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Airhaert est multi-instrumentiste, DJ, productrice et artiste visuelle. En février dernier, elle sort I. I. (Intuitive Intelligence), un album électro-ambient-techno aux textures granulaires qui vise l’enracinement, la méditation, et la découverte de choses enfouies profondément en soi-même. L’album est inspiré des nouvelles sciences de l’intuition, de la philosophie taoïste, et de différentes théories de guérison. PAN M 360 a profité de quelques instants de conversation après sa performance lors de l’Expérience 2 du festival MUTEK.
Crédits photo : Frédérique Ménard-Aubin
PAN M 360 : Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter rapidement votre parcours musical ? Comment le projet Airhaert est-il né?
Airhaert : À l’école primaire, mon programme était très axé sur la musique, en tant qu’activité parascolaire. Je me souviens que je n’aimais pas tellement la récréation, je préférais la musique. J’ai donc participé à la chorale, à l’orchestre de concert, à l’orchestre de jazz. Je participais à presque tout ce qui avait trait à la musique. Participer à toutes ces activités, jouer de tous ces instruments, de la flûte, du saxophone alto, et utiliser ma voix, ça a vraiment ancré cela dans mon être d’enfant. Maintenant, revenir à la musique me fait vraiment me sentir à la maison.
J’ai arrêté la musique lorsque je suis entrée à l’école secondaire (high school). Je voulais faire de l’art visuel. J’ai fait des études universitaires pour obtenir un baccalauréat en beaux-arts et, à la fin, je n’étais toujours pas sûre de ce que je voulais faire. J’ai touché à tous les médiums et à toutes les professions, j’ai travaillé comme vidéaste, photographe, graphiste, et même comme technicienne, et ce sont toutes des choses que je pensais vouloir poursuivre. Mais toutes ces choses tournaient autour du fait d’être une artiste. Au cours de mes dernières années d’études, j’ai commencé à intégrer du son dans mes installations. Lorsque j’ai découvert le DJing, il y a 8 ou 9 ans, cela m’a vraiment ouvert l’oreille et m’a propulsée vers une compréhension approfondie de la musique électronique et d’autres genres. J’ai également essayé la production, en marge du DJing, mais ce n’est que depuis trois ans environ que je me sens suffisamment en confiance dans le studio pour produire des morceaux solides. Évidemment, il y en a toujours plus à apprendre. Et puis, déménager à Montréal il y a environ 8 ans a été une source d’inspiration, car il y a une énorme communauté d’artistes à laquelle je peux m’identifier, des artistes qui poursuivent des intentions internationales comme moi.
PAN M 360 : Vous avez récemment sorti un album intitulé I. I., qui signifie Intuitive Intelligence. Pouvez-vous nous dire ce que cela signifie pour vous ?
Airhaert : J’ai été très inspirée par le livre Body of Health, de Francesca McCartney. Elle a écrit sa thèse de doctorat sur l’intelligence énergétique intuitive. Cela signifie que l’on peut se soigner soi-même et utiliser le son, ainsi que l’esprit et l’énergie aurique, pour guérir des endroits à l’intérieur de soi et former son espace mental et physique. C’est assez complexe, alors j’essaie de le résumer.
PAN M 360 : Et comment ces notions se traduisent-elles dans votre travail ?
Airhaert : J’ai eu une année entière pour travailler sur mon album, parce que j’ai obtenu une bourse dans le cadre du programme Jeunes volontaires d’Emploi-Québec, qui ont été inspirés par le fait que je voulais fusionner la musique de guérison et la musique électronique, et qui aimaient l’idée de partager ces idées dans le monde. Alors, comment j’ai utilisé ces notions : J’ai commencé par les chakras, parce que l’autrice du livre parle de comment ils ont chacun des fréquences différentes. En focalisant sur le son et en méditant dessus, cela peut changer les choses dans notre monde intérieur. Dans mon travail, j’ai essayé d’utiliser chaque chanson de l’album comme un chakra différent. Pour chaque chanson, j’ai donc accordé tous les instruments à la tonalité correspondant au point de chakra sur lequel je me concentrais. J’ai également utilisé des instruments du domaine de la guérison par le son, comme un bol chantant. Je ne l’ai pas apporté sur scène, mais j’ai quand même utilisé ses enregistrements, car c’est un instrument très fragile.
PAN M 360 : Quels sont les sons que vous aimez le plus utiliser ? Y a-t-il des sons qui vous obsèdent ?
Airhaert : C’est difficile à dire, parce qu’il est si facile de mettre quelque chose en boucle, et que ça devienne alors très répétitif et obsessionnel. Mais j’essaie toujours d’utiliser la voix. J’aime beaucoup la voix en tant qu’élément, qu’elle soit utilisée comme pad ou comme voix réelle, pour chanter ou dire des choses.
PAN M 360 : Que ressentez-vous lorsque vous faites de la musique ?
Airhaert : Ouf, c’est tout un défi à déterminer! Ma musique, je l’ai créée, donc je connais tous les détails et le travail acharné qui y ont été consacrés. Et je l’ai écoutée tellement de fois, surtout pendant les phases de mixage et de mastering, que je l’ai mise de côté pendant longtemps. J’ai arrêté de l’écouter complètement pendant un moment. Donc, à l’époque, je me disais « Oh mon dieu, je suis contente que ce soit fini ! », mais maintenant, en le réécoutant, j’ai l’impression que c’est plus méditatif pour moi.
PAN M 360 : Les thèmes que votre musique explore peuvent être considérés à la fois comme très académiques et très instinctifs. Vers quel côté penchez-vous?
Airhaert : Je suis plutôt du genre à sentir les choses comme elles viennent et à faire les choses de manière intuitive. Je pense que cette année entière passée à faire l’album m’a vraiment permis d’utiliser ce muscle qu’est l’intelligence intuitive. Mon travail est davantage basé sur l’intuition, même s’il comporte de nombreux aspects techniques que je ne perds pas de vue. Mais l’essentiel était d’utiliser ce muscle intuitif et de l’entraîner tout au long de l’année. Et maintenant, je l’ai!
PAN M 360 : Génial ! Merci Airhaert !