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En octobre 2020, Amay Laoni et son acolyte Étienne Chagnon sortent Le Tournant. Succès confirmé, on attend la suite. Mais pour les deux artistes, l’enregistrement reste incomplet. Ainsi, le 27 août dernier, le tandem sort Le Tournant (Deluxe), electronic dance music (EDM) de très bon niveau et paroles introspectives, avec quelques surprises en prime. Cette nouvelle version offre six nouvelles chansons; collaborations avec Fanny Bloom et Marie-Mai, remaniements de morceaux déjà rendus publics. Ce nouvel opus sera présenté dans son entièreté aux Francos ce dimanche 12 septembre au Parterre symphonique dans le contexte des Francos.
En pause avant le grand spectacle, Amay Laoni s’entretient avec PAN M 360.
PAN M 360: Le tournant (Deluxe) est une nouvelle version de l’album Le tournant sorti plus tôt en 2020. À quoi peut-on s’attendre de nouveau sur ce remaniement?
AMAY LAONI: le Deluxe est un ajout de six chansons à l’album précédent. On se cherchait un projet pour la pandémie. À la place de faire un autre album, on a décidé de célébrer Le tournant avec six nouvelles chansons. Ça nous a permis d’expérimenter avec plusieurs idées qu’on n’avait pas eu le temps de mettre en place avant la sortie initiale. Ça nous permet aussi de remettre l’album en lumière grâce aux collaborations dans le projet.
PAN M 360: Mais pourquoi mettre ces collaborations dans un album déjà sorti et ne pas attendre pour un autre?
AMAY LAONI: Bonne question! Pourquoi donc? Parce qu’ Étienne et moi, on aime agir vite quand on a une idée. On a procédé de cette façon parce que c’était l’inspiration qu’on avait au moment même. Je ne peux pas dire que les choses auraient été pareilles si on avait attendu quelques mois. Je me disais aussi que c’était intéressant d’ajouter au tournant quelqu’un comme Marie-Mai qui est généralement très occupée. Grâce à la pandémie, on a eu l’opportunité de travailler avec elle. Je suis quelqu’un de très spirituel et je sentais que les étoiles étaient alignées pour retravailler sur Le tournant. Je ne crois pas qu’il y aura un problème à inviter encore des gens pour un album futur. J’aime toujours écrire de nouvelles chansons!
PAN M 360: il s’agit de votre deuxième album avec votre complice/producteur Étienne Chagnon, comment faites-vous pour vous séparer les tâches musicales?
AMAY LAONI: Ça dépend des chansons. Lors du premier album, Sa couleur, je composais la plupart des pièces avec des ébauches plus ou moins claires. Après, on a changé beaucoup de choses en studio. On inversait des accords et je réécrivais des bouts de textes. Pour notre deuxième, c’était un processus beaucoup plus mélangé. Si on prend par exemple la chanson Arbre; j’ai écrit toute la chanson de mon côté avec mes petits beats. Étienne l’a reprise et l’a totalement changée. Ce n’était plus du tout le même morceau! Pour d’autres, mon partenaire travaillait de son côté et composait un accompagnement musical complet. Moi je prenais cet arrangement préconstruit et j’y ajoutais une mélodie ainsi que des mots. On opère souvent avec ces deux méthodes qui fonctionnent bien. Elles apportent des éléments différents. Travailler sur une chanson déjà commencée me donne l’impression de rentrer dans le cerveau de quelqu’un et de voir comment cette personne voit la musique. Le mélange de ces techniques amplifie vraiment la qualité de nos pièces.
Le seul instrument que je joue un peu, c’est du piano, mais vous ne voulez pas m’entendre jouer! Je peux jouer quelques accords, mais mes arrangements se font avec ma voix. Au final, c’est ça mon outil musical. Étienne est un multi-instrumentiste, il peut jouer de tout. Dans le monde de l’électro et du EDM, il y a plusieurs producteurs qui ne jouent pas vraiment avec des instruments traditionnels. Ceux-ci vont plutôt travailler avec des morceaux déjà écrits et les retravailler. C’est évidemment un processus hyper créatif, mais ce n’est pas notre méthode. Étant donné qu’il possède une formation de pianiste jazz et qu’il joue d’à peu près tout ce qui est possible, il ajoute un regard de musicien plus classique à nos chansons. C’est aussi lui qui s’occupe de tous les travaux de programmation qui donnent notre style.
PAN M 360: Pour un album de synth-pop, Le tournant (Deluxe) contient beaucoup de textes émotifs parlant de relations personnelles complexes. Comment expliquez-vous ce thème?
