Bienvenue au Zayon, le paradis de FouKi

Entrevue réalisée par Jacob Langlois-Pelletier
Genres et styles : rap / rap keb

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Plus de deux ans après Grignotines de Luxe, FouKi revient à la charge avec son quatrième opus, Zayon. Dans son nouvel ouvrage, le rappeur québécois emmène ses auditeurs au cœur du Zayon, paradis fictif qu’il a créé de toutes pièces.

Encouragé par la pandémie, l’artiste de 26 ans agit pour la première fois en tant que compositeur principal. Bien sûr, d’autres producteurs aguerris de la scène montréalaise tels que QuietMike, Ruffsound et Jay Century ont aussi participé à l’ouvrage. Le projet bénéficie aussi de la collaboration d’artistes comme Imposs, P’tit Belliveau, Swing et Primero.

Ce quatrième long format est somme toute solide. Si certains ont été quelque peu déçus au cours des dernières années du virage pop du Montréalais, ils seront heureux de découvrir que cet opus offre de bons couplets rap davantage introspectifs que par le passé. Les productions y sont soignées et démontrent clairement l’envie de l’artiste de complexifier son art afin de se démarquer davantage. Même s’il conserve sa signature – une musique chaleureuse, qui fait sourire et bouger – il y dévoile aussi un côté plus sombre.

Crédit photo Félix Renaud

PAN M 360 a discuté avec lui de son nouveau projet et de son processus créatif.

PAN M 360 : C’est la première fois que vous agissez en tant que principal compositeur d’un de vos projets. Comment la création de Zayon s’est-elle déroulée?

FOUKI : La majorité de la création de l’album a été faite pendant la pandémie. Ça m’a permis d’avoir davantage de temps pour travailler mes propres productions. Pendant un bon bout de temps, ce n’était pas vraiment possible de faire des sessions en studio avec plusieurs personnes. Je ne voulais pas dépendre des autres et toujours leur demander des beats, donc j’ai décidé de mettre la main à la pâte. J’aimais vraiment ce que je créais et j’ai réussi à construire de solides maquettes de plusieurs chansons. Quand on a été en mesure de recommencer à travailler en groupe, mon équipe et moi avons peaufiné les arrangements musicaux et réalisé le mixage. Je suis vraiment très content de Zayon, autant au niveau des paroles que des productions.

PAN M 360 : Est-ce plus facile pour vous de créer sur vos propres productions?

FOUKI : Je dirais que ça dépend. Si je suis inspiré, je vais être en mesure de créer sur une production, que ce soit la mienne ou celle de quelqu’un d’autre. Cependant en créant mes propres beats, ça me permet de faire moi-même tous les changements que je souhaite apporter. Le gros avantage, c’est de pouvoir tout retravailler dans les productions quand on n’est pas satisfait.

PAN M 360 : Comment votre nouveau projet s’inscrit-il dans votre discographie, aux côtés de Zay, ZayZay et même Génies en herbe?

FOUKI : Je vois cet album comme étant une nouvelle page de ma carrière. C’est toujours du FouKi ça c’est certain, mais je trouve qu’on a pris un step autant dans les textes, les mix et les productions. On a vraiment travailler plus fort les chansons qu’à l’habitude et on a été davantage consciencieux des détails. Selon moi, c’est un ouvrage plus poussé que mes précédents. Ce n’est pas nécessairement tout le monde qui va s’en rendre compte, mais nous on le sait. Quand les gens vont écouter Zayon, ils vont se dire « Wow c’est un bon album » sans nécessairement se dire que telle chanson est le hit de l’année aux dépens des autres titres. C’est un ensemble de chansons qui est solide du début à la fin. Il y a aussi deux lignes directrices dans l’album, une plus happy et une plus dark qui se suivent tout le long. J’aime apporter ces deux côtés dans mon projet. Je sais que je suis plus connu pour mon côté joyeux et pour des titres comme Gayé, mais c’est un album pandémique. Je trouve ça important que le monde voit que même moi, un rappeur qui dit des « niaiseries », je me pose beaucoup de questions comme tout le monde.

PAN M 360 : Ça ressemble à quoi Le Zayon?

FOUKI : La chanson Zayon est la première que j’ai créée pour l’album et l’ambiance du projet s’est orchestrée autour. Le Zayon c’est un paradis fictif. Pendant la pandémie, on était tous coincés dans nos maisons, donc je me suis dit que j’allais créer mon propre monde idéal. C’est vraiment ça l’idée derrière Le Zayon. Après ça, le contraste entre les chansons joyeuses et celles plus sombres m’est venu à l’idée en ayant comme réflexion que même au paradis, les choses ne peuvent pas toujours être parfaites. Le Zayon c’est vraiment mon paradis personnel, et maintenant le but c’est de le montrer à tout le monde et en quelque sorte les inviter au cœur de cet endroit fictif.

PAN M 360 : Est-ce que Le Zayon c’est l’endroit où FouKi se sent à l’aise pour créer?

FOUKI : En quelque sorte c’est peut-être ça, mais je veux toujours me renouveler et faire différent. Ma plus grande peur, c’est de devenir une copie de moi-même et de me dire que je dois refaire une chanson comme Gayé, Copilote, ou Ciel. Ça serait la pire chose pour moins. En ce moment je suis peut-être à l’aise avec Zayon, mais je ne sais pas ce qui m’attend.

PAN M 360 : Comment est né No Stress, cette collaboration avec Swing et Primero?

FOUKI : Je connais Swing et Primero de L’Or du Commun depuis un bon moment déjà. Ça fait plusieurs fois qu’on passe d’un temps ensemble soit en Belgique ou au Québec. Cette collaboration s’est faite naturellement, ça n’a pas été forcé. Je n’ai pas collaboré avec eux seulement pour collaborer avec des artistes européens. La chanson est le fruit d’une session d’enregistrement avec eux. À ce moment, on ne savait pas si ce qu’on créait était pour mon projet, le leur. On ne savait même pas si ça allait sortir, on le faisait pour le fun. J’ai adoré le résultat final et j’ai décidé de l’ajouter à Zayon.

PAN M 360 : Quelle place occupe le morceau St-Han Quinzou avec P’tit Belliveau dans ce projet?

FOUKI : C’est la chanson décalée de l’album, il n’y en a pas d’autres comme elle dans Zayon. Depuis quelques années, je participe aux spectacles de la St-Jean-Baptiste et j’ai l’impression qu’on chante toujours les mêmes chansons. On dirait que ça ne se fait plus ce genre de musique. Je me suis dit que ça serait bien d’en créer une nouvelle qu’on pourrait chanter à tue-tête le 24 juin.

PAN M 360 : Quel morceau de Zayon aviez-vous le plus hâte de faire découvrir au public?

FOUKI : C’est assez dur de choisir un morceau en particulier. Je pense que je dirais St-Han Quinzou parce que je n’ai jamais entendu un harmonica qui trap autant et pour le côté atypique de la chanson. Sinon, je choisirais le titre 80’s. Ce n’est pas pour rien que je l’ai sorti avant l’album, je l’aime beaucoup. La chorale et la production musicale dans ce morceau sont incroyables. Avec 80’s, on a réussi à pousser plus loin et à atteindre un autre niveau. J’ai surtout hâte que les auditeurs entendent l’album dans son entièreté.

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