C’est l’heure du conte avec Vendôme!

Entrevue réalisée par Jacob Langlois-Pelletier
Genres et styles : folk / pop / psychédélique / rock

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Le band montréalais Vendôme présente ce vendredi 5 mai son premier album, La fable de la grenouille dorée, une véritable aventure musicale débordante d’énergie et de refrains accrocheurs. PAN M 360 s’est entretenu avec le quatuor composé de Cédrik St-Onge, Marc-Antoine Beaudoin (Marco Ema), Tom Chicoine et Bruno St-Laurent au Café Chat L’Heureux à Montréal afin d’en savoir plus sur leur cheminement depuis leur parcours jusqu’en demi-finales aux Francouvertes en 2021 et la création de leur long jeu.

En 2017, les quatre protagonistes se sont rencontrés au Festival international de la chanson de Granby et c’est à ce moment que Vendôme est né. Dans leur nouvel opus, ils racontent l’histoire de la grenouille dorée, un amphibien singulier dont ils ont fait la connaissance lors d’une sortie en chalet et qui les a suivis depuis. Tout au long du projet, les membres du groupe tentent de la protéger face au monde extérieur. Composé de onze pièces, ce nouvel album se dévoile comme une métaphore des membres de la formation qui font de leur mieux pour préserver leur cœur d’enfant tout en grandissant dans l’industrie musicale québécoise.

Pour la création de La fable de la grenouille dorée, tous les membres du groupe ont mis la main à la pâte, ce qui a donné vie à un mélange de titres qui explorent des sentiers pop, rock classique, folk et même psychédélique. La variété des avenues explorées par le band et le fait que chacun des membres apparaît vocalement sur le projet leur permet d’exceller autant dans des morceaux plus denses musicalement comme le Pays des grands que dans ceux plus personnels tels que 03.04.2019. Aussi, les pièces instrumentales qui se faufilent dans l’album ajoutent davantage à la richesse créative de la fable et rendent cet excellent projet encore plus cohérent.

Le lancement de La fable de la grenouille dorée aura lieu à l’Hémisphère Gauche le 11 mai prochain à 20h. Vendôme sera aussi présent lors de plusieurs festivals cet été comme au FRIMAT à Val D’Or le 20 juillet prochain. 

PAN M 360 : Comment se sont déroulées vos deux dernières années depuis votre participation aux Francouvertes en 2021?

VENDÔME : Depuis les Francouvertes, on a beaucoup travaillé sur cet album. C’est pas mal ce qu’on a fait depuis la fin de notre parcours à cette compétition. On a aussi fait quelques concerts et travaillé sur nos visuels. On s’est beaucoup demandé « c’est quoi Vendôme? ». Au cours des derniers mois, on a vraiment bâti notre identité en tant que groupe.

PAN M 360 : Justement, quelle est l’identité de Vendôme?

VENDÔME : Notre groupe, c’est un vrai laisser-aller. En comparaison à nos carrières solos, Vendôme nous permet d’être libres et d’aller à fond dans nos pulsions et nos idées. Il n’y a quasiment pas de ligne directrice, c’est ça qui est bien. On se fait parfois dire qu’on est des enfants quand on est en groupe, et on croit que c’est un peu ça Vendôme. Ça nous permet de garder une certaine naïveté. Vendôme, c’est comme un groupe d’amis du secondaire, mais en plus vieux et moins niaiseux.

PAN M 360 : Vous n’hésitez pas à explorer différentes avenues dans La fable de la grenouille dorée. Pensez-vous que cela provient du fait que vous êtes quatre personnes qui chantent et qui sont impliquées dans la création musicale?

VENDÔME : On pense que oui, mais on croit que c’est quelque chose de positif. On frappe un peu partout, mais ça fait partie de notre identité. On réussit à trouver un certain équilibre là-dedans.

Tout le monde est impliqué et chacun de nous propose des idées de chansons. Si un matin Bruno écrit une chanson, on va tous vouloir en écrire une aussi, on se lance un peu des petits défis. Parfois, il y a des morceaux qu’on a écrits à trois, d’autres à quatre. C’est vraiment aléatoire notre façon de fonctionner. Bruno et Cédric se sont occupés de la réalisation de l’album et ils ont réussi à bâtir un genre de gruau. Un résultat qui ne se tient pas nécessairement ensemble, mais quand tu y ajoutes un peu de lait, ça fonctionne et ça devient vraiment bien.

PAN M 360 : Est-ce que ce « lait », ce sont les pièces instrumentales présentes dans l’album? 

VENDÔME : Définitivement. Les pièces instrumentales rendent le projet plus cohérent. Cependant, ça s’est fait assez naturellement, on n’y a pas vraiment pensé d’avance. Ça provient directement de nos pulsions créatives. Comme on disait plus haut, on se sent libre quand on crée en tant que band et on suit nos intuitions.

PAN M 360 : Parlez-moi de La fable de la grenouille dorée, quelle est l’idée derrière ça?

