Le pianiste Julian Gutierrez ne réinvente pas le jazz. Mais son groupe m’a fait passer un fort agréable moment jazzistique à saveur caribéenne, lors de son concert au Ministère, donné mardi dans le contexte de l’OFF Jazz. Une musique richement et finement arrangée et qui groove intensément par moments. Du très bon niveau.
D’origine cubaine, féru d’études en composition à l’université Laval, Julian Guttierez a créé un sextet très montréalais: le Guadeloupéen Axel Bonnaire à la batterie, le Cubain Eugenio Kiko Osorio aux congas et percussions, le brésilien Joao Lenhari à la trompette et au bugle et les québécois Guillaume Carpentier au saxophone ténor et Jean-François Martel à la basse électrique. A partir de la troisième pièce au programme, s’est joint un invité surprise: le saxophoniste Jean-Pierre Zanella, avec qui Julian Guttierez a souvent collaboré.
Ce sextuor (devenu septuor) a principalement exécuté des pièces du dernier opus du Julian Gutierrez Project, Goldstream, paru en 2022.
En matière d’improvisation, Joao Lenhari nous a offert des solos inspirés, alternant entre la douceur et l’intensité. Guillaume Carpentier apporte la profondeur du sax ténor. Julian Gutierrez a une palette harmonique très riche et tisse des solos dans lesquels la mélodie et la progression sont inspirants. Jean-Pierre Zanella est tout simplement …Jean-Pierre Zanella au sax alto et soprano.
La section rythmique du groupe apporte une énergie et une complexité contagieuse. Le discret, mais très efficace, bassiste Jean-Français Martel, appuie le très éclaté, mais fort compétent Axel Bonnaire, qui semble éprouver un plaisir fou à jouer avec son complice , le percussionniste Eugenio Kiko Osorio.
Mini bémol: quand Julian Gutierrez s’est fait chanteur, sur deux des huit pièces présentées, j’ai été moins convaincu.
Cela dit, ce groupe illustre la richesse de notre scène jazz et l’apport des montréalais venus d’ailleurs. Et la force du mélange. Après le concert, le brésilien Joao Lenhari m’a d’ailleurs confié qu’il trouvait Montréal plus riche culturellement que Sao Paolo, la mégapole brésilienne. Ce trompettiste dirigera bientôt le big band de l’université de Montréal. A suivre.