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Crédit photo : Luke Orlando
Après l’acclamé EP No. 1 et des mois de tournées, Pottery est passé d’un groupe un peu approximatif à une unité beaucoup plus soudée et précise, tout en demeurant toujours aussi fantasque. La somme des concerts donnés par le quintet montréalais a réellement fait une grosse différence, sur scène d’une part, et ensuite au niveau des compositions. Ce grand bond en avant, on le remarque sur le premier album complet du groupe, Welcome To Bobby’s Motel, paru il y a quelques jours. En onze titres (généralement) groovy, Paul Jacobs, Austin Boylan, Tom Gould, Peter Baylis et Jacob Shepansky touchent au funk, au dance-punk, au psychédélisme et au post-punk, quelques fois de manière désinvolte mais très souvent bien en voix, nous rappelant ici David Byrne et les Talking Heads, là Television, quelques fois XTC ou encore les Parquet Courts. Welcome to Bobby’s Motel est un disque touffu où les percussions occupent une place prépondérante. Un album souvent festif et ludique, tout à fait à l’image du quintet montréalais. Le guitariste et parfois chanteur de la formation Jacob Shepansky nous a rencontré pour nous parler de la création de l’album, de sa réalisation en compagnie du réputé producteur Jonathan Schenke (Bodega, Public Practice et Parquet Courts entre autres)… et de Bobby et de son motel.
PAN M 360 : Quelles sont les différences, si différence il y a, entre le EP No. 1 et Welcome To Bobby’s Motel ?
Jacob Shepansky : La différence, c’est qu’il s’agit de deux périodes distinctes du groupe. Nous avons enregistré No. 1 en 2016, je crois. Nous étions un tout nouveau groupe, affamé. Et nous avons aussi appris au fur et à mesure que nous avancions. Quand nous avons fait Welcome To Bobby’s Motel, nous avions déjà tourné un peu plus, et je pense que la tournée a beaucoup influencé le disque, de telle sorte que nous avons pu tester certaines des chansons que nous avons écrites pour Bobby’s Motel, nous avons pu les jouer en concert tous les soirs et voir celles qui avaient le plus de succès auprès du public.
PAN M 360 : Dirais-tu que Welcome To Bobby’s Motel est plus ludique que le EP No. 1?
JP : Je le crois, oui. Parce que nous l’avons fait en dix jours, alors que le No. 1 a été enregistré en deux jours. Nous n’avons donc pas eu beaucoup de temps pour expérimenter sur le premier, alors que sur celui-ci, nous avons indéniablement passé plus de temps à nous amuser et à expérimenter.
PAN M 360 : Avec des pièces comme Texas Drums Pt I II, Il semble y avoir plus de batterie sur ce nouveau disque.
JP : Oh oui ! parce que quand nous avons fait le premier disque, Paul (Jacobs) n’a pas eu le temps de faire tout ce qu’il voulait avec la batterie. C’est un très bon batteur. Il a grandi en jouant du death metal et des trucs comme ça, donc il a une bonne base.
PAN M 360 : Bien qu’il y ait beaucoup de trucs groovy sur l’album, il y a aussi différentes ambiances, des chansons plus douces comme Reflection ou Hot Like Jungle.
JP : Celles-ci, nous nous sommes forcés à les écrire parce que nous ne voulions pas que le disque ait la même ambiance tout le long, nous voulions aussi des choses plus sombres et plus lentes.
PAN M 360 : Comment a été conçu Welcome To Bobby’s Motel et qui est Bobby et où se trouve ce motel ?
JP : Eh bien, je crois que c’est nous qui avons essayé de contextualiser ce que nous avions fait. Nous avons essayé de mettre une image sur ces chansons. Nous sommes juste tombés amoureux de cette photo Face Swap d’Austin et de Paul, et c’est ce qu’est Bobby. Nous n’arrêtions pas de regarder cette photo tellement nous la trouvions drôle. Quand nous avons commencé à travailler sur la pochette de l’album, nous y revenions sans cesse. C’est comme si Bobby était la mascotte de toutes les chansons. Sauf que je ne me souviens pas qui l’a appelée Bobby… Peut-être que c’était Paul parce qu’il aime souvent inventer des noms. Mais je dirais que l’album est surtout né de cette folle nuit que nous avons passée dans un motel miteux en Californie, tous dans la même chambre minable avec rien d’autre à manger que des saucisses à hot-dog crues. Cela a beaucoup influencé la musique du disque. Au départ, nous avions prévu d’aller dans les bois et faire griller nos saucisses sur un feu de camp et prendre de l’acide, mais ça n’a pas marché et nous nous sommes retrouvés dans ce motel miteux à essayer de faire cuire nos saucisses sous l’eau chaude du robinet. Ça aurait pu être une mauvaise nuit, mais nous avons finalement passé un bon moment. Nous avons zoné près de l’autoroute, sous les lignes à haute tension, et nous nous sommes promenés, nous avons pris de la drogue… c’était génial ! C’est donc là qu’une partie du concept du Bobby’s Motel est apparue. Ce motel où nous étions est ce qui se rapproche le plus de ce que pourrait être le motel de Bobby.
PAN M 360 : Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec le réalisateur Jonathan Schenke ?
JP : Je fouillais dans mes disques pour voir qui les avait réalisés. J’ai vu que le Light Up Gold de Parquet Courts avait été réalisé par Jonathan Schenke et je me suis renseigné sur lui. Je me suis alors rendu compte qu’il avait touché à beaucoup de choses intéressantes. Nous avons discuté au téléphone, puis notre manager est allé le rencontrer à New York et il s’est avéré que c’est vraiment un gars très gentil. C’est le genre de type que nous voulions avoir avec nous en studio, un gars sympa avec lequel nous pouvions nous entendre. On s’est effectivement tout de suite bien entendu. Il comprenait d’où nous venions et nous avons compris quelles étaient ses intentions. On retrouve sa touche sur l’album, dans certaines subtilités de la production par exemple, mais il était surtout très bon à nous pousser afin d’obtenir notre meilleure prise, ou lorsque nous tournions en rond à essayer de faire une truc sur une chanson, à nous dire de laisser tomber et de passer à autre chose. Son influence a donc été importante. Il nous a aussi beaucoup appris sur le placement des microphones. Il était partout. Nous avons enregistré l’album ici à Montréal, aux studios Breakglass.
PAN M 360 : Que cherchiez-vous à faire avec Welcome To Bobby’s Motel, aviez-vous une intention quelconque ?
JP : Hum… non. Nous avions ces chansons et nous voulions simplement les offrir aux auditeurs. Tu sais, quand tu sors une chanson, elle ne t’appartient plus. C’est tout ce que nous voulions, mener à bien la production de ces chansons pour pouvoir passer à autre chose. Nous ne voulions pas y passer trop de temps, juste les enregistrer et les sortir, tout comme pour le disque sur lequel nous travaillons actuellement. Simplement faire un disque qui retrace une certaine période de notre vie.