Madison Ryann Ward dispose d’une très belle voix et peut compter sur les meilleurs atouts consentis par Dame nature – et peut-être un chouia de chirurgie esthétique. Madison fait des hits, elle n’est certes pas pour rien sur la plus grande scène extérieure du FIJM… malgré la pluie insistante d’un samedi 29 juin.
Madison chante lisse, sa voix de mezzo souscrit à tous les standards vocaux de la soul pop au féminin. Un bandana de luxe recouvre ses cheveux d’or, un tatouage minimaliste apparaît sur l’avant-bras, notre gitane de luxe porte des vêtements très chic.
Madison peut compter sur un groupe black de haute tenue qui lui sert une soul soyeuse et élégante, quiet storm, un soupçon de jazz dans les harmonies. Jusque là, tout est parfait, n’est-ce pas ? Derrière cette apparente perfection, il y a un certain retrait d’elle-même devant la vulnérabilité et les viscères essentielles à l’expression vocale. Madison donne l’impression de rester en suspension dans son propre halo. Heureusement, elle arrive à briser un peu cette impression lorsqu’elle se met au rap… et nous allons faire nos emplettes ailleurs.
Alicia Creti n’a pas du tout cette dégaine. Montréalaise expatriée à Los Angeles, elle est la girl-next-door ayant une carrière sûre et une relation toxique pour migrer vers la Californie, y devenir chanteuse professionnelle et y guérir ses maux. Vous comprendrez que la charge affective n’est pas la même. Moins esthétique, moins sexy, beaucoup plus viscérale.
Alicia Creti est une contralto de puissance dont le timbre électrocute et déchire. Elle a sorti récemment Selfless, un album qui résume et exprime bien son état et sa condition. Ce n’est pas encore un vrai succès, ce qui justifie une prestation sur petite scène du FIJM, mais c’est bel et bien de la pop, c’est de la soul pop, rien de sorcier, des formes prévisibles, un band compétent comme il se doit, un tantinet mal dégrossi sur scène mais… tellement crédible, tellement vrai.