Le Quatuor Dover est de passage à Montréal et nous a offert mercredi soir une classe de maître sur l’art de la composition du quatuor à cordes à travers les grandes époques de la musique avec, au programme, Haydn, Florence Price et Chostakovitch. Un voyage à travers le temps qui nous en apprend beaucoup sur l’évolution de la musique de chambre, avec un ensemble formidablement virtuose.
Le Quatuor Dover jouit d’une excellente réputation à l’international, et on comprend rapidement pourquoi. Le Quatuor en sol mineur, op. 74 no. 3 de Haydn, plus communément appelé « Le Cavalier » à cause de son dernier mouvement au rythme galopant, est exécuté avec une foudroyante précision. On applaudit la virtuosité dans la vitesse et la sensibilité dans les largesses des mouvements plus lents.
Le concert était animé par les contrastes. Dans le Haydn, il s’agissait du contraste entre les mouvements rapides et les mouvements lents. Le Quatuor à cordes no. 1 en sol majeur de Florence Price contrastait quant à lui avec la façon dont il a été composé. Alors que la tradition classique d’Haydn construisait le quatuor à l’essentiel autour d’un premier violon virtuose et de trois autres instruments en soutien, Price accorde un traitement plus équilibré à chaque instrument. Le contrepoint est bien plus développé et complexe, voire trop par moments, mais est balisé par des idées intéressantes sur le plan harmonique. La beauté de la musique de Price réside dans ses motifs particuliers, souvent inspirées de musiques d’origines populaires. Le second mouvement est absolument fantastique sur ce point, avec un passage en pizzicato rappelant une « walking bass ».
Le Quatuor à cordes no. 9 en mi bémol majeur de Chostakovitch change encore une fois la structure fondamentale de cette forme musicale. Une superposition de motifs qui entre parfois en accord, souvent en désaccord, forment une tension palpable. L’ensemble reproduit à merveille l’intensité et la violences des émotions que le compositeur a transcrit sur la partition. C’est dans un nuage de résine et de crins que le Quatuor Dover a terminé cette œuvre débordant d’une créativité introspective et troublante.
Avec une main de maître, le Quatuor Dover a démontré toute la virtuosité, tout le lyrisme et toute l’intensité que le répertoire du quatuor à cordes peut offrir. La qualité des sonorités de l’ensemble les œuvres en elles-mêmes. Vivement la prochaine occasion de les revoir en concert!