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Événements passés et à venir
Crédit photo : JF Galipeau
Depuis leur formation en 2013, les Deuxluxes ont développé une image et un son qui leur est propre. Composé de la chanteuse et musicienne Anne Frances Meyer et du multi-instrumentiste Étienne Barry, la paire avait déjà fait tourner bien des têtes avec son garage-pop coloré ainsi que son style kitsch et provocant, avant de faire paraître un premier album, Springtime Devil, en 2016.
Depuis, les Deuxluxes enchaînent les spectacles à Montréal et à travers le monde. Des voyages qui leur ont permis de découvrir, apprendre et emmagasiner toutes sortes de sons, d’histoires, d’anecdotes, de bons et de mauvais coups, et bien d’autres péripéties… Des aventures qui ont servi de carburant pour Lighter Fluid, leur deuxième effort. « Depuis que l’album est sorti il y a quatre ans, nous avons tourné un peu partout dans le monde, on a été confrontés à des réalités bien différentes des nôtres, on a rencontré des gens fascinants qui nous ont appris beaucoup, notamment en Amérique latine et à Cuba, où on a donné treize concerts en seize jours. Donc pour ce nouvel album, on a assimilé puis décortiqué toutes ces expériences de vie, des expériences parfois bizarres, absurdes, psychédéliques », précise Étienne Barry.
Divin studio
Pour poursuivre dans le domaine de l’aventure, le duo a choisi d’enregistrer son nouvel album dans une petite église des Cantons- de-l’Est, et non, ce n’est pas celle ayant appartenu aux Arcade Fire. « Tout le monde nous demande ça », rigole Anne Frances Meyer. « C’était une église un peu plus obscure, dans le coin de Sutton, un bâtiment qui date du XIXe siècle mais qui a un côté étrangement avant-gardiste, un peu moderne. Les ornements sont tous faits à la main, les vitraux sont très colorés, avec un côté champêtre un peu psychédélique. » « On est vraiment tombés sous le charme de cette église, rajoute Étienne Barry. C’est un endroit magique, très inspirant, niché en haut d’une colline. Nos nouvelles chansons avaient déjà une saveur psychédélique et franchement tout l’endroit semblait coller avec l’esprit qu’on cherchait à donner au disque ».
Lighter Fluid, sorti le 28 février, n’est donc pas un album conçu comme la plupart des autres. Pour ce disque, les Deuxluxes se sont un petit peu compliqué la vie. « On se complique souvent la vie », lance spontanément Anne Frances en pouffant de rire. « C’était aussi une question économique », insiste plus sérieusement Étienne. On n’avait pas les moyens de se louer un studio à 500 $ par jour, et comme tout est à nos frais, on a exploré d’autres options. Donc il y avait cette église pas très loin d’où mon père a un chalet. Elle nous intriguait, alors on est allés la visiter un jour et on a beaucoup aimé l’énergie qui s’en dégageait. On a ensuite bien vérifié si l’acoustique était bonne, si tout était solide et en place, surtout l’électricité ! »
Messe psychédélique
Enregistré en une dizaine de jours, Lighter Fluid a été réalisé par le binôme et son éternel complice Francis Duchesne. « On a vraiment mis l’accent sur les guitares et un mur d’amplis pour se gâter. C’était une sorte de messe ou de cérémonie à chaque session. On arrivait avec des fleurs qu’on avait cueillies, on faisait brûler de la sauge, comme un hommage à ce temple », détaille Anne Frances. « Je pense que c’est plutôt au niveau de l’acoustique que cet endroit a joué un rôle », poursuit la chanteuse. « C’est assez particulier, avec toute ces boiseries à l’intérieur, la forme de la salle. Ça, c’est l’élément qu’on n’avait pas planifié et qui au final donne cette sonorité assez unique à l’album. La réverbération est impressionnante ! »
Sur cette nouvelle offrande de onze titres, le binôme a voulu sortir un peu plus de sa zone de confort. D’où le titre en quelque sorte. « L’idée derrière cet album était un peu de crisser l’feu. Ce sont des chansons qui nous ont donné du mal lors de leur création. Chaque morceaux était pour nous comme un petit casse-tête ou un labyrinthe », admet le multi-instrumentiste moustachu. « Donc Lighter Fluid nous semblait approprié. Et puis on en a utilisé du lighter fluid là-bas pour allumer ce qu’on avait ramené de la SQDC ! (éclat de rire général). Ce titre a aussi un aspect métaphorique, comme le carburant pour mettre le feu, car il y a un certain côté politique ou engagé à l’album », concède Étienne Barry qui admet dans la foulée que c’est aussi un disque plus expérimental.
Outre les deux chansons en français, une autre en espagnol et un chouette clin d’oeil aux Stooges avec le medley Down On The Street/Loose que le groupe a souvent joué en concert, les Deuxluxes ont non seulement opté pour un changement de décor, mais aussi pour un léger changement de sons. « On a exploré différentes sonorités, j’ai utilisé différentes guitares sur ce disque, notamment une douze cordes. ‘Y a aussi un peu de flûte traversière, un instrument qu’Anna joue depuis qu’elle est toute petite mais qu’on n’a jamais intégré à notre musique. L’idée était de retourner à nos sources, de demeurer strictement un duo, car sur le premier disque on avait des invités qui venaient jouer un peu de basse, de batterie… Donc l’objectif était de faire comme en spectacle, à deux sur scène, tout simplement. Moi à la guitare et à la batterie simultanément, et Anna à la voix et à la guitare aussi. On est une petite unité très efficace et c’est ce qu’on a essayé de démontrer sur ce disque, en poussant le concept le plus loin possible ». « On a été dans toutes sortes de directions », renchérit Anna Frances. « On a utilisé des rythmes différents, avec des modes au lieu de gammes… bref ç’a donné un mélange assez intéressant. On l’a essayé live à quelques reprises histoire de briser la glace et de s’entraîner un peu pour la tournée qui arrive, et c’est… hum… c’est beaucoup de notes ! »
Les Deuxluxes
Lighter Fluid
(Bonsound)
Sorti le 28 février 2020.