Dans le cadre des soirées Plateau Double au bar le Verre Bouteille du Plateau Mont-Royal, les chanteuses et compositrices autochtones Willows et Soleil Launière nous ont conviés à une introspection de leurs racines qui s’est révélée lumineuse en cette journée historique d’éclipse totale. Michel Labrecque y a assisté.
D’abord, une confession : Willows, alias de Geneviève Toupin, fait partie de ma famille élargie. Je ferai de mon mieux pour rester objectif…
La chanteuse métis originaire du Manitoba inaugurait ce plateau double avec une formation en trio : le batteur Vincent Carré, le bassiste Guillaume Bourque et Geneviève aux guitares et avec sa voix unique.
Elle nous a livré l’essentiel de son album de 2023, Maison Vent, qui se veut une synthèse de ses différentes identités : métis, franco-manitobaine et désormais québécoise et montréalaise. Elle nous a raconté des tas d’histoires pour mettre tout cela en contexte.
Pour compenser l’absence des magnifiques harmonies vocales et des arrangements somptueux de Maison Vent, Willows et ses deux comparses ont présenté une version plus brute, plus rock de certaines chansons, mais avec beaucoup de créativité musicale. Le public a apprécié, à en juger par les applaudissements.
Geneviève Toupin, c’est d’abord une voix, qui a la capacité de transmettre beaucoup d’émotions variées, juste par ses différentes inflexions et intonations. Quand elle chante a capella, c’est comme si on assistait a une éclipse solaire…sonore.
Après le concert de Willows, place à l’artiste multidisciplinaire Soleil Launière, une Innue de Mashteuiatsh, au Lac St-Jean. En octobre dernier, elle a fait paraître Taueu, un album qui mélange racines et musiques synthétiques, tradition et modernité. Soleil Launière est issue d’une mère québécoise et d’un père Innu. Elle n’a pas d’autre choix que de mélanger les cultures.
Également dramaturge, Soleil offre un spectacle à la fois musical et théâtral. Parfois, elle crie, met son corps en scène. La musique aussi revêt des aspect théâtraux. Parfois, on jongle avec la saturation sonore.
Au fait, pour accompagner la chanteuse, on retrouve le groupe Chances, composé de Chloé Lacasse (synthèse-voix), Vincent Carré (batterie)…et Geneviève Toupin (synthés-voix) ! Il y a aussi l’excellent guitariste et arrangeur Simon Walls. Tout cela donne de magnifiques harmonies vocales qui remuent l’intérieur. La salle était peut-être trop petite pour absorber un groupe aussi puissant.
Soleil Launière nous fait partager sa redécouverte de ses racines. Elle est en train d’apprendre la langue de ses ancêtres, que son père ne parlait pas. On sent une artiste qui est en train d’explorer et qui n’a pas fini de nous surprendre.
Après plus de deux heures de musique, le public semblait repus et très content. Après l’éclipse solaire, l’éclipse musicale autochtone. Tout un 8 avril!