BRUNO ST-LAURENT : Quand nous étions à mon chalet dans les Laurentides, nous avons fait la rencontre d’une grenouille qui nous a vraiment marqués. Elle était très différente des autres et avait une personnalité assez forte. Cet évènement est devenu tellement ancré dans nos mémoires qu’on a décidé d’en faire la ligne directrice de notre album. Ce qui est drôle, c’est que lorsque nous sommes arrivés chez la grand-mère de Cédric en Gaspésie pour enregistrer notre projet, il y avait un bibelot d’une grenouille dorée. À ce moment-là, notre concept a pris encore plus de sens. La fable de la grenouille dorée, c’est un peu une histoire qui ne peut être racontée et qu’on va enterrer avec nous lors de notre mort. Ensuite, si on parle de l’album, ça parle d’amitié, de trucs super banals et de choses qui sont plus grandes que nous.

CÉDRIK ST-ONGE :  Je vois la grenouille comme étant quelque chose qu’on essaie de protéger tout au long du projet. Ça représente un peu notre enfance et ce côté de nous qui veut rester jeune. Sinon il y a le titre Vampire, qui représente la partie de l’industrie musicale qui veut nous rendre plus sérieux et limiter notre liberté créative. Ça parle aussi de notre recherche de la gloire en tant qu’auteurs-compositeurs-interprètes. On voudrait tous rejoindre le « Pays des grands », soit de faire partie des artistes importants du Québec et d’être reconnus. Tout au long, on essaie de protéger la grenouille du vampire, car il ne faut jamais qu’on perde notre plaisir de créer. 

PAN M 360 : Comment allez-vous faire pour tenter de rejoindre le « Pays des grands » tout en restant des « enfants »? Est-ce que vous sentez que ce sera difficile de le faire?

VENDÔME : Au fil du temps, on accorde de moins en moins d’importance au « Pays des grands ». On se concentre plus à rester nous-mêmes. Plus on vieillit et on avance dans le milieu de la musique, plus on se rend compte que ce n’est pas nécessairement ça qui va nous rendre heureux. On met l’importance sur le plaisir de créer et d’éprouver du plaisir entre amis. On a tous nos carrières respectives et Vendôme c’est un complément qui est amusant et différent.

PAN M 360 : Votre avez créé le morceau 03.04.19 en avril 2019. Par le passé, vous avez mentionné que vous n’aviez toujours pas trouvé de sens à ce morceau, mais qu’il était tout de même extrêmement important pour vous. Est-ce toujours le cas? Qu’est-ce qui vous y rattache autant?

VENDÔME : Encore à ce jour, nous n’avons pas trouvé la signification de cette chanson. Elle nous procure beaucoup d’émotions et chaque fois que nous la chantons, ça nous procure un apaisement. C’est vraiment un mystère pour nous et c’est un peu pour ça qu’on l’a gardée sur l’album. Ça fait du bien parfois d’avoir un titre qui ne veut pas nécessairement dire de quoi et que tu peux te laisser aller dans l’émotion. Ce genre de chanson acoustique permet à tes auditeurs d’avoir un moment seul avec l’artiste, c’est superbe.

PAN M 360 : Le reste de l’album est-il autant « vieux »?

VENDÔME : 03.04.19, c’est la chanson la plus vieille. Il y a aussi Brian Jones et Pays des grands qui datent un peu. Sinon, il y a une grosse partie de l’album qui s’est fait récemment en 2021 et 2022.

PAN M 360 : Comment est né votre morceau Brian Jones?

TOM CHICOINE : Une fois lorsqu’on revenait d’un show à Thetford Mines, on s’est baigné dans la piscine de la mère à Marco. Disons qu’on avait fêté pas mal et qu’on n’était peut-être pas dans le meilleur état pour aller dans une piscine. Plus tard, j’ai repensé à ce moment-là et je me suis dit à moi-même « on n’était vraiment pas en état de se baigner, est-ce que l’un de nous aurait pu se noyer? ». C’est à ce moment-là que j’ai pensé à la triste histoire du musicien des Rolling Stones, Brian Jones, qui est mort noyé. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec ça, je l’ai montré aux gars et ils m’ont aidé à finir l’écriture. La création de la musique a été très spontanée et on a trippé sur la chanson dès les premiers instants.

PAN M 360 : En terminant, que signifie l’avant-dernier titre de votre album, Mon band Vendôme?

MARC-ANTOINE BEAUDOIN : Ce morceau découle d’une blague lorsque nous étions ensemble autour du feu. Bruno jouait de la guitare près du feu et on s’est mis à chanter « Mon band Vendôme ». Un autre jour, je me suis réveillé et j’avais rêvé qu’on arrivait devant une clôture dorée avec un chemin en or, un peu comme la pochette de notre troisième single avec la grenouille dorée. La seule différence c’est que dans mon rêve, ce n’était pas une grenouille qui nous accueillait, mais bel et bien Jean-Pierre Ferland. Je suis un grand fan de sa musique et de son album Jaune. C’est pour ça que j’y fait référence dans la chanson. Pour moi, ce titre représente notre dernier effort pour atteindre la gloire avant de réaliser que ce n’est peut-être pas ça le mieux. Mon band Vendôme, c’est vraiment une chanson d’amour pour mes trois camarades. Vendôme, c’est un peu une deuxième tentative pour moi, la première étant mon projet solo. C’est un renouveau.

BRUNO ST-LAURENT : J’aime ça que tu dises que c’est en quelque sorte la dernière « toune » qui parle du rêve de la gloire, parce que juste après il y a la chanson Au final qui dit que c’est le chemin qui compte et non le but. Le rêve de devenir des « grands » est beau et il faut le garder, n’est ce n’est pas nécessairement important de s’y rendre. Ce qui est important c’est de vivre notre vie pleinement.

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