électronique / house

MUTEK 2024 | Jordan GCZ, éclectisme sous les cordes à l’Esplanade tranquille

par Salima Bouaraour

L’équipe de PAN M 360 sillonne l’entière programmation de MUTEK 2024 et en observe un maximum d’artistes au cours de cette 25e édition de sa version montréalaise. Suivez nos expert.e.s jusqu’à dimanche soir, aucune autre couverture médiatique de MUTEK ne s’annonce aussi considérable!

Comment résumer Jordan GCZCA , observé sous les cordes de pluie à l’Esplanade tranquille en cette Expérience 1 ? Compositions sonores éclectiques. Approche audacieuse. Spontanéité. Jordan Czamanski nous a offert une performance pleine d’expérimentations. Servis en direct, ds rythmes lents et entraînants, binaires et répétitifs, aux accents house électro. Enfin au sec à l’aube de MUTEK 224, le public s’est amassé au devant de la scène pour commencer à se dandiner. Le Torontois d’adoption a su tisser une progression pour préparer la fin de programme. Au gré des déhanchements de la foule, il faisait monter les BPM petit à petit et introduisait une multitude de sonorités à la résonance afro-latine et aux notes de cuivre liées à la chaleur des synthétiseurs analogiques. Étant DJ au sein du duo électronique Juju & Jordash et du groupe Magic Mountain High, le producteur a tiré profit de ses multiples expériences pour dynamiser l’Esplanade Tranquille.

Crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin

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électronique

MUTEK 2024 | Départ tranquille sous les averses aoûtiennes… avec Duchesse

par Salima Bouaraour

L’équipe de PAN M 360 sillonne l’entière programmation de MUTEK 2024 et en relève un maximum d’artistes au cours de cette 25e édition de sa version montréalaise. Suivez nos expert.e.s jusqu’à dimanche soi, aucune autre couverture de MUTEK ne s’annonce aussi considérable!

DuchesseLB/QC 

Duchesse, artiste née à Beyrouth au Liban et basée à Montréal, a ouvert l’édition 25e anniversaire de Mutek, sa première prestation nord-américaine coïncidait avec la sortie de son album, Procrastinate debate. Étudiante au Conservatoire National Supérieur Libanais de Musique, elle a offert un set live électro très rafraîchissant sous l’emprise des averses. Il était bon de se perdre entre des samples de voix féminines douces, des rythmes downtempo et minimal housy. Malheureusement, le public a dû se réfugier dans l’annexe un long moment attendant l’accalmie… Départ tranquille à l’Esplanade… tranquille.

Crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin

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MUTEK 2024 – Au-delà des buzzwords

par Elsa Fortant

Le 20 août 2024, lors du Forum MUTEK, un panel intitulé « Au-delà des Buzzwords : que fait l’IA générative aux pratiques créatives ? » s’est tenu au Monument-National, réunissant des expert.es de divers horizons pour explorer l’impact de l’IA générative sur les pratiques artistiques. Modéré par Rose Landry du Mila, le panel comprenait Sofian Andry (Hexagram), Pía Balthazar (SAT), Yves Jacquier (Ubisoft), et Éric Desmarais (Sporobole).

Yves Jacquier a ouvert la discussion en abordant l’intégration de l’IA dans le domaine du jeu vidéo, soulignant que l’IA – un terme vieux de 70 ans – s’est progressivement imposée dans la fabrication des jeux vidéo. Il a mis en lumière l’importance d’une approche interdisciplinaire impliquant designers, programmeurs et artistes pour exploiter ces technologies de manière éthique et efficace.

Pía Balthazar a partagé son expérience à la SAT, où le développement des arts et des sciences se fait en partenariat avec des milieux artistiques et académiques. La SAT et Sporobole travaillent sur un projet qui vise à comprendre comment les outils d’apprentissage automatique peuvent servir les artistes plutôt que les contraindre. En mobilisant la notion d’imaginaire et en prenant comme point de départ les pratiques des artistes, il y aussi la volonté de déconstruire le discours techno déterministe empreint de peur qui entoure ces technologies.

Sofian Andry a apporté une perspective historique issue de son ouvrage Art in the Age of Machine Learning, publié par MIT Press. Il y retrace les origines de l’art et des sciences à l’ère du machine learning, en se concentrant sur une analyse matérielle des modèles d’apprentissage automatique. Il explore ce qui constitue un modèle de machine learning et examine comment certains artistes se sont approprié ces mécanismes, en les rapprochant de pratiques comme les algorithmes génétiques et les approches basées sur les données, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans la création artistique.

