baroque / classique

Un Messie signé YNS et l’OM à la Basilique Notre-Dame.

par Alain Brunet

Dans les contrées liées historiquement et politiquement à l’Angleterre, le Messie de Handel est l’œuvre sacrée la plus jouée à l’approche de Noël. Handel était certes Allemand de naissance mais avait fait sa carrière à Londres où il devint citoyen d’adoption et sujet du royaume. C’est pourquoi son fameux Messie, bon an mal an, est joué deux ou trois fois plutôt qu’une dans une grande ville comme Montréal.

En 2023, le Messie l’était d’ailleurs présenté à Montréal par deux orchestres montréalais, soit à la Salle Bourgie en version ancienne avec Arion Orchestre Baroque et ses instruments anciens puis cette semaine à la Basilique Notre-Dame par la superstar Yannick Nézet-Séguin aux côtés de son Orchestre Métropolitain, d’un Choeur Métropolitain réduit mais composé de professionnels trié sur le volet, ainsi que de 4 solistes : la soprano québécoise Magali Simard-Galdès, la contralto québécoise Rose Naggar-Tremblay, le ténor britanno-colombien Spencer Britten, et le baryton-basse québécois Philippe Sly.

Dans la version de l’œuvre ici présentée, on avait prévu 45 stations en trois parties distinctes : ouverture, arias, récitatifs, récitatifs accompagnés, choeurs. Tous ces éléments constituent cette œuvre incontournable du répertoire sacré de la période baroque, composée en 1741. L’œuvre se consacre à la résurrection du Christ et à ses conséquences rédemptrices sur les fidèles de la chrétienté. Prévue à l’origine pour la période de Pâques, l’exécution du Messie s’est progressivement déplacée vers la période de la Nativité, et nous voilà bien assis sur un banc d’église pour en apprécier les vertus avec cette joie inhérente du temps des Fêtes.

Lorsqu’on a goûté au Messie exécuté en version originelle, soit avec instruments anciens qui en modifient sensiblement l’interprétation et les sonorités, revenir à une exécution avec instruments modernes est une expérience clairement différente. Bien sûr, écouter le Messie dans un lieu sacré confère une certaine magie à cette expérience, mais les conditions acoustiques n’y sont pas optimales lorsqu’on est habitués aux conditions acoustiques de la Maison symphonique.

Cette version avec instruments modernes exclut plusieurs procédés baroques, moins de sons liés, plus d’éclat vu la nature des instruments conçus après la période baroque (cordes de métal au lieu de cordes de boyaux, notamment), solistes formés selon des techniques vocales mises au point bien après la confection de l’œuvre.

La soprano Magali Simard-Galdès aura bien fait son travail sans trop en mettre, la contralto Rose Naggar-Tremblay m’a semblé plus magnétique encore et laisse présager une magnifique carrière, le ténor Spencer Britten a très bien chanté mais sans dominer la basilique, et le baryton-basse Philippe Sly est à mon sens celui qui s’est le mieux démarqué de la représentation de mercredi, par son coffre et et sa présence altière.

Côté instrumental, la direction orchestrale s’est avérée sobre et rigoureuse, toujours au service du chant. Évidemment, le Choeur Métropolitain atteint son point culminant à la 39e station. L’auditoire se lève pour apprécier le fervent Alléluia et même en applaudir l’interprétation.

Fort agréable soirée, certes, un orchestre et des chanteurs.euses bien préparés par le maestro bien-aimé. Cela dit, on ne peut affirmer qu’il s’agisse ici d’une grande spécialité de l’OM malgré la très belle facture de son exécution. La relecture d’une œuvre baroque par un orchestre « moderne » ne requiert-elle une longue pratique avant d’atteindre les plus hauts standards connus ? On retiendra néanmoins le rôle crucial du trompette solo Antoine Mailloux, très solide et très inspiré aux stations 42 et 43. Malgré ces menus détails de la vie, on ne se formalisera de rien et on ne boudera certainement pas ce plaisir d’apprécier de nouveau notre OM et de sauter à pieds joints dans la période des Fêtes.

Crédit photo: Denis Germain – Orchestre Métropolitain

Tout le contenu 360

QMP 2024 | Conjuguer intensité et intimité

QMP 2024 | Conjuguer intensité et intimité

Schulich | Dans les conditions, excellente performance du MGSO

Schulich | Dans les conditions, excellente performance du MGSO

L’OFF jazz | Formanek + Raegele, rencontre à MTL

L’OFF jazz | Formanek + Raegele, rencontre à MTL

L’OFF jazz | Apprivoiser le Drome Trio

L’OFF jazz | Apprivoiser le Drome Trio

QMP | L’art de faire musique dans Ce qui reste quand la peau se détache du corps

QMP | L’art de faire musique dans Ce qui reste quand la peau se détache du corps

Kamra – Shift Circuit

Kamra – Shift Circuit

Teri Parker’s FreeSpirits – Peaks and Valleys

Teri Parker’s FreeSpirits – Peaks and Valleys

Lex French – In the World’s First Summer

Lex French – In the World’s First Summer

Barbara Hannigan / Royal Academy of Music and Juilliard School Ensemble – Stravinsky Chamber Works

Barbara Hannigan / Royal Academy of Music and Juilliard School Ensemble – Stravinsky Chamber Works

Joel Frahm Trio – Lumination

Joel Frahm Trio – Lumination

Toomai String Quintet – Passos Brasileiros

Toomai String Quintet – Passos Brasileiros

Toronto Mendelssohn Choir – Remember

Toronto Mendelssohn Choir – Remember

FLUX | Le violoncelle intime et intense de Lori Goldston

FLUX | Le violoncelle intime et intense de Lori Goldston

Florence K chante du Jobim

Florence K chante du Jobim

L’OFF Jazz | L’ONJ au service de Michael Formanek

L’OFF Jazz | L’ONJ au service de Michael Formanek

Traverser une débâcle et un désert et en sortir transformé: voyage dans les univers sonores Marc Hyland et Nour Symon

Traverser une débâcle et un désert et en sortir transformé: voyage dans les univers sonores Marc Hyland et Nour Symon

Tim Brady – Imagine Many Guitars

Tim Brady – Imagine Many Guitars

Andile Khumalo – Tracing Hollow Traces

Andile Khumalo – Tracing Hollow Traces

À 81 ans, Marcos Valle embrase le Fairmount!

À 81 ans, Marcos Valle embrase le Fairmount!

Ingurgitating Oblivion – Ontology of Naught

Ingurgitating Oblivion – Ontology of Naught

Couleur Dauphin – Cadeau Rochiste

Couleur Dauphin – Cadeau Rochiste

QMP et un gros week-end du Quatuor Bozzini

QMP et un gros week-end du Quatuor Bozzini

Blood Incantation –  Absolute Elsewhere

Blood Incantation –  Absolute Elsewhere

De lumière et de velours : premier concert de la saison de la SMCQ

De lumière et de velours : premier concert de la saison de la SMCQ

Inscrivez-vous à l'infolettre