Le monde étrange et magique de King Tuff

par Lyle Hendriks

Au moment où il est monté sur la scène du Bar Le Ritz PDB, il était évident que Kyle Thomas, mieux connu sous le nom de King Tuff, est un mec bizarre.

Le 28 mars, King Tuff était accompagné de Tchotchke, un excellent groupe de rock indépendant originaire de Brooklyn, à New York. Le trio exclusivement féminin a joué avec une énergie fantastique, dont une performance particulièrement forte de la batteuse/chanteuse Anastasia Sanchez qui a porté l’élan de chaque morceau jusqu’à la fin.

Après une courte pause, le King lui-même (accompagné de sa joyeuse troupe) est arrivé sur scène, lançant rapidement le bal avec l’ouverture fantaisiste de son dernier album, « Love Letters to Plants ». Avec ses touches sobres, sa batterie discrète mais compliquée et ses voix imparfaites et percutantes, ce morceau bizarre a donné le ton au reste du set.

Après une petite discussion sur Montréal et ses bagels (y compris le geste controversé de prêter allégeance à Fairmount Bagel), Thomas a poursuivi son programme, jouant principalement des morceaux de son dernier album, Smalltown Stardust. Tout comme l’album lui-même, la prestation montréalaise de King Tuff se résume en un seul mot : confiance.

Il y avait un sentiment d’aisance dans tout ce que jouaient Thomas et son groupe, un sentiment distinct d’humilité soutenu par des décennies de pratique et d’expérience. Alors que Thomas a sans aucun doute les capacités de faire fondre nos visages en un instant, il ne ressent clairement pas le besoin de le prouver avec ces nouvelles chansons, choisissant plutôt d’inclure le strict nécessaire de ce que chaque chanson requiert. Ces titres semblent avoir été conçus pour Kyle Thomas avant tout, et le fait que quelqu’un d’autre veuille les écouter n’est qu’un bonus.

Malgré la maturité et la croissance apparentes de Thomas, il a tout de même eu ses moments, notamment en maudissant un pied de micro branlant et en posant des questions irrévérencieuses au public sur nos options en matière de piscines locales. Pour notre plus grand plaisir, nous en sommes arrivés à un point où même le guitariste de Thomas lui a dit qu’il était un monstre – une déclaration qui n’a été démentie ni par le King ni par ses coéquipiers.

À ce stade, nous pensions tous avoir une idée de l’ambiance étrange de King Tuff. C’est un homme mûr, avec des années d’expérience et les compétences qui vont avec, mais qui conserve une touche de jeunesse dans sa façon de parler et de jouer. Je pensais qu’il allait bientôt terminer, mais il s’est soudain arrêté et a dit qu’il avait oublié quelque chose en coulisses, disparaissant dans la salle arrière.

Après une pause gênante, le batteur de Thomas a haussé les épaules, a rempli le silence et a dirigé le groupe pendant quelques minutes de musique d’ascenseur jazzy. Peu après, King Tuff réapparaît, revêtu d’une robe de sorcier rose et irisée, accompagnée d’un chapeau et de lunettes. Le ton ayant changé brusquement, le groupe s’est lancé dans des chansons plus anciennes et plus lourdes, dont l’impressionnante « Black Moon Spell » et l’emblématique « I Love You Ugly ». Thomas a déchiré, crié et hurlé sur ces derniers morceaux, délivrant l’énergie et l’intensité qu’il avait si gracieusement retenues jusqu’alors.

King Tuff est une vision psychédélique dans une barbe hirsute. Une fourchette de foudre qui frappe où bon lui semble. Un magicien fantasque armé d’une Telecaster et d’un piano Rhodes. King Tuff est un mec bizarre, et on ne peut s’empêcher de l’aimer pour ça.

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