Éric Desmarais a discuté de l’évolution des pratiques artistiques au sein de Sporobole, notamment à travers des cycles de création et de recherche appliquée, lors desquels les artistes expérimentent avec différentes technologies. Pré-pandémie, le cycle portait sur les univers virtuels. En 2021, alors que le cycle touche à sa fin, la vague ChatGPT déferle et met en lumière tout un tas d’outil d’IA générative. Le cycle IA permet aux artistes d’expérimenter, de créer des œuvres et à travers ce processus de recherche, de faire émerger une voix artistique forte du côté des artistes indépendant.es.

On entre alors au cœur de ce qui nous intéresse lorsqu’on parle d’IA génératives et de buzzword : ces technologies sont-elles vraiment disruptives ? S’agit-il d’un changement de paradigme ou plutôt de l’arrivée d’un nouvel outil ? Pía Balthazar a noté que ce changement « violent » aux allures de tsunami était en préparation depuis un moment, tandis qu’Yves Jacquier confirme qu’il y a une véritable disruption en cours, avec l’arrivée de nouveaux acteurs, la transformation des structures et l’évolution des modes de travail.

Le panel a également soulevé la question – qui doit être centrale – de la valeur des œuvres créées par IA génératives. Sofian Andry a rappelé que si l’IA peut produire de la nouveauté, la valeur de cette nouveauté reste une question complexe. La culture est humaine et un système déconnecté du monde, désincarné, ne peut comprendre ou « être » dans la culture. Éric Desmarais, rejoint par les autres membres du panel, a souligné que, avec l’IA, la valeur de l’œuvre / la production se déplace du résultat vers le concept, contrairement au travail d’un.e illustrateur.ice où c’est le résultat qui prime.

Néanmoins, l’optimisme est de mise : il faut profiter d’un momentum pour rééquilibrer le pouvoir et la valeur dans l’ensemble de l’écosystème artistique. Les meilleurs approches pour y arriver : favoriser l’interdisciplinarité comme le font Ubisoft et la SAT, ne pas sous-estimer le pouvoir et l’agentivité des entreprises locales, car non, toutes les décisions importantes se prennent pas à la Silicon Valley.

Crédit photo: Maryse Boyce

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classique occidental

Virée classique de l’OSM | Voyage en OVNI avec André Moisan comme passager

par Alexandre Villemaire

L’Orchestre à Vents Non Identifié (OVNI) avec son capitaine Jonathan Dagenais s’est posé à la Virée classique parmi les derniers concerts et évènements de la programmation 2024. Composé d’un équipage de 50 à 60 musiciens amateurs, professionnels et semi-professionnels, leur mission est de rendre compte de l’expressivité et de la richesse de l’orchestre avec pour mot d’ordre la qualité et le raffinement, le travail d’équipe et la sensibilité de l’interprétation. Nous pouvons dire que leur performance est une mission accomplie à cet égard. L’ensemble a proposé un voyage musical autour du bassin méditerranéen, du sud de la France à l’île de Chypre en passant par l’Italie et les Balkans.

Ouvrant le bal avec la Suite provençale de Jan Van der Roost, l’ensemble a par la suite fait escale à Chypre, interprétant des extraits de la Chyprian Suite de la compositrice Carol Barnett, marquée par des traits musicaux d’influences orientales et des interactions entre diverses sections de l’orchestre. L’ensemble a par la suite dompté un volcan en interprétant la pièce Vesuvius de Frank Ticheli : une œuvre bouillonnante, intense et virtuose que les musiciens ont interprétée avec grand contraste, qui a été dirigée par Leandro Cardoso, nouveau chef assistant de l’Orchestre symphonique de Québec. En conclusion du concert, l’OVNI accueillait à son bord un invité bien spécial, André Moisan, clarinettiste de l’OSM qui a rejoint l’orchestre pour une interprétation enlevante de Sholem-alekheim, rov Feidman! deBéla Kovács. Moisan a démontré l’étendue de sa maîtrise à l’instrument avec des envolées lyriques énergiques et mordantes parfaitement dignes du caractère de la musique klezmer. Avec une performance de la sorte, nous avons cependant été quelque peu déçus que cette collaboration n’ait duré que le temps de cette pièce et d’un rappel, alors que la présentation et le titre du concert nous laissaient présager le contraire.

