Afrique / afro-soul / hip-hop

PAN M 360 aux Nuits d’Afrique – Une pluie de bénédiction pour Fredy Massamba

par Sandra Gasana

La pluie est souvent associée à une bénédiction dans plusieurs cultures africaines et sûrement dans d’autres parties du monde. Ce samedi soir, alors que le concert tirait à sa fin, la pluie a peut-être éloigné certains festivaliers qui sont allés se mettre à l’abri, mais plusieurs sont restés jusqu’au bout du tout premier concert de Fredy Massamba à Montréal. 
Pour l’occasion, il s’était accompagné de celui qu’il nomme le « maitre », Donald Dogbo à la batterie, de Willie Bareto au clavier, de Christian Obam à la basse, Charles William Mpondo à la guitare, Hendry Massamba, aux chœurs et aux percussions et Floric Kim également aux chœurs. Les deux choristes étaient arrivés il y a trois jours de Brazzaville pour l’occasion. Et quelle bonne idée c’était de les inclure dans ce spectacle!

Dès le premier morceau, il nous plonge dans son univers, avec en son centre le tambour, ou Ngoma, titre qui figure dans son plus récent album Trancestral. « J’ai trois albums à mon actif : Ethnophony, Makasi et Trancestral », rappelle-t-il à la foule. « Je vous invite à faire un voyage ensemble entre Bruxelles, Brazzaville, Kinshasa en passant par Douala, Ndjamena et ici à Montréal ! », ajoute-t-il.
Il fait ensuite un retour en arrière dans le temps avec Zonza, qui figure dans son premier album Ethnophony , beaucoup plus groovie et qui se prête bien pour une performance dans le cadre d’un festival.

On sent que Fredy affectionne particulièrement le continent africain. Il en parle dans plusieurs chansons, il en énumère plusieurs et porte d’ailleurs une chemise blanche avec des cartes de l’Afrique dessus. Le choix des deux choristes a été très judicieux puisqu’ils contribuent énormément au succès de la formation. Ils font un travail remarquable sur scène, on sent leur complicité avec Fredy, qui semblait apprécier leur présence.

Il mentionne les femmes du Kivu, de Goma dans le morceau Bidilu Bio, et dénonce « cette guerre qui n’a aucun sens ». Cette chanson commence de manière douce, mettant en évidence la voix soul de l’artiste, et soudain on s’en va vers du reggae, ce qui donne envie de bouger malgré le sujet sensible. De plus en plus à l’aise sur scène, il donne à son tour l’espace aux choristes (sapés comme jamais) de briller, ayant des occasions de faire des couplets à tour de rôle, tout en faisant participer le public.

« On m’a dit que je dois chanter une chanson d’amour.  D’où je viens, au Congo, on a Koffi Olomidé, Fally Ipupa, Lokua Kanza. Ce n’est pas ça qui manque, des chansons d’amour », dit-il devant un public souriant, avant d’entonner Makwela.
On découvre ses talents de rappeur sur le morceau Nkembo mais le moment le plus touchant est lorsqu’il nous propose d’inviter Papa Wemba (Paix à son âme) sur scène.

Il s’en va le « chercher » dans les coulisses et nous donne l’impression qu’il revient sur scène avec le grand artiste qui nous a quitté il y a quelques années. Son imitation est remarquable et émeut les festivaliers qui connaissaient la grande star congolaise. Fredy nous partage d’ailleurs qu’il a toujours voulu faire un featuring avec Papa Wemba mais qu’il n’en a jamais eu l’occasion. D’où le geste symbolique.

Et c’est après ce moment rempli d’émotions que la pluie s’est abattue sur la scène Radio-Canada (Coïncidence ? Je ne crois pas) C’est d’abord les choristes et Fredy qui entrent ensemble sur le morceau Zua Idée, avant d’être suivis par tous les musiciens. « Même dans la pluie vous êtes là ! » dit-il avec gratitude. On voit le professionnalisme des musiciens lorsqu’une situation comme cela arrive. Le groupe a poursuivi le spectacle comme si de rien n’était, Fredy chantait avec la même fougue. Les spectateurs n’ont pas été découragés par la pluie, bien au contraire, ils attendaient impatiemment que ça s’arrête pour retourner danser. Et c’est ce qu’ils font pour la dernière chanson du spectacle, Ntoto, durant laquelle il sort sa fameuse bouteille sur laquelle il s’amuse à souffler et dont on avait parlé lors de notre entrevue quelques jours plus tôt (PAN M 360 aux Nuits d’Afrique | Fredy Massamba, un Congolais (de Montréal) sur 3 continents – PAN M 360). Et c’est ainsi que se clôture le tout premier spectacle de Fredy Massamba, béni par une pluie d’été.
« Merci à Nuits d’Afrique, à mon papa Touré, mes amis, ma famille, RFI, Hangaa Music, Vanessa Kanga, et vous, en train de me regarder en pleine pluie. »

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