Caroline Savoie succombe à ses plaisirs coupables

Entrevue réalisée par Florence Cantin
Genres et styles : indie pop

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Qu’ont en commun les chalets, les emos et le film Bridesmaids ? À première vue, aucun lien évident. Pourtant, ces mots se sont imposés tout naturellement au fil de ma conversation avec l’autrice-compositrice-interprète, et désormais réalisatrice d’album, Caroline Savoie. C’est en assumant tous ces rôles qu’elle a affronté ses incertitudes et appris à lâcher prise pour mieux suivre son instinct. 

Puisqu’on ne part pas au combat seule ou sans armure, Caroline Savoie a constitué sa cavalerie : mentors, cheerleaders, amis et collègues. Entourée de ces complices de longue date, elle s’est nourrie de cette franche camaraderie pour donner vie à Rom-Com, son quatrième album. Dans ce dernier opus, elle plonge tête première dans ce qui l’allume. Elle s’abandonne à un feu créatif, kitsch et décomplexé. 

À quoi bon renoncer à ses plaisirs coupables ? Bonne question d’autant plus que les plaisirs coupables de Caroline Savoie sont aussi les nôtres et ils sonnent bien. Portée par ce nouveau vent de courage, elle revendique son romantisme, cette fois, sans compromis. Elle aime ce qu’elle aime et s’accorde finalement la douceur qu’elle mérite. 

Repose ici la morale de tout bon rom-com ! L’amour de soi précède toujours celui des autres. Caroline Savoie ça l’a bien compris. Elle nous chante l’amour en 90’s pop, power ballade, bossa, folk-pop, Indie-rock et toutes leurs hybridations. Rom-Com est une vraie courte-pointe sonore enrichie d’une identité narrative soignée. 

PAN M 360 : Comment as-tu trouvé le juste équilibre entre cette cohérence narrative et l’éclectisme des genres musicaux présent sur l’album ?

Caroline Savoie : Je te dirais que la cohérence narrative a justement fait en sorte que je me sente plus libre d’explorer différents genres musicaux. Vu que j’avais un fil conducteur précis, l’emballage musical venait en deuxième. Mon but premier était de raconter une histoire, peu importe dans quel genre la chanson allait se manifester. Après, c’était juste de coller le tout et faire en sorte que ça fonctionne.

PAN M 360: L’album explore une quête d’acceptation de soi avant de pouvoir trouver l’amour. Est-ce un reflet de ton propre parcours, ou une réflexion plus vaste sur les récits d’amour ?

Caroline Savoie : C’est plus sur mon parcours et celui de mon entourage. Je travaille encore à être plus confiante et à m’aimer comme je suis, mais une chose est sûre, je me respecte et me valorise certainement plus qu’au début de ma vingtaine. Et ça, ça vient avec faire de meilleurs choix pour soi. S’aimer avant d’être aimé c’est plus facile à dire qu’à faire, mais là j’ai trouvé une personne avec qui je me sens libre d’être moi-même et qui m’aime pour qui je suis, et ça c’est la base pour moi.

PAN M  360: À travers l’esthétique de Rom-Com, tu réinterprètes des archétypes amoureux de films cultes qui t’ont marquée. Quel est ton rapport nostalgique à ces films ?

Caroline Savoie : En fait, c’est un genre de film que j’adore regarder à cause de sa légèreté; souvent, la fin est prévisible, et ça fait en sorte que ça m’apporte un certain réconfort. En parallèle, ça faisait un certain moment dans ma démarche artistique que j’essayais de m’éloigner du « kétaine » J’essayais de prouver je ne sais pas trop quoi à je ne sais pas trop qui. Ceci dit, appeler l’album Rom-Com et en faire un concept était une manière pour moi de m’assumer pleinement, comme la emo girl que je suis depuis jour 1! Ça aura été libérateur d’enlever un peu plus le jugement que je portais sur moi-même et de plonger pleinement dans l’univers romantique.

PAN M 360 : Pour Rom-Com, tu as assuré la composition, l’interprétation et la réalisation. Y a-t-il des aspects de ce processus qui se sont révélés plus exigeants que tu ne l’avais imaginé ?