AMAY LAONI: C’était le but au départ! On peut comparer ça à de la poésie du dancefloor. Ce thème c’est le déclic qui m’a permis d’aller dans cette direction. J’aime énormément les chansons à textes profonds. C’était l’occasion de mélanger les rythmes et le mot. L’album de Stromae, Racine Carrée m’a fait comprendre que c’était possible d’avoir des sujets d’introspection et de contemplation dans un album dansant. Ce n’est pas pour dire qu’on ne le voit pas dans le synth, juste que c’est moins courant. Pourtant, ces thèmes sont vraiment importants pour moi. J’aime me voir grandir et devenir un meilleur être humain qui fait de meilleurs choix. La conscience, en tout cas la mienne, passe beaucoup par l’introspection. C’est une chose qui m’inspire beaucoup. Notre sujet le plus exploré, c’est l’amour. Il s’agit d’une chose qui peut être difficile ou plus intense. Mais quand j’en parle en chanson, je raconte l’histoire de quelqu’un d’autre. Ça fait 15 ans que je vis une histoire d’amour avec Étienne. Mon quotidien et ma vie ne constituent pas une relation torturée et déchirée. Certains artistes ne peuvent pas travailler lorsqu’ils sont heureux. C’est dur d’aller puiser l’inspiration autrement. Ça fait des années que je travaille là-dessus. Mais cette inspiration et ces sujets, c’est quelque chose que j’ai envie de léguer.
PAN M 360: Comment avez-vous trouvé l’expérience de collaborer avec des artistes tels que Marie-Mai ou Fanny Bloom?
AMAY LAONI: Je voulais absolument faire des collaborations féminines! Pour moi, Fanny Bloom et Marie-Mai sont deux extrêmes qui se ressemblent. Je suis très à cheval sur le style de ma musique et ça m’intéressait d’y ajouter ces deux styles. Fanny et moi on a beaucoup plus en commun qu’on pensait. On a connecté: Que ce soit dans notre amour de styles communs ou plus nichés. Comme moi elle aime vraiment les chansons accrocheuses. Les deux on a travaillé ensemble pour Je ne te connais pas. Je lui ai proposé un début de mélodie et elle a commencé à écrire un texte là-dessus. Je relisais et offrais une suite. On a tout fait à distance, avec Étienne qui faisait la production.
Pour Marie-Mai c’était plus spécial. Nous avons une connexion artistique et philosophique. On est amies depuis des années. On échange ensemble depuis des années. La pandémie nous a motivés à finalement écrire une chanson ensemble. Et d’exploiter ce côté qu’on a en commun. Sous les rivières parle de quand on se retrouve seul avec soi-même. C’est une pièce qui essaie d’expliquer ce qui se passe quand on essaie de comprendre notre tumulte intérieur. Encore une fois, on a travaillé en étapes. Par contre, on a enregistré sa voix dans son salon. Malgré son horaire intense, on a trouvé un moment pour faire ça ensemble.
PAN M 360: Vous présentez Le tournant (Deluxe) aux Francos ce dimanche. Pas trop de trac?
AMAY LAONI: Tout le monde me demande ça! Je ne pense pas avoir peur. J’ai surtout hâte. Ce spectacle, on l’a partiellement présenté à mon lancement, il y a deux semaines. J’étais accompagné d’un batteur et d’un bassiste, sans oublier Étienne. C’est du feu! Je suis confiante et j’aime les chansons qu’on présente. Je vais avoir du plaisir et me connecter à un public qui attend depuis très longtemps un spectacle. C’est avant tout une célébration. Je me sens à ma place.
PAN M 360: Pourtant il s’agit d’un album assez complexe. Comment allez-vous le reproduire live?
AMAY LAONI: Eh bien, grâce à la technologie! On va être accompagné de séquences automatiques, de synthés et de deux musiciens de plus. La version en direct va se démarquer un peu. Je ne voulais pas faire un copier-coller de mon album. Il y a plusieurs ajouts intéressants qui sont plus funk, plus dansant et plus intense. Grâce à nos deux musiciens en plus, Max Bellavance et Alex Lapointe, on peut se permettre ces rythmes qui font danser.
PAN M 360: En trois ans, vous avez accumulé 2 millions d’écoutes et un passage aux Francos. Sans mauvais jeu de mots, pouvez-vous expliquer ce tournant?
AMAY LAONI: C’est bien choisi comme expression! Il n’y a pas de chansons qui s’appellent Le tournant. C’est plus une idée centrale. Pour moi, les mots sont forts de sens. Il faut faire attention aux mots qu’on emploie et au sens qu’ils projettent. Ils ont une résonance. Le titre de l’album a aussi une résonance. On a pris ce nom parce qu’on voulait que ce soit un tournant dans ma carrière. Je ne pensais pas que le tournant soit aussi une pandémie, mais ça, c’est une autre histoire. Je me suis un peu inspiré de Loud qui a appelé son premier album Une année record, un titre prophétique.
On peut dire que tout s’est passé en trois années, mais pour de vrai il y a plus de dix ans de travail. De longues périodes d’essai et d’erreurs qui parfois n’aboutissent pas. C’est le travail bien fait et raisonnable qui a donné un résultat. Je suis aussi entouré d’une excellente équipe de marketing qui m’aide à développer de nouvelles connexions en France. Je me sens bien. L’avenir nous le dira, mais pour l’instant je me sens bien positionné.