L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux concerts présentés à Montréal jusqu’au 18 août.
Fondé par le violoniste lillois Marwan Fakir, le trio Fakir nous mène au confluent des traditions marocaines, surtout gnawas, hmadchas, soufies et du jazz contemporain. L’improvisation autour de thèmes composés en s’inspirant de musiques traditionnelles, classiques arabes ou musique sacrées de l’Islam. Nous n’en sommes certes pas à nos premières expériences de pollinisation croisée entre le jazz et le Maghreb, mais il demeure toujours intéressant d’en découvrir de nouvelles déclinaisons.
Le leader du trio est d’origine marocaine et ses collègues sont Français de souche – le contrebassiste Pierre-Antoine Despatures et le guitariste Louis Desseigne. La formation des trois interprètes et improvisateurs est sans conteste jazzistique. Leur angle d’attaque l’est moins, car ils évoluent en temps réel via des évocations mélodiques typiquement marocaines qu’ils intègrent dans l’environnement d’un trio de jazz. Voilà une excellente piste pour des musiciens de très bon niveau qui doivent se démarquer dans un monde musical difficile où la croissance de l’offre est inversement proportionnelle au marché qui la fait vivre. Dans ce contexte, ils doivent imposer leur esthétique plutôt que d’épater la galerie de leur technique. Car des musiciens de ce niveau, il s’en trouve beaucoup plus qu’avant.
La Cinquième salle de la PdA était bien garnie en ce samedi PM, un mélange de mélomanes issus de l’immigration et d’autres férus de telles fusions entre cultures.
La première partie a été consacrée aux œuvres du Fakir Trio, après quoi un deuxième trio s’est joint pour ainsi transformer l’ensemble en sextuor – le violoncelliste Anwar Saidi et le percussionniste Bertil Schuralbe, dont la caisse claire et le tom de sa batterie singulière sont remplacés par deux derboukas (tambours maghrébins), le tout joué avec les mains plutôt que les baguettes.
Réputé virtuose du ney, flûte de roseau emblématique de la musique marocaine, Rachid Zeroual nous a semblé tout aussi intéressé par la fusion entre musiques marocaines et jazz. On a même amorcé la rencontre par un rythme néo-funky, non sans rappeler Jean-Pierre de Miles Davis, rythme à travers lequel s’est exprimé le soliste principal et aussi ses collègues. La sonorité ensablée du ney était envoûtante, plusieurs exemplaires étaient d’ailleurs nécessaires à l’exécution car un seul ney ne couvre pas tous les intervalles des gammes modales explorées dans cette expression. Magnifique interprète!