crédit photo: Gabriel Fournier

Chanson francophone / classique occidental / musique traditionnelle arménienne

Virée classique de l’OSM | Harmonie arménienne pour le Quatuor Rhapsodie

par Alexandre Villemaire

Il y avait du monde à l’Espace culturel George-Émile Lapalme pour la prestation du Quatuor Rhapsodie, composé d’Amélie Lamontagne et Ana Drobac (violons), Nayiri Piloyan (alto) et Sophie Coderre (violoncelle). Sous le thème Mélodies arméniennes sous le soleil méditerranéen, l’ensemble a emmené l’audience dans un voyage au bout de la terre, de l’Arménie en passant entre autres par l’Italie et la France, avec de la musique imprégnée du folklore arménien sous toutes ses formes et influences. On navigue ainsi aisément entre des chants traditionnels folkloriques arméniens, notamment collectés par Vardapet Komitas, figure importante de la préservation du patrimoine musical arménien, le classique et la musique populaire. 

Musicalement, l’ensemble est très solide, jouant avec une assurance et un son ample, égal et homogène. L’interprétation est pétillante et lumineuse dans les pièces, plus active et sensible dans celles nécessitant plus de retenue et d’intériorité. Nommons à cet effet l’énergique et emblématique Czárdás de Vittorio Monti qui a mis en valeur la virtuosité d’Amélie Lamontagne, ainsi que le très beau et touchant rendu du chant traditionnel Pari Arakil d’Aleksey Hekimyanainsi que de l’Underground Tango de Goran Bergovich. Les œuvres interprétées étaient toutes arrangées par Nayiri Piloyan, dont nous saluons l’intelligence de l’écriture où chaque ligne instrumentale est mise en valeur et donne aux œuvres une dimension nouvelle tout en préservant leur nature. Les extraits de Gayaneh et de la Valse d’Aram Khatchatourian illustrent ce propos.

Le quatuor a conclu son concert en interprétant un pot-pourri de chansons de Charles Aznavour, un autre symbole fort de la diaspora arménienne, qui aurait célébré son 100e anniversaire de naissance cette année.

crédit photo: Gabriel Fournier

MUTEK 2024 – Utopie ou oubli

par Elsa Fortant

Le 19 août 2024, le Sommet Future Festivals a lancé la 10e édition du Forum MUTEK « Utopie ou oubli » à la Société des arts technologiques (SAT). L’objectif de cette journée était de réunir les créateurs de festivals, les artistes et les publics pour explorer des idées et des projets innovants pour l’avenir des festivals. PAN M 360 a assisté à la conférence d’ouverture et voici ce qu’il faut savoir à ce sujet.

La conférence d’ouverture du Sommet Future Festivals, intitulée « Du festival comme laboratoire vers la culture d’utopies temporaires », a commencé par Drew Hemment qui a posé deux questions simples mais complexes : « Pourquoi faisons-nous des festivals ? Pourquoi ont-ils de l’importance ? »

Drew Hemment est un universitaire, artiste et commissaire d’exposition britannique connu pour son travail de pionnier à l’intersection de la technologie, de la culture et de la société. Les travaux de Drew Hemment couvrent des domaines tels que la science des données, l’IA et le design. Il est actuellement associé à l’université d’Édimbourg, où il contribue à des projets tels que les festivals du futur à l’Edinburgh Futures Institute et travaille avec l’Alan Turing Institute. 

Au cours de sa présentation, Drew Hemment a exploré l’évolution des festivals en tant que plateformes d’innovation et de changement social. Il a commencé par retracer son parcours, de DJ à la fin des années 80 à la fondation de FutureEverything en 1995, en soulignant comment ses propres pratiques sont intégrées dans les projets de recherche qu’il dirige actuellement, notamment The New Real, un centre pour l’IA, la recherche créative et la recherche sur l’avenir, géré comme un festival. 

S’appuyant sur son expérience avec le FutureEverything, Hemment a discuté de l’éthique qui sous-tend les festivals, soulignant le besoin de méthodologies de prototypage et de création d’outils à la croisée de la création de festivals, de la théorie critique et des méthodes de conception. La boîte à outils The Festival As Lab, le FutureEverything Manual ou le Future Festival Field Guide sont de parfaits exemples de ce qui peut être partagé.

