Au sortir du Ministère mercredi, il me paraissait très clair que KillaBeatMaker apportait sa pierre à l’édifice de la musique latine à l’ère numérique. En tout cas, l’édifice des Nuits d’Afrique s’en est trouvé enrichi. Mercredi soir, le résidant de Medellin a plus que comblé les attentes des festivaliers venus à sa rencontre. Deux sets bien sentis au Ministère furent balancés au plus grand plaisir de ses fans montréalais parmi les plus précoces.
Le maître du jeu est au centre d’un trio axé sur les rythmes et motifs électroniques, les rythmes émanant de la percussion acoustique, les chants, une flûte de pan synthétique.
À sa droite, Guadalupe Giraldo aux percus, à la gaita synthétique dont le son rappelle la flûte de pan, et au chant (très belle voix!). À sa gauche, Julian Ramirez aux percussions et aux chœurs. KillaBeatMaker déclenche les sons des machines, peut les étoffer de beatbox humain, de rap, de chant. Authentique frontman, le mec sait bien chanter, bien rapper, bien beatboxer et fort bien motiver un parquet de danse.
Le dynamisme de cette exécution est contagieux, sa trame dramatique a été minutieusement conçue de manière à chauffer la foule et la mener aux paroxysmes souhaités.
Les références mises en relief relèvent d’une belle direction artistique, on y ressent les cultures locales, cumbia, champeta, musiques andines, musiques des côtes colombiennes du Pacifique et de la Caraïbe et aussi musiques mondiales de l’heure – afro-house, afrobeats, reggaeton et plus encore.
Et KillaBeatMaker s’avère plus qu’une bête de fête, il adopte une posture critique et progressiste de par les thèmes de ses morceaux – précarité de la biodiversité colombienne, injustice économique, concentration injuste de la richesse, impérialisme.
Pas parce qu’on s’éclate que c’est drôle…