C’est devant une sallecombleque la chanteuse Yseult est apparue au MTelus lundi soir. À peine les lumières éteintes et la salle commençait à se déchaîner. Au loin, on entend une voix qui fait le décompte en anglais, promettant une mise en scène intriguante. Elle est accompagnée par ses deux musiciens américains, à la guitare et à la batterie, qu’elle taquine et imite l’accent par moments durant le show. Vêtue d’un pantalon militaire, de gants blancs avec « Mental Tour » écrit dessus, des colliers autour du cou et des ceintures autour de la taille. La chanteuse française originaire du Cameroun ouvre le bal avec Noir et semble s’éclater sur scène. Elle danse, se promène, suivie de près par un vidéaste qui capte le moment. « Ça fait plaisir de revenir à Montréal, je suis assez émue parce que c’est la première fois que je produis une tournée toute seule », nous partage-t-elle émue, sous des applaudissements. « C’est grâce à vous que je peux faire tout ça ! », poursuit-elle. Elle jongle entre ses classiques tels que Corps et des morceaux de son plus récent projet Mental, comme Garçon ou encore le hit Gasolina, qui a su faire danser le public. Le rock est omniprésent durant le spectacle, elle crie, elle hurle même, entre des solos de guitare électrique intenses.
« Qu’on m’enlève cette putain de perruque, je vais me mettre à l’aise », dit-elle avant de réapparaitre avec une casquette. Sa présence scénique est indéniable. « Est-ce que je peux vous partager une nouvelle chanson, une chanson qui n’est pas encore sortie ? », demande-t-elle à la foule, ravie de ce privilège. Et voilà que nous découvrons Problematic, qui plait à l’audience, surtout la section acoustique, ainsi que Hysteria, également une chanson inédite. Les applaudissements pleuvent mais c’est surtout après le morceau Corps, que la foule ne voulait pas s’arrêter d’applaudir. Elle l’a fait a capella parce qu’elle s’était promise que plus jamais elle ne la ferait en piano-voix, depuis le décès de son pianiste Nino Vella en 2024. Le public l’a d’ailleurs accompagné sur le refrain, l’un des moments forts du spectacle.
Elle a terminé avec le morceau Suicide, idéal pour clôturer le show, avant de revenir pour un rappel en mode techno. C’était peut-être un lundi soir, mais cela n’a pas empêché le MTelus d’être rempli. Prochain arrêt: New York le 3 février.
Crédit photo: Léa
Voïvod Symphonique — La symphonie s’invite dans l’ovni du métal québécois
par Laurent Bellemare
Dans une salle Wilfrid-Pelletier bien remplie avait lieu le 29 janvier la première mondiale de Voïvod Symphonique, collaboration déjantée unifiant l’Orchestre Symphonique de Montréal au groupe mythique de métal québécois.
Avant même l’ouverture des portes, on sentait l’engouement de cette pérégrination de métalleux dont plusieurs attendaient patiemment en file devant la traditionnelle table de produits dérivés. À ce qu’on dit, certaines personnes seraient venues d’aussi loin que le Chili pour assister à cette manifestation multisensorielle de l’épique.
Officiellement rangé dans la série des concerts pop de l’OSM, cette formule hybride métal et classique aurait pu être casse-gueule de diverses façons. Heureusement, l’introduction orchestrale et les premières notes d’Experiment ont tôt fait de faire taire le doute: un Voïvod orchestral, ça marche!
Les morceaux de Voïvod, même dans le thrash metal le plus cru, regorgent de nutriments harmoniques, ici brillamment augmentés par l’arrangeur Hugo Bégin. Dans cette forme maximaliste, le groupe a pu faire apprécier ses compositions dans toute leur puissance cinématographique. Voilà qui rendait bien justice aux trames sonores de films qui ont inspiré le geste créateur de Voïvod depuis ses débuts.
Acoustiquement, l’alliage était somme toute plutôt réussi. À la table de mixage, il faut dire, on pouvait compter sur un Larry O’Malley aguerri en matière de projets éclectiques, notamment au Festival de Musique Actuelle de Victoriaville.
Cependant, l’orchestre se perdait parfois sous le quatuor amplifié, devenant ainsi texture de second plan. Cela étant dit, ce n’était pas difficile de maintenir l’attention sur les arrangements toujours présents des cordes et des cuivres. Il n’y avait par contre que très peu d’interactions audibles entre la batterie et les percussions classiques, légère déception. Était-ce une question d’équilibre sonore ou d’arrangement? Quoi qu’il en soit, on aurait souhaité une plus grande exploration du potentiel rythmique du métal dans l’exécution des percussions classiques.
Néanmoins, l’appréciation d’un concert de métal avec orchestre sans bouchons et donc sans se brûler les cellules ciliées relève tout de même de l’exploit.
Les morceaux plus lents, tels The End of Dormancy ou la fameuse reprise de Pink Floyd Astronomy Domine, jouée en fermeture de concert, laissaient tout l’espace nécessaire à l’OSM pour briller. Durant ces reprises de souffle, il était vraiment possible de savourer le détail des arrangements, extrapolations grandioses qui venaient colorer et remplir avec goût l’espace spectral.
L’un des moments les plus jubilatoires du concert était sans doute la citation du Sacre du Printemps de Stravinski figurant dans la pièce Pre-Ignition, citée textuellement dans son arrangement orchestral originel… À en donner des frissons!