L’universitaire britannique a ensuite mis en lumière six trajectoires clés (et non des prédictions !) pour les festivals à venir : 

  1. Paratonnerres pour les signaux faibles
  2. Faciliter les découvertes fortuites
  3. Créateurs de nouveaux sens et de nouvelles formes
  4. Favoriser les connexions et les communautés au-delà de la bulle de filtre 
  5. Infrastructures culturelles additives et régénératives
  6. Catalyseurs de l’intelligence planétaire

Vous pouvez trouver les détails de ces trajectoires, chacune accompagnée d’une recommandation, dans un article (très accessible) écrit par Hemment à https://www.holo.mg/dossiers/future-festivals-field-guide/#68760

L’engagement de Drew Hemment à partager ses connaissances sur les festivals interdisciplinaires et socialement engagés montre qu’il croit en leur rôle essentiel pour façonner l’avenir. Toutefois, pour assurer leur pérennité, il faudra relever les défis infrastructurels grâce à un effort collectif, à l’attention et à la détermination.

Crédit photo: Maryse Boyce

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ambient / classique occidental / électronique / Experimental

Virée classique de l’OSM | Fin de soirée transcendante

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

La soirée du 17 août à la Virée classique de l’OSM s’est conclue par une performance live ou la musique classique rencontrait la musique électronique.  Sur la grande scène extérieure de l’Esplanade Tranquille, un trio de cordistes de l’OSM, constitué de la violoniste Abby Walsh, de l’altiste Scott Chancey et du violoncelliste Julien Siino, s’était greffé au claviériste Nicolas Boucher et à la VJ Line Katcho, pour interpréter la pièce Les Empires de Guillaume Coutu Dumont. Puisant son inspiration dans la nostalgie de l’enfance, notamment les souvenirs de dessins animés et les bandes sonores de films, la performance a attiré une honorable foule, peut-être plus qu’anticipé, car des bénévoles de la Virée ont dû s’affairer à installer des rangers supplémentaires de chaises. Si les référents nous ont échappé, le matériau musical dans son ensemble et l’interaction avec les musiciens, dont les motifs circulaires et les lignes mélodiques étaient un des moteurs qui alimentait les échantillonnages sonores contrôlés par Dumont Coutu. L’adéquation vidéo-musique était agréable sans être agressive, pour une musique qui se veut complexe dans son traitement, mais volontairement accessible : une musique par laquelle on se laisse emporter et transporter facilement.

Ce concert, présenté en partenariat avec le festival MUTEK, qui commencera le 20 août, était une présentation et une introduction toute en douceur à la musique électronique et à ses potentielles collaborations avec d’autres genres musicaux, dont la musique orchestrale.

crédit photo: Antoine Saito

classique occidental / musique de chambre / période romantique

Virée classique de l’OSM | Virtuosité, élégance et écoute de Fauré à Chausson

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Après avoir interprété avec l’OSM le Concerto no 5 de Saint-Saëns, le pianiste Cédric Tiberghien remontait sur scène quelques heures pour un deuxième concert. Comme l’a présenté Marianne Dugal, deuxième violon solo associé de l’OSM, l’interprète mériterait une médaille pour son endurance tant les deux œuvres sont complexes et virtuoses, notamment le Concert op. 21 d’Ernest Chausson qui est de facture pianistique titanesque. Œuvre centrale de ce concert programmé dans l’intimé de la Cinquième salle, cette œuvre se distingue par son effectif peu commun : un piano, un violon et un quatuor à cordes. À mi-chemin entre la pièce de musique de chambre et le concerto, la forme ne paraît pas disproportionnée ou disparate à l’oreille, tant l’écriture de Chausson est fine, donnant la part belle à chacun des intervenants. Ce qui frappe et captive également, c’est le langage musical qui est déployé par le compositeur. Empruntant tant à l’esthétique française qu’au langage wagnérien, l’œuvre est d’une étonnante organicité dans des mouvements où apparaissent des thèmes folkloriques et un chromatisme dramatique. Dans le plus pur esprit d’une œuvre de Wagner, on est sur le bout de notre siège pour voir – et entendre – où l’harmonie va s’en aller. Tiberghien se démarque encore par son jeu clair et précis, son doigté raffiné et énergique et l’écoute attentive de ses partenaires de jeu, Dugal, (violon solo), Alexander Read et Richard Zheng (violons), Victor Fournelle-Blain (alto) et Anna Burden (violoncelle) qui ont tous offert une performance solide.

