Mardi soir, l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) s’est produit à la Maison Symphonique sous le signe des « Festivités en chants et musiques ». Une soirée pensée pour souligner à la fois le temps des fêtes et le 100e anniversaire de Pini di Roma de Respighi. La scène s’est parée d’une ambiance festive avec une couronne de Noël et de quelques chapeaux et décorations que l’on pouvait remarquer sur les volutes des contrebasses et de l’octobasse.
Avant le début du concert, le public a été invité à une répétition éclair avec Simon Rivard pour préparer la prestation chorale de haute voltige. Une mise en bouche qui a instauré l’ambiance festive et interactive de la soirée.
Les cuivres, postés sur la mezzanine, ouvrent le programme avec Canzone XVI a 12 de Gabrieli. Le public est ensuite invité à se lever pour interpréter Mon beau Sapin et Jingle Bells. Un moment de grande musique ! Sans blague, malgré l’interprétation approximative, l’effet d’un chant collectif nous plonge inévitablement dans la convivialité des fêtes.
C’est avec beaucoup de légèreté que l’orchestre et le chœur ont joué une suite de La fille de Neige de Rimsky-Korsakov. Ce concert participatif semble avoir eu un effet positif sur les musicien·nes, mais aussi, comme effet collatéral, sur le public qui était très bruyant ce soir. Une symphonie de bébés bavards et de toussotements que l’on connaît bien audible dans l’acoustique de la Maison Symphonique.
Quelques minutes plus tard, on se relève pour interpréter le sautillant Il est né le divin enfant et un Good King Wenceslas à la prononciation du vieil anglais que l’auditoire a su massacrer avec enthousiasme. L’orchestre nous libère un instant pour interpréter « Le rossignol » dans Les oiseaux de Respighi, une introduction aux chants d’oiseaux qui suivront dans l’œuvre finale du concert.
On n’aura pas beaucoup entendu le chœur de l’OSM lors de cette soirée, mais leur interprétation de Tu descends des étoiles de Alfonso Maria di Liguori nous a montré leur maîtrise vocale et nous a offert un doux moment a capella. Mention spéciale aussi à la contribution des fameuses nouvelles cloches de l’OSM dans La Petite Hirondelle (Carol of the Bells).
À peine ces pièces jouées, qu’on se relève pour la troisième et dernière fois pour chanter Les anges dans nos campagnes et une version bilingue de Douce nuit ponctuée de canons involontaires du chœur en formation. Certes, ce nouveau chœur ad hoc n’a pas livré la prestation du siècle, mais on peut souligner l’effort de petits et grands et surtout le plaisir que tous·tes ont pris à s’époumoner dans la Maison Symphonique.
La soirée se clôt avec l’œuvre qui tissait le programme du concert : Pini di Roma de Ottorino Respighi. Pour célébrer son centième anniversaire de création, les musicien·nes semblaient s’amuser autant que le public, surtout dans le premier mouvement évoquant des jeux d’enfants.
Le troisième mouvement nous fait enfin entendre ce fameux rossignol qui a su captiver l’oreille volatile du public. Plutôt que l’enregistrement original qu’utilisait Respighi, nous avons entendu la création de Michel Léonard composée de sons d’oiseaux extraits d’enregistrements des œuvres d’orgues d’Olivier Messiaen. Pour clore en grand ce concert, six cuivres se sont ajoutés à la mezzanine pour entonner le triomphant quatrième mouvement et nous envoyer un puissant son spatialisé entre le parterre et la mezzanine.
Au final, pour un concert du temps des fêtes qui peut parfois représenter un défi de programmation, entre un choix de répertoire trop populaire ou un énième Messie d’Haendel, ce concert a su être familial tout en intégrant des œuvres intéressantes qui permettent de démontrer les qualités musicales de l’orchestre.
crédit photo : Antoine Saito