Qui plus est, l’environnement visuel de ce programme n’était pas en reste. Au-delà de la présence électrisante d’un groupe métal au sommet de sa forme ainsi qu’un orchestre dirigé par le jeu intense et dynamique de Dina Gilbert, le public pouvait se réjouir des projections gigantesques réalisées par Marcella Grimaux On pouvait alors réinterpréter les concepts artistiques du batteur Michel Langevin. Ces animations psychédéliques, souvent post-apocalyptiques, ont magnifié l’univers mythologique de Voïvod, et ce d’une manière inédite. Chaque morceau avait son propre concept, sa propre esthétique et son style d’animation, à l’image de l’évolution discographique du groupe culte.
Concluons que Voïvod Symphonique est un franc succès. Il n’y avait pas meilleur choix de groupe pour explorer la face cachée du métal, sa face orchestrale ! On ressentait clairement que le public était charmé devant l’impact de ces deux institutions québécoises réunies sur une même scène.
Tant d’autres pièces de Voïvod se prêteraient parfaitement à l’exercice, on est en droit d’espérer que cette rencontre se répète et dure. Ode au métal, ode au classique, ode à la longévité du groupe de Jonquière, ode à l’imagination de Michel Away Langevin et ode à la créativité sans bornes de feu Denis “Piggy” D’Amour: Voïvod Symphonique c,est toutes ces choses et bien plus encore!
Igloofest, samedi 25 janvier / Combattre le froid par la danse avec Skepta (Mas Tiempo), MNSA, Dennis Ferrer, Cheba Iman, et tant d’autres
par Léa Dieghi
Deux scènes, deux ambiances. Et toujours plus de danse. Pour cette soirée du 25 Janvier 2025, l’équipe d’Igloofest a décidé de nous offrir une programmation particulièrement différente entre la scène principale Sapporo, et sa petite sœur Vidéotron. Si l’une était une ôde à la house, l’autre l’était au métissage entre musiques traditionnelles nord-africaines et musiques électroniques contemporaines
Déconstruction, reconstruction, hybridation entre différents genres… Les sets sur la petite scène Vidéotron ont su briller de par leurs métissages et imbrications sonores. Et même si la scène est quatre fois plus petite (on n’a pas pris le temps de mesurer, mais on imagine!), les sets de ces artistes majoritairement issus du Canada ont su faire fondre la neige sous nos pieds.
Imaginez le décor. On s’enfuit derrière la scène principale, pour déboucher vers celle de Vidéotron via un tunnel de lumière. Qu’est-ce qui nous y attend ? Un public qui saute littéralement sous les à-coups des percussions.
Afro-beat, drum and bass, drill, downtempo, hip-hop, mais aussi tech-house, tout ça mixé avec des musiques traditionnelles arabiques.
Mnsa, arborant fièrement son foulard de la Palestine, était un soleil dans la nuit d’hiver. Avec sa bonne humeur contagieuse et son enchaînement de sons aux différents tempos, il n’a pas lâché le public une seule minute. Entre classiques pop, heavy bass lines, musiques traditionnelles arabes, le tout mixé sur un fond de techno, mes doigts, jusqu’alors glacés par la bière que je tenais entre mes mains, se sont rapidement réchauffés.
Une ouverture parfaite pour le set de Nadim Maghzal, qui, à sa façon, a su reprendre le flambeau et faire grimper les gens -littéralement- sur les devants de la scène. Au rendez-vous ? De la musique électronique très percussive, comme on l’aime, toujours associée aux sonorités nords africaines, et à la UK Bass.
Ces quatres artistes, de Manalou à Cheba Iman, -qui, elles aussi, nous ont offert des performances particulièrement singulières-, ont prouvé la beauté de la synergie entre la musique d’Amérique du Nord et celle d’Afrique. Ils nous ont aussi montré à quel point être un DJ, c’est avant tout faire communauté, et partager une certaine joie de vivre, ensemble.
SAPORO: Lia Plutonic, Syreeta, Dennis Ferrer, Skepta (sous son label House, Mas tiempo) “HOUSE HOUSE HOUSE”
Un mot qui résonne, pendant que je danse face à la scène principale.
De Lia Plutonic (Residente Montréalaise) à Dennis Ferrer, ce sont les classiques de la House musiques qui s’enchaînent, tous remixés à leur propre sauce!
Sapporo
Derrière les quatre DJ-producteurs de la scène Sapporo, quatre différentes visions de la house musique et de ses déclinaisons. Un genre qui traverse le temps et l’espace, et qui permet de réunir un public aux horizons diverses.
Si Syreeta nous a offert des sons un peu plus ancrés dans la culture britannique de la house musique (d’où elle vient), son mix entre techno, voix mélodiques et rythmiques house UK s’est avéré un terrain particulièrement fertile pour accueillir son confrère d’outre-mer: Denis Ferrer, artiste influent de la scène électronique depuis plus de quinze ans.
Tandis que Syreeta et Lia Plutonic surfaient un peu plus sur l’hybridation house et techno, Dennis Ferrer est clairement revenu aux sources de la house new-yorkaise, pour nous offrir un set très disco-funk-tech-house. Très mélodique, très progressive, très années 90, avec des classiques comme Ain’t Nobody (Loves me better). Au devant de la scène, c’était une foule de tous âges qui dansait. La preuve, encore une fois, de la capacité rassembleuse de la house !