L’œuvre était précédée de la Sonate pour violoncelle et piano de Debussy et de l’Élégie de Fauré, interprétée par Anna Burden avec beaucoup d’élégance et d’intensité. Seul petit bémol, la balance provenant de l’amplification des micros n’était pas égale en fonction de la zone investie par les cordistes sur scène, de sorte que dans les passages solos, le son de Marianne Dugal et Anna Burden, semblait par moment étouffé.

classique occidental

Virée classique de l’OSM | Une Harmonie éclatante

par Alexandre Villemaire

Après leurs collègues de l’OSJM, c’était au tour des membres de l’Harmonie des jeunes de la Virée de venir remplir l’espace au Complexe Desjardins. Habitué de l’événement, ce grand ensemble à vent, composé d’élèves provenant de plusieurs écoles secondaires de Montréal, a rempli l’atrium du centre commercial avec un son homogène, équilibré, clair et mordant pour offrir une performance des plus éclatante. Solide et dirigé de manière énergique par Éric Levasseur, l’ensemble a enchaîné des morceaux aux couleurs orientales et méditerranéennes qui cadraient parfaitement avec la thématique de cette Virée. Il était impossible de ne pas taper du pied ou d’esquisser un petit pas de danse à l’écoute de la Polka italienne de Rachmaninov ou encore de la fameuse España d’Emmanuel Chabrier. Pour en témoigner, un père et ses deux jeunes filles qui prenaient plaisir à se déhancher sur les différents rythmes et mélodies!

Après le caractère festif de ses pièces, les jeunes musiciens ont aussi démontré l’étendue de leur jeu et de leur palette de couleurs avec la pièce Duat du compositeur Alex Poelman. La pièce évoque le parcours qu’une âme humaine – dans la mythologie égyptienne – devait emprunter dans le monde souterrain de Douât pour espérer accéder à la vie éternelle. À la fin de son périple, celle-ci était pesée sur une balance et pour d’élever ne devait pas excéder le poids d’une plume. La musique évoque parfaitement ce récit avec des grondements au caractère sombre et dramatique dans les graves enrobés de mélismes arabisants. L’œuvre se conclut par une finale lumineuse tenue par les flûtes dans l’aigu. Assurément, le public réparti sur les différents étages du complexe a été conquis.

baroque / classique / classique moderne

Virée classique de l’OSM | Miloš soliloque, des Beatles à Villa Lobos en passant par le baroque

par Alain Brunet

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Pour une deuxième journée consécutive à la Virée classique de l’OSM, on a joé Asturias, du compositeur espagnol Isaac Albeniz, une œuvre pour piano cette fois transcrite pour la guitare classique et que jouent la plupart de ses praticiens. C’est ainsi que Miloš Karadaglić a commencé son récital d’une heure, question de remonter aux sources de sa motivation à devenir ce qu’il est. Il nous confiera avoir entendu Asturias dès l’enfance, sur un enregistrement public d’Andrés Segovia, virtuose espagnol de la guitare classique au siècle précédent. « Cela a vraiment changé ma vie », a-t-il confié ce dimanche 18 août dans la Cinquième salle de la Place des Arts.

Le virtuose du Montenegro, peut-être le plus prisé guitariste classique sur le circuit symphonique ces dernières années, est un être charmant. Un vrai gentil. Sa beauté physique, sa capacité de communiquer et sa grande courtoisie sont certes des atouts majeurs qui militent en sa faveur pour ainsi le maintenir dans le peloton de tête.

Cela ne fait pas de lui le meilleur guitariste classique sur Terre, mais le mec est excellent malgré quelques petits défauts ça et là. Il est extrêmement difficile de maintenir une intelligibilité parfaite côté sonorité des cordes, certaines notes étouffées ne devraient peut-être pas toujours l’être mais bon, il faut écouter très attentivement pour le réaliser, ce qui est tout même un léger détail qui n’affecte en rien la perception d’ensemble.

Il a enchaîné avec une autre pièce écrite originellement pour le clavier durant la période baroque, soit Les heures et les arts de Jean-Philippe Rameau, suivi de la Passacaille de Sylvius Leopold Weiss, célébrissime luthiste allemand du baroque ayant vécu à la même époque de JS Bach et qui avait sans doute influencé le génie que tout le monde caonnaît. La guitare classique n’existait pas alors, des transcriptions étaient forcément de mise et s’adaptent parfaitement au répertoire d’aujourd’hui. L’intérêt de Miloš pour la musique baroque est en hausse, il s’y consacre particulièrement par les temps qui courent, les résultats sont là avec ces magnifiques transcriptions offertes au public.

