J’étais très intrigué par ce concert du trompettiste de la nation Objibway Chuck Copenace, qui vit à Winnipeg, capitale du Manitoba, qui vient d’élire le tout premier premier ministre autochtone du Canada.
Ça bouge dans les Premières Nations, en politique comme en culture, pas uniquement au Québec.
L’écoute de son dernier opus, Oshki Manitou, laissait entrevoir un mélange intéressant entre musique traditionnelle autochtone, musique électronique et jazz.
Par contre, la version concert de cet album, mercredi soir au Ministère), m’a laissé un peu sur ma faim. C’était davantage un spectacle jazz traditionnel, groovy, légèrement marqué par des chants traditionnels, à deux occasions . L’absence de claviers, omniprésents sur l’album, a transformé le son du groupe.
Une fois cela dit, le colosse timide qu’est Chuck Copenace est très touchant quand il raconte son histoire. Il a beaucoup parlé. Du fait qu’un Objibway du Nord de l’Ontario, élevé par une mère qui a vaincu ses problèmes de consommation, ait réussi à devenir trompettiste, est un formidable accomplissement. Du fait qu’il se soit reconnecté à ses racines en fréquentant les nombreuses « sweat lodges » (huttes à sudation) de Winnipeg, d’où plusieurs de ses récentes compositions sont issues. Car , dans ces huttes, on chante beaucoup.
Chuck Copenace est un trompettiste compétent. Le guitariste Victor Lopez assure l’encadrement harmonique avec un son cristallin, plein de réverbération. Le quintette a joué du Herbie Hancock et Freddie Hubbard en plus des compositions de Copenace.
J’aimerais revoir ce groupe dans une version plus conforme au dernier album, où la fusion des genres s’exprime de façon plus convaincante. La trajectoire de Chuck Copenace reste à suivre, puisqu’il s’est engagé à rassembler des musiciens autochtones pour construire un nouveau jazz.