Leurs sets très vibrants ont su accueillir avec une joie non dissimulée l’artiste principale de la soirée, Skepta, performant sous son projet Mas tiempo, qui a rapidement augmenté le BPM d’un cran. Bien qu’il soit mieux connu pour ses performances-productions en tant que MC-rappeur, l’artiste Londonien a su se démarquer ces dernières années par ses mixs très rythmiques, parfois déconstruits, mais pourtant particulièrement progressifs et toujours très house.
Au rendez vous: UK Drill et Grim, drum and bass, house, pour finir sur de la techno prog. La foule était déjà déchaînée, alors que plus d’une dizaine de couples vus, du haut de ma terrasse, monter sur les épaules des uns et des autres. Y’a des ballons qui volent dans les airs, les corps qui se percutent en dansant, les voix s’égosillent et des flocons de neige tombent sur le haut de nos têtes.
Une très belle clôture de soirée d’hiver, pour une très belle programmation de ce samedi soir d’Igloofest.
À la base, je ne comptais pas couvrir le spectacle de samedi passé à la Brassée, j’y allais en mode spectatrice, pour découvrir celui dont tout le monde me parle en ce moment, Alain Oyono. Originaire du Cameroun, mais vivant au Sénégal depuis plus d’une décennie, le saxophoniste, qui fait partie de l’orchestre « Super Étoile de Dakar » de Youssou N’Dour, nous en a mis plein la vue. À tel point qu’il était difficile de garder ça pour moi, alors voici.
En guise d’introduction, il opte pour la douceur avec le morceau The Beginning, qui marque aussi le début de la carrière solo de l’artiste, avant de nous faire découvrir ses talents de chanteur sur Loba qui signifie Dieu en douala, langue parlée dans la région littorale du Cameroun. Des airs qui me font tout de suite penser à Kenny G, que j’écoutais en boucles durant ma jeunesse.
Sur fond d’instrumentaux soigneusement agencés, et muni d’un laptop, de pédales, d’une mini-console, Alain, qui est également auteur, compositeur, interprète, parvient non seulement à jouer son instrument tout en étant ingénieur de son. Sur certains morceaux, des notes de piano, de l’afrobeat ou de l’afro jazz servent de base pour lui permettre d’improviser dessus à sa guise. Sur d’autres morceaux, il introduit des bruits d’ambiance pré-enregistrés, des chœurs, et d’autres sons qui viennent complémenter son instrument.
Dans son dernier EP sorti en 2023, intitulé Transcendance, il rend hommage à la nature, notamment dans le titre « Ma nature ». « Cet album est dédié à l’écosystème, surtout dans ces moments difficiles. Heureusement, vous ramenez de la chaleur ici ce soir » dit-il en s’adressant à la foule.
Plusieurs instruments se rajoutent les uns après les autres durant la deuxième partie du concert.
Alain revient sur scène d’abord accompagné par Dauphin Mbuyi à la basse, puis quelques chansons plus tard, Deo Munyakazi rejoint le duo avec son inanga, instrument à cordes traditionnel rwandais qui s’apparente à la cithare. Ensemble, ils parviennent à créer de la magie sous nos yeux ébahis. Viennent ensuite se joindre à eux Dicko Fils, du Burkina Faso, à la voix envoûtante, nous rappelant le Sahel et la charmante Sylvie Picard, qui nous ont enchanté chacun à leur manière.
Et alors qu’on pensait que le concert tirait à sa fin, Raphaël Ojo est arrivé avec son djembe pour rajouter sa touche finale. Le concert se transforme en jam session, au grand plaisir du public, qui réalise peu à peu qu’il est en train de vivre un moment unique. Le propriétaire de la Brassée m’a d’ailleurs confié que c’était l’un de ses concerts préférés. « Est-ce que toi aussi tu trippes autant que moi en ce moment ? » me demande-t-il à l’oreille, entre deux morceaux ? « Je plane », lui ai-je répondu.
Le concert ne pouvait pas terminer sans un hommage au géant Manu Dibango, avec une reprise du classique Soul Makossa, ce qui a beaucoup plu au couple assis à côté de moi. Bref, tout ça pour dire que le public de la Brassée peut s’estimer chanceux d’avoir découvert un artiste qui fera sûrement parler de lui sur la scène artistique montréalaise en 2025 et au-delà !
OSM | Entre les basses islandaises et « l’inoubliable » concerto de Bruch
par Judith Hamel
L’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM), sous la direction de la cheffe Dalia Stasevska et du violoniste virtuose Randall Goosby, présentait mercredi soir un programme mettant de l’avant les compositrices Thorvaldsdottir et Price ainsi que les compositeurs Bruch et Dvořák.
Archora d’Anna Thorvaldsdottir, fruit d’une commande de plusieurs grands orchestres et créée en 2022, a ouvert le concert sur un paysage sonore envoûtant d’une vingtaine de minutes. Conçue pour évoquer un univers texturé, l’œuvre transporte l’auditoire dans une exploration des potentiels sonores et énergétiques de l’ensemble.
Dès les premières notes, les hypergraves envahissent l’espace, créant une masse sonore imposante, palpable. Les crissements des cymbales ajoutent une dimension organique, tandis que les vents cliquent leurs clés et usent de leur souffle pour amplifier l’atmosphère mystique de l’œuvre. Tout ça insufflant un narratif quasi vivant. Puis, l’orgue, par sa présence imposante, amplifie l’impression d’immensité, d’une pièce plus grande que nous. Ces vingt minutes se sont écoulées avec une grande fluidité, comme une unique vague qui nous renverse. La stabilité apparente des sons, obtenue par l’entrelacement des respirations des musiciens, donnait une impression surhumaine.
