OFF Jazz | Mark Nelson : la tête dans les étoiles

par Frédéric Cardin

Le batteur montréalais Mark Nelson a voulu illustrer musicalement toutes « les choses bizarres » qui existent au-delà de l’atmosphère terrestre, bien au-delà, c’est-à-dire jusque dans d’autres systèmes solaires et mêmes d’autres galaxies. C’est donc cette idée qui sous-tend tout le contenu conceptuel de Postcards From the Cosmos, une collection jazz d’impressions venues de très loin et présentée hier soir au Dièse Onze, dans le cadre de l’OFF Jazz 2023. Un jazz interstellaire, philosophiquement parlant, mais très peu solaire dans son architecture harmonique. On se retrouve en effet dans un univers sonore sérieux et complexe, bien que supporté par une rythmique souvent insistante et bien propulsée par Nelson lui-même, bien sûr, et le discret mais élaboré Levi Dover à la contrebasse. C’est au piano, en vérité, que ça se passe. Andrew Boudreau, excellent, construit toute une constellation sophistiquée qui oscille entre l’atonal webernien et le chromatisme raisonnable. 

Dans ce voyage, on se pose quelque part sur une planète ou il « neige » de la crème solaire (Kepler 13Ab – oui, oui, c’est  vrai), on admire la galaxie dite du Sombrero (l’une des plus belles capturées par les téléscopes) en essayant de percevoir les échos ténus et très abstraits de la chanson Mexican Hat Dance dans la trame instrumentale, et on entend un « blues bizarre » définir l’astéroïde Oumouamoua (que certains ont pris pour un vaisseau alien) et un funk vaguement schoenbergien doublé d’accords pianistiques rappelant un peu Messiaen nous parle d’une planète à deux soleils, telle Tatooine dans Star Wars. Il y a même Pluton, saluée nostalgiquement comme ancienne planète (elle est désormais une « planète naine »). Nelson s’y connaît, de toute évidence. 

On aurait cependant aimé un peu plus de « sense of wonder » dans cette musique de haut niveau, pour éviter parfois l’impression de cérébralité. La pièce titre, Postcards From the Cosmos, arrivée vers la toute fin, nous en a donné un brin. Il était un peu tard. Les étoiles, les galaxies, les nébuleuses colorées, les exoplanètes excentriques, tout cela est empreint d’une sorte de magie visuelle et spirituelle qu’on aurait souhaité plus fidèlement répliquée dans les constructions musicales. Néanmoins, le résultat final est férocement intelligent, savamment tissé en plusieurs couches de discours harmonique et rythmique, et réalisé avec des musiciens en très grande forme technique (encore une fois, Boudreau, impressionnant. Le collègue pianiste Félix Stüssi était présent, il a dit la même chose). On n’a peut-être pas été émerveillé, mais pour sûr, impressionné et jazzistiquement satisfait. 

Tout le contenu 360

Changement de baguette à l’Orchestre de la Francophonie: le chemin vers la succession dans les mots d’Hélène Archambault

Changement de baguette à l’Orchestre de la Francophonie: le chemin vers la succession dans les mots d’Hélène Archambault

Festival de Lanaudière | Hamelin/Dover : la musique qui résonne

Festival de Lanaudière | Hamelin/Dover : la musique qui résonne

Ensemble Obiora : musique afro-classique dans les parcs

Ensemble Obiora : musique afro-classique dans les parcs

Orchestre métropolitain sur le Mont-Royal : un gros calin collectif

Orchestre métropolitain sur le Mont-Royal : un gros calin collectif

Vitta Morales, notre collègue aux multiples chapeaux

Vitta Morales, notre collègue aux multiples chapeaux

Ambiance d’entrepôt nocturne pour la nuit blanche de Juan Atkins à la SAT

Ambiance d’entrepôt nocturne pour la nuit blanche de Juan Atkins à la SAT

Lifeguard – Ripped and Torn

Lifeguard – Ripped and Torn

Brainwasher – At Least It Beats an Actor

Brainwasher – At Least It Beats an Actor

Nicholas Daniel – Complete Works for Oboe by Madeleine Dring

Nicholas Daniel – Complete Works for Oboe by Madeleine Dring

Christine Tassan; Marie-Véronique Bourque – Bruissement boréal

Christine Tassan; Marie-Véronique Bourque – Bruissement boréal

Festival de Lanaudière | Orchestre métropolitain/Yannick Nézet-Séguin/Marc-André Hamelin : Quand le naturel fait le concert

Festival de Lanaudière | Orchestre métropolitain/Yannick Nézet-Séguin/Marc-André Hamelin : Quand le naturel fait le concert

Festival de Lanaudière | Sol Gabetta : une Reine du violoncelle avec les Violons du Roy

Festival de Lanaudière | Sol Gabetta : une Reine du violoncelle avec les Violons du Roy

Les « rodas de samba » qui n’ont pas de fin

Les « rodas de samba » qui n’ont pas de fin

Vendredi soir au Dômesicle – Toute la nuit avec Jump Source

Vendredi soir au Dômesicle – Toute la nuit avec Jump Source

Festival d’art vocal de Montréal | Un gala où la relève prend la scène

Festival d’art vocal de Montréal | Un gala où la relève prend la scène

Éli Doyon et la Tempête – Attraper le ciel avant qu’il tombe

Éli Doyon et la Tempête – Attraper le ciel avant qu’il tombe

Barbara Hannigan; Katia et Marielle Labèque – Electric Fields

Barbara Hannigan; Katia et Marielle Labèque – Electric Fields

Festival d’art vocal de Montréal | La Flûte enchantée pour conclure le mois lyrique de l’ICAV

Festival d’art vocal de Montréal | La Flûte enchantée pour conclure le mois lyrique de l’ICAV

Feu, champignons et divertissement en famille : l’expérience ShazamFest XX

Feu, champignons et divertissement en famille : l’expérience ShazamFest XX

Festival de Lanaudière | Kent Nagano : l’éternel, et attendu, retour

Festival de Lanaudière | Kent Nagano : l’éternel, et attendu, retour

Festival de Lanaudière | Sol Gabetta et les rencontres fortuites

Festival de Lanaudière | Sol Gabetta et les rencontres fortuites

Tyler, the Creator – DON’T TAP THE GLASS

Tyler, the Creator – DON’T TAP THE GLASS

Off Piknic avec Gorgon City, Dennis Ferrer, Riordan et Linska

Off Piknic avec Gorgon City, Dennis Ferrer, Riordan et Linska

Piknic Electronik | DJ Fuckoff met le feu pour le Pep Rally

Piknic Electronik | DJ Fuckoff met le feu pour le Pep Rally

Inscrivez-vous à l'infolettre