Le guitariste enchaînera avec la synthèse réussie des Préludes, 1, 3 et 5 du grand compositeur brésilien Heitor Villa Lobos, dont les œuvres pour la guitare sont incontournables dans le répertoire moderne.

Après avoir joué un arrangement de Yesterday (Paul McCartney) par Tōru Takemitsu, évidemment très prisé par le public, Miloš conclura son programme officiel par l’exécution d’Amor Fati, une commande faite au compositeur et guitariste français Mathias Duplessy. L’œuvre est contemporaine mais mélodiquement et harmoniquement consonante sauf de très courts passages, elle sied parfaitement à la guitare et à son interprète qui reviendra sur scène pour un rappel avec l’interprétation de Lacrima, une œuvre du maître guitariste espagnol Francisco Tárrega ayant surtout sévi au 19e siècle, œuvre composée à l’occasion d’un séjour déprimant à Londres où il pleuvaient des corde. Cet état dépressif était similaire à celui de notre interprète alors qu’il venait de débarquer dans la capitale britannique, alors âgé de 17 ans. Il en a aujourd’hui 41, aucun cafard à l’horizon!

classique occidental

Virée classique 2024 | Philharmonia Fantastique : une réelle animation

par Alexis Desrosiers-Michaud

Ce film d’animation de Gary Rydstrom sur une musique de Mason Bates (Anthology of a Zoology, dont on conseille fortement l’écoute) raconte l’histoire de Sprite, petit bonhomme de quatre couleurs qui découvre les instruments de l’orchestre par famille. Le film est conçu pour être projeté en arrière d’un orchestre qui joue en live, mais il est possible de le regarder sans, comme nous l’avons visionné. 

Après une introduction entièrement animée où la musique est parfaitement synchronisée à l’écran, Sprite commence son voyage de section en section. À partir de là, le film alterne entre images d’instrumentistes réels et animations, alors que le petit lutin est toujours en dessins animés. Chaque famille a une couleur et un style musical distincts. Il est très intéressant de voir Sprite se promener à l’intérieur des instruments, nous permettant ainsi de voir comment ils fonctionnent. Il est ainsi fascinant de constater, par exemple, lors d’une poursuite entre Sprite et un chat, comment l’air est dévié chez les cuivres lorsque les musiciens appuient sur des pistons ou des clés. On rit également lorsqu’il tombe dans les œillères du violoncelle et qu’il subit les effets des énormes vibrations de l’instrument. 

La musique de Mason Bates relève du pur génie. D’un feu roulant, dense et rythmiquement complexe, elle est en soi le moteur même du film, passant du jazz à l’orientale ou à la fanfare sans trop que l’on s’en aperçoive. La fin est digne d’une musique de film hollywoodien. Bref, il s’agit d’un divertissement bien construit, éducatif et ludique, tant pour les jeunes que pour les adultes.

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classique / Moyen-Orient / Levant / Maghreb

Virée classique 2024 | OSM and Constantinople: Colourful Dialogues, a Conversation To Be Continued

par Alexandre Villemaire

The PAN M 360 team is very present at the Virée classique, presented by the OSM. In the field, at free activities and indoor concerts, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud and Alexandre Villemaire report on what they’ve seen and heard at events presented in Montreal until August 18.

On paper, it was a premiere like no other. For the first time in its history, the Orchestre symphonique de Montréal welcomed a traditional music ensemble to the Maison symphonique for a joint concert. And not just any ensemble: Constantinople, a well-known and well-established presence on the Montreal and Quebec musical scene. The choice of Constantinople was an obvious one, since the ensemble’s identity and practice are, as its artistic director Kiya Tabassian reminds us, dialogue and cross-fertilization between musical universes. A vision also shared by Rafael Payare.

If we can say that there was indeed a dialogue, the concert we were treated to showed that the conversation, for its part, deserved to gain in depth. While we expected to hear and see interaction between the orchestra and Constantinople’s musicians, we were treated to a question-and-answer exchange in which Constantinople’s virtuoso interventions of Dimitrie Cantemir’s pieces were interspersed with excerpts from Grieg’s Peer Gynt suite, played with fervor and mastery by the OSM. Peer Gynt makes sense thematically, the eponymous character of Ibsen’s fairy tale embodying the figure of the traveler who, in the course of his tale, settles for a time in North Africa. Unfortunately, the interplay with the music, particularly in the “Anitra Dance” and the “Arabian Dance”, seemed more like a pastiche than an organic element.

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