Le soliste américain Randall Goosby est ensuite monté sur scène pour offrir un jeu droit et porté avec finesse par sa grande maîtrise de l’instrument. « L’inoubliable » Concerto pour violon no 1 de Max Bruch, bien qu’ayant quelque peu frustré le compositeur par son pouvoir éclipsant de ses autres concertos, demeure une œuvre phare dans le répertoire romantique allemand. Ce soir, dans l’« Adagio », Goosby a su exprimer toute l’intensité de cette romance intérieure. C’est toutefois dans le troisième mouvement que la prestation du soliste a pris tout son éclat. Il s’est déployé dans les thèmes dansants et passionnés qui laissent transparaître les origines hongroises de Bruch ainsi que dans les passages techniques finaux. Ces accents enjoués ont résonné particulièrement avec son jeu empreint d’une légèreté et d’une facilité apparente. Un jeune virtuose qui ne nous a pas renversés par sa musicalité, mais dont la technique et l’aisance qu’il porte sont impressionnantes.
Adoration de Florence Price a ouvert la deuxième partie dans une version orchestrée pour violon et orchestre de J. Gray, mettant une deuxième compositrice à l’honneur. Cette courte pièce a particulièrement bien convenu à Randall Goosby, qui a su transmettre efficacement la charge émotionnelle à travers son jeu droit, mais honnête. Toutefois, un concert de l’OSM n’y échappe pas, au moment de lever son archet, Goosby est interrompu par le téléphone d’un membre de l’audience qui réécoutait l’enregistrement de sa prestation de la première partie à plein volume. Avec humour et patience, il a baissé son archet et lancé : « You can play it again if you want ». Mais à peine a-t-il commencé à jouer qu’une sonnerie de criquet retentit dans la salle. Des criquets qui heureusement n’étaient pas de circonstance, mais qui ont bien fait rire l’audience.
Bien que l’œuvre concertante ait donné le titre à la soirée, c’est la Symphonie no 8 de Dvořák, dirigée avec fougue par Dalia Stasevska, qui s’est imposée comme le moment le plus marquant. La cheffe d’orchestre s’est particulièrement illustrée par une direction mettant de l’accent sur des contrastes drastiques de nuances et par des exagérations de certains passages rythmiques. Cette symphonie à l’atmosphère bucolique s’est donc déployée à travers des moments de légèreté, des traits droits de trompettes et par les caractères populaires exagérés de certains thèmes dansants. Le quatrième mouvement, qui s’ouvre sur un appel flamboyant des trompettes et qui se termine avec des passages chromatiques bien groovés, a terminé le concert sur une note de jeunesse bien appréciable.
crédit photos: Randall Goosby – Kaupo Kicks ; Dalia Stasevska – Antoine Saito
Le Vivier | I Am Vertical: Du Sylvie Plath sur un rythme latin
par Judith Hamel
Au cœur de l’Espace Orange de l’Édifice Wilder, une collaboration entre l’ensemble de percussions Sixtrum et l’ensemble Cordâme a donné lieu au concert I Am Vertical, un projet porté par le contrebassiste et compositeur Jean-Félix Mailloux visant à rendre hommage à la poétesse américaine Sylvia Plath.
À travers ses réinterprétations des poèmes, Mailloux a taillé une œuvre sur mesure pour cette collaboration, dont les mots tourmentés ont pris une nouvelle vie sur des textures sonores inspirées du jazz et de la musique contemporaine.
Le programme s’est ouvert avec I Am Vertical, où Plath y dévoile son désir d’horizontalité en comparaison à la verticalité des arbres et des fleurs : « It is more natural to me, lying down. Then the sky and I are in open conversation. And I shall be useful when I lie down finally: The trees may touch me for once, and the flowers have time for me. » Cette recherche d’authenticité et de contact véritable trouve écho dans l’esprit collaboratif du concert, où contrairement au titre de l’événement, une horizontalité incarne l’authenticité des interactions entre les musicien·ne·s sur scène.
Portée par la voix expressive de Coral Egan, chaque pièce du programme explore une facette particulière de l’univers de Plath. Des poèmes profondément tourmentés, comme Daddy qui évoque sa relation complexe avec son père, décédé lorsqu’elle était enfant, côtoient des textes plus légers, quoique toujours empreints d’une mélancolie sous-jacente. Balloons, par exemple, évoque les ballons à moitié dégonflés après une fête soulignée par des percussions stables, des petits motifs ascendants mis en boucle et une orchestration plus enfantine.
Soliloquy of the Solipsist, composée pendant un voyage professionnel à Hong Kong et Shanghai, s’ouvre sur une envolée de violoncelle soutenue par des coups de grosse caisse. Fidèle au poème, la musique navigue entre un rythme stable de marche et des instabilités qui reflètent l’aspect onirique et surréaliste du texte.
Parmi les moments les plus marquants, Ariel, tiré du recueil posthume du même nom, se distingue par son audace de sa réinterprétation. Portée par un rythme latin affirmé, cette pièce capte avec finesse les tensions entre l’élan créatif et l’instabilité psychologique de la poétesse. Le texte évoque l’imaginaire d’une balade à cheval qui évolue vers une libération et une évaporation corporelle. Le choix de Mailloux d’interpréter ce texte sur un rythme dansant, qui lui-même invite à une libération physique, est donc un choix très intéressant.
