En première nord-américaine, Bendik Giske semblait perché dans le ciel, flottant dans de mystérieux antres, déjouant ainsi les jeux de lumière serpentine. Son saxophone trônait tel un maître du temps. Les pièces de l’album Cracks ont ouvert les portes du Paradis, traçant ainsi le chemin pour toutes celles ou tous ceux qui ne seraient pas encore convaincus de cette beauté queer. Sous l’emprise de cet être à la fois animal et humain, il devenait évident de ne plus vouloir se dérober. L’artiste nous a plongés en hypnose, nous a ensorcelés à coup d’échos et de rêverie. En souffle continu, cet ange fait d’un instrument à vent une parole de sérénité. Les stroboscopes électrisaient les fidèles sporadiquement. La scénographie onirique qui nous a totalement charmés.
Telle une nymphe, vêtue de blanc et plongée dans la pénombre, Caterina Barbieri est apparue sur la scène du Mtelus pour la série Nocturne 2 du festival Mutek. Son aura énigmatique illumina la salle sous un jeu de lumières, des lasers et des nuages de fumée, dansant aux rythmes saccadés de sa performance grandiose. Caterina ne joue pas de la musique. Elle parle avec ses instruments. Elle évoque des incantations. Elle déjoue les règles de l’arithmétique. Polyphoniques et polyrythmiques, ses pièces ont catalysé toute l’énergie de ses séquenceurs, de ses notes concises et de son dialogue théâtral avec le divin. Des morceaux de son nouvel album, Spirit Exit, ou du mythique Ecstatic Computation ont plongé le public dans un univers paranormal. Le titre Fantas a transcendé la Place des Arts à l’entrée en scène de Caterina. De longues minutes se sont écoulées dans un espace d’infinitude où la perception humaine s’est fondue dans la magie du synthétiseur analogique et modulaire « caterinesque ». Immobilisées dans des nappes circulaires et convergentes, les sonorités se déstructuraient par des coups de filtres, de résonance, de pitch et de LFO, ainsi qu’à l’aide de toutes les substances hallucinogènes requises pour transcender la machine. Caterina Barbieri, de la magie pure.
Photo de Caterina Barbieri : Important Records