La Salle Claude-Champagne de l’Université de Montréal était pleine à craquer samedi soir pour assister à un concert exceptionnel. Non seulement le programme était ambitieux (on proposait la deuxième symphonie de Mahler), c’était également le dernier concert de la saison de l’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM), et le dernier de Jean-François Rivet comme chef, celui-ci prenant sa retraite à la fin de la session universitaire. Pour toutes ces raisons, il fallait souligner l’occasion en grand. Quelques 250 musicien.ne.s se sont réuni.e.s sur scène pour faire vibrer les murs de la Salle Claude-Champagne de leur interprétation remarquable de cette Symphonie de Mahler.
S’il fallait décrire cette œuvre de Mahler en un mot, ce serait probablement contrastes. Contrastes de nuances, de ton, de taille aussi. L’OUM transmet parfaitement toutes ces subtilités. Malgré le grand effectif, les nuances pianissimo le sont véritablement. Dans cette deuxième symphonie, en particulier dans le premier mouvement, on retrouve plusieurs mélodies superposées, que se partagent les différentes sections de l’orchestre. L’équilibre entre ces sections est excellent, ce qui nous permet d’entendre chacune de ces mélodies distinctement. Les instruments graves, notamment les contrebasses, sont le moteur de cette œuvre, et, tout au long de la soirée, on les entend porter l’orchestre avec une précision sans failles.
Si le premier mouvement est dramatique et puissant, le deuxième est plus joueur, s’apparentant à une danse. On admire cette capacité de l’OUM de passer de la puissance sans bornes à la retenue, sans qu’il en perde pour autant de sa précision. Jean-François Rivest guide ces transitions avec des gestes très évocateurs, fidèle à la précision qu’on lui connaît. Le troisième mouvement laisse place à de beaux échanges de la mélodie entre différents instruments. Là encore, les moments de montée en intensité, plus chargés et touffus, ne sont jamais confus. Le volume qu’atteint l’orchestre est par moments renversant. Dans le quatrième mouvement, l’orchestre accompagne très bien Mireille Lebel, mezzo-soprano. Ce mouvement, très court se termine tout en délicatesse avec un son doux et enveloppant. On salue l’exécution de la dernière note de ce mouvement, qui semble s’évanouir, sans jamais vaciller.
Puis, le cinquième mouvement demande un retour en force. On y retrouve la même énergie et puissance que dans le premier mouvement, mais avec encore plus de grandeur. Dans ce mouvement, des cuivres doivent jouer en coulisses. La Salle Claude-Champagne n’étant pas tout à fait adaptée à cela à notre avis, ces instruments sont peu audibles, mais l’écho des coulisses crée un très bel effet. Dans ce mouvement intervient également un grand chœur. C’est là qu’on retrouve un bémol. L’exécution des nuances douces donne l’impression que le chœur hésite. On aurait apprécié un peu plus de certitude dans les entrées du chœur dans les passages doux et presque a cappella, en accompagnement de la soprano Layla Claire, et plus de puissance dans les derniers instants de l’œuvre, fortissimo. Mais la symphonie se termine de manière grandiose, avec, entre autres, une impressionnante section de cuivres et quelques accords à l’orgue.
La soirée était tout à fait à la hauteur des événements à souligner. L’OUM a de nouveau démontré son grand talent et sa capacité à relever haut la main d’ambitieux défis. Il s’agissait là d’un très bel hommage à Jean-François Rivest pour sa dernière soirée à la barre de cet orchestre.
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