Enfin, Poppies in October clôt magnifiquement le programme en illustrant, dans un court arrangement porté par le udu et les cordes, le contraste entre la douceur de la nature et la brutalité sous-jacente de l’existence humaine.
Malgré la qualité exceptionnelle de tous les musicien·nes, certains textes poétiques ont été difficilement perceptibles dû à l’acoustique limitante de la salle. Heureusement, le programme, qui comprenait l’intégralité des poèmes, a pu pallier cette difficulté technique, bien que l’expérience du concert en aurait bénéficié.
Sous la plume inspirée de Jean-Félix Mailloux, Sixtrum et Cordâme ont offert un concert de grande qualité avec une relecture audacieuse de l’œuvre de Sylvia Plath.
Arion Orchestre Baroque | Une soirée musicale bien caféinée
par Alexandre Villemaire
Pour son premier concert de l’année 2025, Arion Orchestre Baroque recevait deux musiciens dont la venue était attendue depuis cinq ans, contexte pandémique oblige. Le programme de concert était donc porté par le violoniste Pablo Valetti et la claveciniste Céline Frisch, cofondateurs et directeurs artistiques de l’ensemble Café Zimmerman. La dernière présence de l’ensemble lui-même au Canada remonte à 2015, mais c’est la première fois que Céline Frisch et Pablo Valetti se joignent à l’effectif d’Arion pour en présider la destinée le temps d’un programme de concert.
Le nom de l’ensemble fait référence à l’établissement éponyme de Gottfried Zimmermann à Leipzig, un lieu où on ne fumait pas que la pipe et buvait du café – boisson exotique très en vogue à l’époque – mais aussi un endroit de rassemblement où les étudiants, les marchands et les membres de la bourgeoisie venaient discuter et débattre dans un environnement où « l’expérimentation musicale et l’échange intellectuel jouaient un […] rôle de premier plan ». C’est sur ces aspects que le programme de la soirée était clairement constitué, avec une première partie dédiée à la musique de J. S. Bach, Johann Friedrich Fasch et Georg Philipp Telemann, clairement campée dans l’univers sonore baroque, et une deuxième aux deux fils de Bach, Wilhelm et Carl Philipp Emmanuel, plus expérimentale et préfigurant l’esthétique de la période classique.
« L’Ouverture » tirée de la Suite en ré mineur de Fasch a offert une belle entrée en matière, avec un thème royal majestueux porté avec son affirmé, plein boisé par les musiciens d’Arion. Le jeu de Mathieu Lussier, directeur musical et artistique de l’ensemble, qui a tronqué ses habits de chef pour revêtir le temps d’un concert celui d’instrumentiste, s’est illustré dans le Concerto pour basson en do majeur de Fasch. C’est une œuvre aux dynamiques variées avec des lignes musicales actives dans lesquelles le basson est en constantes activités. Le deuxième mouvement offre un changement de caractère, passant d’un univers sonore sautillant et lumineux à un monde plus sombre et langoureux avec des lignes mélodiques plus lyriques.
Sous-titré « alla Francese », le Concerto en do majeur de Telemann adopte un style pastoral, notamment dans le premier mouvement avec douceur sous forme de rondeau. Les hautboïstes Matthew Jennejohn et Karim Nasr, accompagnés au basson par Mathieu Lussier, ont été au centre de cette œuvre vivante et animée. À la fois soliste et chef de file pour les musiciens, Pablo Valletti a été d’une grande justesse dans l’interprétation du fameux Concerto pour violon en la mineurde Johann Sebastian Bach. Dans le deuxième mouvement notamment, Valetti a mis en valeur des lignes musicales soutenues où il fait chanter son instrument sans entrer dans des épanchements virtuoses superflus. Son jeu est élégant et signifiant. Le mouvement perpétuel entre les violons et la basse continue vers la fin du dernier mouvement Allegro assaiinstaure un climat transcendantal à la fois énergique et méditatif.
Après avoir exposé une trame narrative musicale virtuose et conventionnelle dans la première partie, c’est véritablement dans la deuxième partie que les velléités exploratrices des deux fils de Bach ont été exposées. La Sinfonia en fa majeur de Wilhelm Friedemann Bach surprend avec son langage harmonique trituré et ses passages chromatiques qui sonnent étranges à nos oreilles. La soirée s’est conclue avec une interprétation aérienne par Céline Frisch du Concerto pour clavecin en la majeur de CPE Bach, dont les deuxième et troisième mouvements étaient particulièrement inventifs avec des effets respectivement planant et endiablé. En mettant comme trame programmatique les soirées musicales et intellectuellement effervescentes du XVIIIe siècle à Leipzig, Arion et ses invités du Café Zimmermann ont fait une part belle aux œuvres musicales de cette époque. Si nous avions une critique à faire sur cet aspect, c’est que la portion « expérimentale » aurait pu être plus garnie, ou à tout le moins semblable à la première portion du concert pour mettre encore plus en évidence les différences stylistiques et les arômes musicaux des différentes œuvres
Igloofest 2e soir : gros menu avec Apashe, Marie Davidson, Dileta
par Loic Minty
Marquée par des contrastes musicaux sauvages et des approches audacieuses, cette deuxième soirée d’Igloofest nous rappelle une fois de plus le dynamisme de la scène locale montréalaise. Nous avons une fois de plus été témoins de la puissance des breaks et des basses pleine puissance. Alors que les dj’s montaient le son, nous avons vu la montée en puissance des légendes locales de la récolte dans une exposition parfaite de la musique de danse.