Caroline Savoie : C’était la première fois que j’assumais la réalisation et j’ai trouvé que c’était quand même un gros challenge! J’ai trouvé ça difficile d’avoir du recul sur le projet par moments – comme ne pas savoir quand prendre une pause pour écouter les tounes et analyser chaque détail haha! C’était toujours au moment de trancher sur certaines décisions artistiques que j’avais le plus de difficulté, par peur de prendre une « mauvaise’’ décision. Suivre mon instinct n’a pas toujours été mon fort alors ça a définitivement été un bel exercice pour ma confiance. Dans tout ce tourbillon, là j’ai la chance d’avoir une gérante qui est la meilleure cheerleader donc ça l’a fait un peu plus facile de se plonger dans le vide comme ça.

PAN M 360 : Pour prendre du recul, vers qui t’es-tu tourné pour bénéficier d’un regard extérieur ?

Caroline Savoie : J’ai eu la chance de bénéficier du mentorat de Salomé Leclerc, qui m’a donné d’excellents conseils tout le long du processus. C’est une artiste que j’admire beaucoup,  donc   lui parler de tout ça, ça a répondu à plein de mes nombreuses questions. Y’a aussi Benoit Moirier (qui a fait la prise de son et le mix) sur qui j’ai pu compter tout au long de l’enregistrement pour son input. Il m’a même aidée à monter un studio à mon chalet et montrer comment utiliser les logiciels d’enregistrement! Ça a été tellement cool de travailler avec lui. Je dois dire aussi que mon chum a dû écouter l’album 100 fois avec moi pour me rassurer les jours où je trouvais que tout était pourri. En gros, j’ai vraiment eu la chance d’être bien entourée, avec bienveillance et amour !!!!

PAN M 360 : En portant autant de chapeaux, as-tu eu le sentiment de te livrer encore davantage à travers cet album que les précédents ?

Caroline Savoie : Je pense que oui ! Je me sentais hyper vulnérable tout au long du processus. J’apprenais plein de nouvelles choses en même temps tout en ayant l’air au top de mes affaires même si c’était pas toujours le cas. Le résultat me rend encore plus fière à cause de ça, je sens vraiment que j’ai réussi à faire briller ma personnalité dans ce projet et que j’ai été au bout de mes idées. 

PAN M : On apprend que c’est la première fois que tu crées un album exclusivement avec des amis. Comment cette dynamique a-t-elle influencé le son de Rom-Com ? Et comment vont tes anciens collaborateurs qui croyaient que vous étiez amis ?

Caroline Savoie : LOL ouf j’ai ri à cette question !!! Je pense que la différence avec les anciens collaborateurs c’est qu’ils sont devenus des amis à travers le processus. C’était souvent de nouvelles rencontres et surtout de nouvelles collaborations. Là, j’étais avec mes musiciens de scène et ami.e.s de longue date pour l’enregistrement. Ça fait en sorte que la réalisation était beaucoup plus facile,  vu que tout le monde qui a gravité autour du projet me connaît extrêmement bien et connaît déjà mon univers musical ainsi que ma personnalité. Ça fait que c’est moins stressant pour moi de communiquer mes besoins et mes idées. Ils me comprenaient déjà sans que j’aie besoin de dire grand-chose. Ceci dit, j’ai tellement appris des 3 derniers réalisateurs avec qui j’ai travaillé (Jay Newland, Philippe Brault et Joe Grass ). Ils étaient tous uniques et j’ai emmené toute leur sagesse avec moi !! 

PAN M 360 : L’album est à la fois une rétrospective et une introspection, un regard porté sur ta vingtaine. Si cette décennie était un Rom-Com, lequel choisirais-tu ?

Caroline Savoie : Je ne pense pas qu’on puisse nécessairement le qualifier d’un Rom-Com (un peu quand même) mais je choisirais Bridesmaids. Je trouve qu’il décrit tellement bien la beauté et la complexité des amitiés entre femmes tout en étant TELLEMENT drôle. Ça me fait penser à mes amies proches et toutes les différentes histoires qu’on a vécues ensemble. En plus, on a toutes eu notre fair share d’aventures et de déceptions amoureuses, et on a toujours été là l’une pour l’autre dans les hauts et les bas.

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