassandra Miller, Michael Oesterle, Claude Vivier et Tanya Tagaq;

Trip 12 novembre 2020 – inofficiellement notre concert de 20e anniversaire avec les œuvres de Christopher Butterfield, Cassandra Miller, Michael Oesterle, Thomas Stiegler et Jennifer Walshe;

Une idée sinon vraie 2019-2020 – musiques d’Ana Sokolović avec Marc Boivin, danse;

SIPFest 10 août 2018 – concert clôture d’une résidence avec des jeunes compositeurs.trices indonésien.nes

Clemens Merkel:  Question difficile, il y en a tellement. Bien sûr, certains programmes et projets se démarquent. Mais pour moi, ce sont les relations à long terme qui se développent sur de nombreuses années qui se démarquent. Pour n’en nommer que quelques-uns : Michael Oesterle, Jürg Frey, Cassandra Miller, mais aussi Ana Sokolovic, Jimmie Leblanc, Christian Wolff, Eliane Radigue et beaucoup d’autres. Je ne peux – ou ne veux – pas séparer l’art et la relation humaine. Il est tout aussi important pour le quatuor que nous accordions autant d’attention à une pièce d’un jeune compositeur dans un atelier qu’à une pièce d’un compositeur très connu avec qui nous travaillons depuis longtemps. Ce n’est peut-être pas le but de cette question, mais les relations interpersonnelles, en particulier avec les jeunes artistes, sont extrêmement importantes pour nous.

Stéphanie Bozzini: Nos projets multidisciplinaires qui ont toujours été initiés par des réflexions qui dépassent le cadre d’un quatuor à cordes en récital, qui nous poussaient et qui souvent nous faisaient nous aventurer sur des terrains inconnus, parfois dans des situations inconfortables (!), mais toujours dans l’idée d’avancer plus avant :Une idée Sinon vraie (danse), Innamorati (théâtre d’ombre, marionnettes), Ange Noir (théâtre), Musique de chambre noire, Les Petites Portes (vidéo), etc… 

Les concerts marathons, le premier étant l’Odyssée du Quatuor en 2001 au Théâtre La Chapelle, puis Wigmore Hall 2022, Aldeburgh Festival 2023, BBC dans la série Hear and Now en 2007 (qui a marqué toute une génération de jeunes compositeurs britanniques qui entendaient un quatuor qui jouait sans vibrato, dans une esthétique très dépouillée, et dont plusieurs se sont inspiré).

Nos concerts et programmes découlant de longues collaborations au fil des ans: Eliane Radigue, Jürg Frey, Michael Osterle, Martin Arnold, James Tenney, Alvin Lucier, Christian Wolff.

Programmer des compositrices et compositeurs d’ici pas beaucoup joués à l’international à travers notre rôle d’ambassadeurs de la création canadienne et québécoise: ex. Jimmie Leblanc à Gaudeamus aux Pays-Bas qui avait reçu un accueil vraiment favorable, est un exemple récent qui me vient en tête pour n’en nommer qu’un seul. 

Au niveau personnel, les projets / programmes où on a pu établir des liens très forts et durables avec nos collaborateurs. Ces échanges donnent toute une autre dimension au travail.

PAN M 360 : De quoi chacune et chacun d’entre vous êtes le plus fiers d’avoir accompli dans ce quatuor?

Isabelle Bozzini: Garder le cap, avec tous les aléas du métier, et les milles aspects à comprendre/apprendre pour mener sa barque. Maintenir le feu, pour chaque jour remettre l’ouvrage sur le métier avec plaisir. Apprendre la patience, entre nous et avec nos collaborateurs; la vigilance est de mise. Cultiver la curiosité et le sens du risque, pour permettre chaque petit miracle de la création!

Alissa Cheung: Les relations humaines et la communauté de tous nos collaborateurs.trices.

Stéphanie Bozzini: L’idée d’avoir créé un organisme. Presque au sens propre du terme, en constante mouvance, où chacun trouve sa place, où l’écoute est priorisée, où chacun s’adapte. On met nos forces en commun pour faire avancer notre mission. Être là l’un pour l’autre en temps de besoins. Fière d’avoir persévéré malgré les difficultés, les défis. Fière des liens qu’on établit et préserve entre nous, avec les gens qui nous soutiennent au bureau, et aussi tous les artistes et amis que nous avons rencontré au long des 25 ans. C’est très enrichissant.

Clemens Merkel:  Lorsque nous commençons notre carrière comme jeunes musiciens, nous ne savons jamais exactement où cela nous mènera. Le quatuor a donné une direction claire, c’est une tâche et aussi une obligation (peut-être une idée très allemande). Soit l’obligation envers mes collègues, envers les compositrices et compositeurs qui nous font confiance et nous donnent leur musique. Je suis très fier que nous ayons réussi à vivre et à survivre en quatuor dans un milieu ici au Québec et au Canada ou il y n’y a pas beaucoup ce qu’on appelle une « marché », tout ça en jouant la musique que nous jugeons importante. Jouer de la musique de Montréal, du Québec et du Canada en Europe, apporter de la musique d’Europe ici. C’est un corpus de travail qui s’est développé au fil des ans, qui se compose de nombreux éléments qui s’assemblent comme un grand casse-tête. Bien sûr, je suis fier de nombreux événements individuels, concerts, projets, mais après tant d’années, c’est en fait ce qui me remplit de satisfaction et en même temps me donne la motivation de continuer aussi longtemps que je le peux

PAN M 360 : Croyez-vous que ce concert de la Semaine du Neuf est le plus important de votre saison 25e anniversaire?

Clemens Merkel: C’est toujours le prochain concert qui est le plus important!

Isabelle Bozzini: Je suis assez d’accord avec Clemens…! C’est un concert-phare de nos 25 ans, mais nous avons choisi de célébrer sur toute la durée de 2025, parce qu’un quart-de-siècle ça se célèbre en grand, et parce que cette année nous avons une série d’événements particulièrement juteux. 

PAN M 360: Résumez-nous les concerts déjà présentés dans ce contexte et ceux qui viennent d’ici la fin de cette saison ? Il va sans dire, nous en reparlerons dans le contexte d’autres articles.
Isabelle Bozzini: Après Effusione d’Amicizia à la Semaine du Neuf, il y aura la création de l’opéra Hiroshima Mon Amour en coproduction avec Carte Blanche et Chants Libres au FTA, entrecoupé de plusieurs présences à des grands festivals allemands, Witten et Darmstadt. Un concert aux Suoni  Per Il Popolo (qui fête aussi son 25e!) avec Sarah Hennies. La création le 15 août à Time:Spans d’œuvres de Cassandra Miller, Zosha Di Castri et Taylor Brook, un grand projet de co-commande avec Le Vivier et Soundstreams (Toronto), œuvres qui seront données à Montréal en octobre et à Toronto en 2026. En septembre, un retour à Gaudeamus et une première présence à Musica Strasbourg, et encore bien plus. À suivre!

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