La tête d’affiche de la scène Videotron était nulle autre que Marie Davidson. Dans ce dj set, son emblématique son synthwave a révélé ses origines dans un flux constant de techno analogique de fin de soirée, couronné par certains de ses propres morceaux comme Work it qui a fait perdre la tête à la foule. Marie Davidson nous a donné un aperçu de son génie musical et, comme lors de ses concerts, sa présence aux yeux écarquillés et ses paroles honnêtes ont attiré sans effort la foule dans son aura audacieuse et sans complexe.
Avec cette énergie, Honeydripp a prouvé une fois de plus qu’elle était la reine des sons cinétiques en liquéfiant les genres dans son propre mélange de breaks, de basses et un remix groovy de Fergalicious. Jouant avec le silence et l’espace, ses rythmes taquinent la ligne des modèles reconnaissables, occasionnellement interrompus par des sections basses influencées par le dub qui secouent la scène.
En terminant sur une note positive avec des breaks hachés qui entrent et sortent du temps, la réputation de homegrown harvest pour les longues nuits de danse n’a pas été démentie. Alors que Dileta nous entraînait dans un tourbillon temporel de rythmes de batterie de plus en plus riches et de séquences de basses acides à faire exploser le toit, la foule a rapidement compris qu’il s’agissait d’une expérience sans pareille. La vaste sélection de morceaux dark leftfield de Dileta, les transitions fluides et les accents tranchants des samples rétro ont fait groover les jeunes et les moins jeunes d’un côté à l’autre dans l’unisson.
Pendant ce temps, sur la scène de Sapporo, nous avons assisté à une montée en puissance de la folie avec Jeska, qui a réalisé une performance virtuose de drum and bass, passant d’un son large avec des breaks minutieusement précis à un style hard qui fait vibrer les têtes. Imanu n’a eu aucun mal à maintenir cette énergie grâce à ses textures synthpop bienfaisantes et a fait rebondir la foule sur des samples pop classiques mélangés à une house densément énergique.
Il semblait que la nuit se poursuivrait dans cette succession de sons de plus en plus extatiques, jusqu’à ce que, soudainement, la musique classique du répertoire d’Apashe transforme tout le festival en une scène de l’Enfer de Dante.
Alors que la brume de la rivière recouvrait progressivement les lumières fluorescentes, les gens commençaient à ralentir, s’attendant presque à ce qu’une ballerine se lance dans un pas chassé. Mais tout cela faisait partie du plan d’Apashe. Après 20 bonnes minutes, un manifeste apparaît sur l’écran et, en un instant, la scène est inondée de stroboscopes.
Le reste de la soirée était la propriété d’Apashe. Avec sa conception artistique de l’EDM combinée à la scénographie et au son à l’échelle du stade, elle restera dans les mémoires. Son style « majestueux » se caractérise par l’utilisation de visuels cinématographiques en synchronisation avec les transitions et les instruments, créant ainsi une expérience audiovisuelle hypnotique. Après un set riche en émotions, Apashe nous laisse une fois de plus avec les douces sonorités d’un orchestre qui nous emmène dans les rues de neige. Le bourdonnement de la foule se transforme en cris et nous savons tous ce dont nous venons d’être témoins : ce vendredi, l’Igloofest est à la hauteur du battage médiatique.
Première soirée Igloofest: DJ Minx côté techno
par Loic Minty
Avec la fumée qui souffle au-dessus des platines, DJ Minx fait appel à l’esprit de la musique électronique avec sa présence contagieuse.
En tant que pionnière du Detroit techno, c’est plus qu’approprié qu’elle joue durant cette première soirée du festival Igloo Fest et nous comprenons vite pourquoi. C’est avec aisance et joie qu’elle performe, mais c’est sa démarche qui la fait briller. Les gens arrivant de Sapporo, se rapprochent avec incrédulité vers cet espace intime où la foule danse en transe devant les 4 subwoofers. Les échantillons classiques de soul et disco typiques du style Detroit remplissent l’imagination avec des extraits de paroles et les basses font vibrer tout le corps. Elle termine sa performance sur un morceau enflammé que Félix Patry maitrise et relance avec un breakbeat pour débuter son set éclectique à haute vitesse. Naviguant avec facilité entre une panoplie de styles tels que le baltimore club et l’euro-dance, sa présence insouciante ne fait pas justice aux gens qui sautent en délire jusqu’à la toute fin à en perdre leurs vêtements. Ce mince aperçu du collectif Homeby6 et du festival Igloo Fest donne une soif pour la vie nocturne qui devra être continuée une autre fois. Heureusement que ce n’est que le début.
Première soirée Igloofest 2025: la fête de Tali Rose et Michael Bibi
par Félicité Couëlle-Brunet
Il est 20:30 et tout le monde attend le producteur et DJ londonien avec impatience devant la Scène Sapporo. La joie et la bonne humeur règnent sur une cadence rythmée qu’apporte notre entourage vêtu de combinaisons hivernales assorties pour une soirée de fête.
