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Il fallait entendre les cris de support lancés aux différents groupes qui se sont disputés la palme du concours musical en musique du monde organisé depuis 16 années maintenant par les Productions Nuits d’Afrique. Votre humble serviteur, qui était également d’office comme animateur de la soirée des finales données au cabaret La Tulipe jeudi dernier, a bien essayé de donner la chance aux deux autres bands d’être accueillis aussi puissamment : rien à faire, la Tribu Nation était une bonne coche au-dessus de la concurrence en termes de décibels.
Heureusement pour l’harmonie universelle entre fans et critiques, les cinq membres du jury ont acquiescé et fait pencher la balance dans la même direction.
Résultat : le groupe ultra-festif, formé il y a à peine 18 mois, et dont l’alignement final n’a été déterminé qu’il y a cinq petits mois, est devenu le nouveau porteur du flambeau du Syli d’or. Rencontre avec ce groupe qui se veut un phare de la salsa pan-latine.
Pan M 360 : Bonjour à tous! Nous sommes vendredi, lendemain de victoire. Comment vous sentez-vous? Encore excités? Fatigués?
La Tribu Salsa Band : (Patricio Garcia – guitare) Très excité encore, bien sûr, mais également fatigué. Je suis ingénieur dans la vie, et je suis rentré au travail comme d’habitude. Nous sommes plusieurs comme cela, et nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour absorber tout cela et relaxer un peu…
Pan M 360 : Vous êtes tous musiciens depuis longtemps?
La Tribu Salsa Band : La plupart d’entre nous sommes musiciens depuis longtemps. Pour ma part, je joue la guitare depuis mon adolescence
Pan M 360 : Comment vous êtes-vous rencontrés et comment avez-vous lancé La Tribu Salsa Band?
La Tribu Salsa Band : Ça a commencé en 2021. Nous étions quelques-uns à vouloir nous amuser et nous nous sommes mis à jouer juste pour le plaisir au le parc Jarry. On faisait la fête, en toute simplicité, mais Eduardo (Ramirez, le leader du groupe) a voulu que l’on recommence plus souvent et qu’on en fasse quelque chose de plus sérieux. On s’est rencontrés plus souvent et, de fil en aiguille, le groupe s’est élargi. On a donné un premier spectacle, la réponse fut très bonne, d’autres se sont joints et, finalement, le plus récent membre, José, est arrivé il y a cinq mois et ça s’est cristallisé avec nos 12 membres spécifiquement pour le concours.
Pan M 360 : Êtes-vous tous spécialistes de la salsa?
La Tribu Salsa Band : Non, nous venons de plusieurs styles très différents. Certains viennent du rock, d’autres de la pop, du jazz ou du traditionnel. Mais dans la culture latina, la salsa a quelque chose d’éminemment rassembleur. Que l’on soit du Venezuela, de la Colombie, de Puerto Rico, etc., comme c’est le cas ici, nous sommes tous liés à cette musique. Elle est dans notre ADN. Jose par exemple vient du jazz, il est arrivé à Montréal spécifiquement pour faire sa Maîtrise à McGill. Mais pour lui, jouer de la salsa est comme un retour aux sources.
Pan M 360 : Comment cimentez-vous votre répertoire entre pièces du répertoire classique et nouvelles compos?
La Tribu Salsa Band : La vérité, c’est que nous avons commencé en ne faisant que du traditionnel. Mais les Sylis d’or nous obligent à jouer au moins trois pièces originales. Nous avons dû pousser beaucoup plus loin notre maîtrise de la musique et des codes. Il a fallu apprendre des passages que nous ne connaissions pas car on venait de les inventer. Ce fut exigeant, parfois difficile (très difficile!), nous avons multiplié les répétitions, jusqu’à trois fois par semaine même si nous sommes tous occupés à beaucoup d’autres choses dans nos vies! Mais de toute évidence, l’exercice en valait la peine.
Pan M 360 : Vous dites représenter le style de la Salsa brava (qu’on connaît aussi sous le nom de salsa dura ou gorda). Qu’est-ce que c’est exactement?
La Tribu Salsa Band : Il y a différents types de salsa. La romantique, la cubaine, la portoricaine. La brava vient avant toutes celles-ci. C’est comme la grande salsa classique, celle des années 1960 à 1980. Les lignes instrumentales, avec force cuivres, piano, guitares, percussions, etc., sont mises de l’avant avec puissance. Elle a du punch, et la basse est puissante. Elle est née à New York, et a été portée par des artistes et ensembles légendaires comme le Spanish Harlem Orchestra, Oscar D’Leon, Jimmy Bosch… C’est une musique qui est également au carrefour du traditionnel et de l’urbanité. C’est la trame sonore du Golden Age de la salsa!
Pan M 360 : Un autre groupe de salsa a compétitionné cette année, l’Orchestra sabor 19, de très bonne qualité également. Est-ce un signe que la scène salsa montréalaise est en bonne santé?
La Tribu Salsa Band : Je constate une évolution très marquée depuis deux ou trois ans. Il y a de plus en plus de groupes qui sont de plus en plus solides. Puis, il faut dire qu’il y a aussi une communauté de danseurs et danseuses latino de plus en plus forte ici. La musique salsa va de pair avec la danse, c’est inséparable! Je trouve que c’est très positif en ce moment.
Pan M 360 : Avez-vous suffisamment d’occasions de jouer? Suffisamment de lieux pour vous accueillir?
La Tribu Salsa Band : (Patricio) Pour les occasions, c’est plutôt bon. Il y a de nombreux ateliers et académies de danse en ville. Nous sommes appelés pour animer des soirées, et le public est au rendez-vous. Et puis des endroits comme La Casona offrent une programmation régulière de musique latine, ou encore la Petite marche. On a aussi joué au Quai des brumes et d’autres places du genre. Le défi par contre, c’est que notre orchestre (comme la plupart des ensembles de salsa) est volumineux. Nous sommes 12! Sur certaines scènes, nous sommes pas mal serrés! Jouer à La Tulipe hier soir était un véritable luxe d’espace. (Jose) On se crée de nouvelles opportunités également. Notre communauté de fans (la Tribu Nation) fait grandir l’engouement et crée de la demande pour que nous soyons engagés!
Pan M 360 : Quels projets à partir de maintenant?
La Tribu Salsa Band : Nous voulons compléter et solidifier notre répertoire, pour ensuite faire un enregistrement, en ajoutant de nouvelles compositions. Nous voulons nous faire bien connaître sur la scène montréalaise, mais commencer à sortir. Le Syli d’or nous donnera d’ailleurs nos premières possibilités avec des engagements dans des festivals un peu partout au Québec. Et puis, un rêve : dans quelques années, nous aurons créé le Festival international de la salsa de Montréal!
Pan M 360 : Quel message pour les groupes qui aimeraient se présenter à la compétition?
La Tribu Salsa Band : (Jose) Travaillez fort! Soyez responsables, sérieux et focalisés sur l’objectif. Le Syli nous a obligé à pratiquer, pratiquer, pratiquer. Ça fournit une motivation pour s’améliorer comme jamais. Sinon, on serait peut-être resté dans notre sous-sol collectif. Mais préparez-vous à suer! (Patricio) Ayez du fun et restez optimistes! On était parfois découragés, mais la passion de faire cette musique nous a tenu. Ça peut faire bouger des montagnes.
Pan M 360 : Merci!