Après les flûtes désenchantées d’André 3000, le FIJM en salle se concluait par celles, plutôt enchanteresses, de l’Afro-Britannique Shabaka Hutchings, un des chefs de file du renouveau jazz à Londres comme on le sait depuis une décennie -The Comet Is Coming, Sons Of Kemet, Shabaka and the Ancestors, etc. Cette fois, le optait pour une collection de flûtes artisanales ou traditionnelle, essentiellement des flûtes japonaises shakuhachi.
Étant un authentique interprète d’instruments à vent (saxophones, clarinettes) avant de donner priorités aux flûtes asiatiques qu’il se permet d’africaniser dans un mini-album sorti il y a 2 ans (Afrikan Culture) et un autre lancé le printemps dernier (Perceive its Beauty, Acknowledge its Grace), il sait extirper des sons divers de ces petits instruments et construire des phrasés mélodiques tout à fait défendables. Les flûtes disposées sur la table sont jouées de différentes façons, certaines mode traversière, la majorité en mode flûte à bec. Chacun de ces bois émet des sonorités distinctes, leur interprète choisit souvent d’en exploiter les timbres tout en tissant des mélodies relativement limitées, vu les échelles de fréquences imposées par ces petits instruments à 5 trous dont l’atteinte de la justesse est toujours un défi.
Les accompagnements de ces flûtes solistes sont relativement sobres pour ne pas dire discrets, que ce soit la harpe de Brandee Younger (nettement plus engagée chez Makaya McCraven la veille), la basse de Junius Paul (autre sideman de Makaya) ou les percussions d’Austin Williamson. Cette soirée du samedi 8 juillet ne passera pas à l’histoire, nous n’en sommes vraiment pas aux premières expériences pour flûtes et jazz acoustique contemporain. Mais ce fut relaxant et agréable, même si peu excitant dans la conception comme dans l’exécution.
Crédit photo Benoît Rousseau pour le FIJM