Ça fait un moment que nous nous enjaillons sur les rythmes indie-house mélodieux de Tali Rose. Le rythme est bon, la danse est organique et la house est progressive. Petit à petit, les gens commencent à entrer en transe alors que la DJ montréalaise augmente progressivement les fréquences de ses mélodies, jusqu’à nous faire danser sur un air presque tribal pour mettre en scène l’entrée de son collègue.
Michael Bibi a tôt fait d’implanter une dimension house assumée à la soirée, ce qui anime la foule. C’est à partir de ce moment-là qu’on se sent voyager dans les années 2010 manière dance–pop, grâce à un attroupement de danseurs enjoués sur des mélodies up-beat. Le tout reste de la house minimale, ce qui fait que tout le monde peut danser à son rythme.Bibi souligne régulièrement son amour pour la scène blues et jazz depuis toujours, et ça se sent par ses samples de chansons remixées avec de la tech-house. A la fin de trois heures d’excitation dans la neige, la soirée se termine avec un classique de la deep-house electro, Pump Up The Jam, ce qui insuffle un regain d’énergie à la toute fin de la soirée. La bonne énergie reste avec nous première soirée d’Igloofest 2025 en aura été une de célébration.
OSM | Les Mahler, Payare et l’OSM: Entre grondement intérieur, lumière et fatalité, une soirée percutante.
par Hélène Archambault
L’OSM a fait un choix éclairé de présenter les œuvres d’Alma Mahler et celles de son mari, Gustav, lors du même concert pour inaugurer 2025. L’interprétation des œuvres d’Alma côtoyant celle de son illustre mari est un clin d’œil contemporain à cette époque où plusieurs femmes musiciennes renoncent à leur carrière pour soutenir celles de leur mari.
À vingt-trois ans, Alma, née Schindler, fréquente le milieu artistique Viennois, compose des lieder et tient à son indépendance artistique et intellectuelle. Elle rencontre Gustav Mahler en novembre 1901. De vingt ans son ainé, il conclut un marché avec elle : pour devenir sa femme, elle doit renoncer à ses aspirations de compositrice. Passionnément éprise, elle accepte et le mariage est célébré le 9 mars 1902.
Malgré cette « interdiction » de composer, Gustav suggère à Alma de retravailler les lieder et de les faire publier (dans les notes de programme, Catherine Harrison-Boisvert note que « Gustav semble avoir voulu faire amende honorable »). Il est heureux que les lieder d’Alma aient été ainsi extirpés de l’anonymat. Leur interprétation est une première pour l’OSM. Avec ces 5 lieder, l’orchestre offre une expérience d’écoute sensible, et, dans mon cas, de découverte. In meins Vaters Garten (Dans le jardin de mon père) est particulièrement touchant. La voix profonde et éclatante de la mezzo-soprano Beth Taylor est mise en valeur par l’écriture expressive de la compositrice. Mon seul bémol ? L’orchestration de Colin et David Matthews. Un léger débalancement entre les deux partitions se fait malheureusement au détriment de la voix.
De la Sixième Symphonie, appelée « Tragique », Alma écrit qu’elle est l’œuvre la plus personnelle de son mari, celle qui serait jaillie le plus directement de son cœur. Elle rapporte aussi qu’à travers l’écriture de la Sixième Symphonie Gustav anticipe sa propre vie en musique. Trois coups du destin, symbolisés par autant de coups de marteau dans le finale – seuls deux coups seront conservés – se sont abattus sur lui aussi : la perte de leur fille Maria, emportée par la scarlatine, un diagnostic d’une maladie cardiaque incurable ainsi que la perte de son poste à l’Opéra de Vienne. La Sixième de Mahler ayant été écrite avant ces événements, cette interprétation est discutable. Mais ce récit vaut la peine d’être relaté, ne serait-ce que pour marquer l’imaginaire ! Et peut-être aussi un peu pour permettre au commun des mortels de s’attacher un peu plus au compositeur ?
Parlant d’attachement, l’OSM et Payare, dans leur interprétation, passent par le bon chemin. Dès la première mesure, le tempo est énergique sans être effréné. Le ton est donné. Le premier mouvement se déroule entre le militaire et l’évocation d’Alma, incarnée par les cordes. L’Orchestre alterne entre grondement et lumière. Payare semble jouer avec le rythme. Quoique réglé comme un métronome, le temps avec lui semble plus souple, plus vivant. Les pages de grande beauté du second mouvement exposent un dialogue entre les bois et les cuivres, où le jeu de l’orchestre est limpide. Le troisième mouvement, presque onirique, et la finale se succèdent sans trêve. Cet enchaînement semble permettre à l’orchestre de nous envouter pour finalement nous plonger dans une débandade d’émotions dans le genre « being Gustav Mahler » jusqu’à la fin. Juste l’écrire m’essouffle – l’énergie déployée par le chef d’orchestre doit faire l’envie des plus grand·es sportif·ves. Symphonie « Tragique » vous dites ? Entre enchantement, douceur et tragédie, on ne sort pas tout à fait indemne de la maison symphonique.
Igloo Nouvel An: magie de minuit sur le quai Jacques-Cartier
par Léa Dieghi
Si les feux d’artifice lancés à la suite du décompte ont illuminé la scène de l’Igloofest, c’est véritablement la puissance de l’éclectisme de la musique québécoise qui a su éclairer cette fin d’année. En ce 31 décembre 2024, l’eau du fleuve saint-laurent semblait vibrer sous les accoups des basses, nous étions plus d’une cinquantaine de milliers à avoir dansé sur le quai Jacques-Cartier, pour fêter notre entrée en 2025.
