Dans les années 2000, Blanche Baillargeon s’était fait connaître au sein des G Strings de DJ Champion. Depuis lors, elle s’est aussi distinguée dans le jazz manouche de Christine Tassan et le jazz Misses Satchmo, mais encore peu de mélomanes connaissent son travail perso.
Enfin… elle était peu connue jusqu’au printemps dernier, alors que son nouveau projet Le Nid a déclenché des choses auprès de mélomanes insoupçonnés, dont notre cher collègue Sylvain Cormier qui fut très élogieux à son sujet. En fait, Blanche Baillargeon rend public son langage compositionnel depuis 2015 et son récent opus Le Nid était la matière principale de ce concert présenté au Ministère.
Bruissement de la forêt, envol des oiseaux, lumière dans le paysage, liberté, bonheur, mal être, espoir, empathie, voilà autant de sources d’inspiration de ces chansons jazz, éthérées et douces en majorité. La pianiste Chantale Morin, le batteur Sacha Daoud, le clarinettiste (basse) Guillaume Bourque, le flûtiste Alex Dodier (qui peut surtout jouer du saxo dans d’autres contextes), tous de fort bons musiciens rompus au jazz, accompagnent la contrebassiste dans ce contexte de l’Off Jazz.
Nous avons ici des musiques composites entre chansons exprimées en français (les textes sont du maître poète Patrice Desbiens) ou en portugais brésilien, dont la reprise Samba e amor de Chico Buarque et autres propositions originales d’inspiration jazz-samba/bossa nova. Les référents de Blanche Baillargeon sont clairement jazz, mais aussi teintés de musiques brésiliennes ou capverdiennes inscrites dans l’imaginaire collectif planétaire, ou encore de chanson française puisant aussi dans les musiques romantiques et modernes de la tradition classique occidentale.
Voilà donc un jazz de chambre voluptueux, enveloppant, riche harmoniquement et mélodiquement, très agréable à l’écoute. Aucune performance maximale n’y est requise pour chaque interprète et improvisateur, la compositrice cherche plutôt à créer un tout cohérent et cohésif autour de ses œuvres. Personnellement, j’ai préféré les moments non brésiliens de ce répertoire au programme de la soirée dominicale, j’avais parfois l’impression d’une certaine disparité entre ces nobles inspirations tropicales des années 60-70-80 et le reste de ses compositions originales, plus fraîches et… plus originales.
crédit photo: Jean-Pierre Dubé