Ensemble.
Doucement, la soirée commence. Les premières centaines de personnes se réunissent timidement face à la scène. On pousse les poussettes, réunit les enfants qui partent en courant aux quatre coins du festival. Des groupes d’amis ont déjà des bières dans les mains.
Il y a les corps qui bougent, les instruments qui s’activent.
Sans vraiment crier gare, alors que je m’achète un café à la crème d’érable -spécialité alcoolisée de l’Igloo, parfait pour se réchauffer le bout des doigts- les premières notes de musique détonnent, et la voix de Robert Robert réverbère à l’autre bout du site.
Il est 20h, le show démarre.
Ils sont quatre sur scène et, dans leurs tenues décontractées, ils paraissent si petits sur l’immense scène de Vidéotron. Robert Robert, dans son jeans et son hoodie rouge, sautille partout. Il est volatil, sa voix est empreinte d’une joie de vivre qui coïncide avec son genre musical. Un peu pop, un peu house. De la musique électronique accompagnée de son lot d’acoustique, et dont les paroles aux histoires quasi universelles d’amour et d’amitié, de galères et de quotidien, font trémousser les premiers corps de cette soirée de fin d’année.
Entre ses chansons, l’auteur-compositeur-interprète n’hésite pas à partager avec le public, on est plusieurs à esquisser un sourire quand il nous dit que ses bas sont mouillés, parce qu’il a décidé de se produire sans chaussures.
Puis, un peu comme il est entré, il repart avec humilité, sous les applaudissements du public, et le début du court DJ SET de Tallandskiinny.
Alors on danse, de Stromae, Around the world de Daft Punk, Empire state of Mind d’Alicia Keys et de Jay-Z, pour ne citer qu’eux. Elle enchaîne les classiques des années 2000, véritable mash-up venu du passé et terrain fertile pour l’entrée en scène du groupe québécois hip-hop, un peu hybride mais carrément mythique, Alaclair ensemble.
Avec une attitude de rois du monde, ils s’imposent sur la scène en commençant par leur titre La Famille. L’auditoire est déjà extatique, la performance est à couper le souffle.
Entre hip-hop, funk, house, electro, et trap, ils enchaînent les classiques. La caméra les suit de près, tandis qu’ils sautent aux abords du public. Maintenant, la foule est véritablement déchaînée. Cette facilité avec laquelle leurs titres se succèdent, sans jamais perdre de leur énergie, est presque déconcertante. Ici, on a affaire à des gars qui savent ce que ça veut dire, réchauffer une piste de danse. En plein milieu de leur performance, l’hymne national du Canada en français retentit. Moment de pause, tout le monde chante en choeur. Et c’est reparti. Iconique !
Ce soir, Alaclair Ensemble semble avoir voulu nous donner une leçon: c’est comme ça, qu’on gère une foule.
Après les beats électro, ils démarrent un slow. Avec une chanson d’amour, les couples se réunissent. Et sans vraiment qu’on s’y attende, ils disparaissent dans les coulisses. Leur show est fini, j’en aurai voulu encore plus.
Nouveau DJ set, cette fois-ci de DJ POPTRT. Elle élève l’énergie un cran au-dessus, Champion et ses G-strings la font redescendre rapidement mais…
Ils ont beau avoir commencé doucement, nous sommes en milieu de performance, la foule est encore plus dansante. Plusieurs personnes autour de moi me disent être venues spécialement pour la performance de cet OG de la musique électronique québécoise. Leur live est captivant, et beaucoup plus soul-jazzy que je m’y attendais. Les gens ont le sourire aux lèvres, certains chantent de concert avec la chanteuse soliste. Ça fait du bien au cœur.
A l’approche de minuit, le site est tellement dense que la circulation en devient difficile. Pourtant, les gens continuent de se rapprocher les uns des autres, alors que CRi entre en scène, précédé par Arielle Roberge.
Seul, face à la foule, accompagné par ses synthétiseurs et drum machines, CRi nous embarque dans son electro-house envoutante. Bientôt accompagné de Jesse Mac Cormack, puis de Louis-Jean Cormier et Klô Pelgag, Cri et ses invités nous escortent ensemble vers cette fin d’année.
“10,9,8,7,6,5,4,3,2,1…” Les feux d’artifices explosent dans le ciel. Nous crions en accord. J’enlace mon amie en lui souhaitant une bonne année. Quelques larmes coulent sur son visage. Je réalise soudainement que toutes ces personnes autour de moi, inconnues et connues, partageront pour toujours ce souvenir vibrant de la performance de CRi et ses invités, derniers moments de 2024, et premiers bruissements de 2025.
Electro-pop, R&B, hip-hop, trap, soul, jazz, indie-electronic, house, pour finir sur de la techno/tech-house mixé par LAURE, cet événement Igloo du Nouvel An se conclut en haute intensité de bruits et de mélodies, les pieds dans la boue d’un sol piétiné par les milliers d’enfants, familles choisies ou non, danseurs.ses, et amoureux.ses.
Merci Igloo, son staff, ses bénévoles, et tous ces incroyables artistes pour la création de cet effort collectif et de cette célébration. 2025 commence avec le cœur débordant de musique.
crédit photos: Alexis Monet
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