Marie Davidson était disparue de mon radar pendant la COVID, peu après la sortie de dernier enregistrement studio et le spectacle qui y fut associé, Renegade Breakdown, sous étiquette Ninja Tune. Le virage pop/rock/chanson française me semblait alors un risque courageux et fort appréciable mais… j’avais le feeling que quelque chose manquait à cette mouture.
Tous les éléments de sa culture pop étaient déjà présents dans son œuvre mais beaucoup plus ténus. Puis il y a eu l’EP Persona en 2021, sorte de dream pop mâtinée de pop française, Victoria Legrand meets France Gall, même impression d’exercice inachevé. En avril dernier, son compte Bandcamp nous a fourni les indices de sa direction actuelle : Y.A.A.M. marque un retour de ses inclinations électroniques. Alors là….
Avec l’excellent spectacle auquel on a eu droit jeudi, on peut déjà conclure que toutes les facettes de son art ont trouvé leur place idéale dans ce set d’enfer. De ce qu’on connaît de sa vaste palette, on peut dire que cette intégration est top.
L’édifice de Marie Davidson voit un nouvel étage le chapeauter. La violence du bruitisme, les drones violents, les accords extrêmement prononcés. La dimension multiréférentielle en électronique : heavy techno, house, UK garage, jungle, drum’n’bass, breakbeat, on en passe. Les références directes à la pop culture francophone. L’attitude punk, presque gothique, les éclats de distorsion, les 4/4 très lourds. Les mouvements sur scène, les interventions chorégraphiées sur sur les machines, les harangues contagieuses. La voix chantée, la voix parlée, l’autorité acquise.
Ceinturée de ses claviers et machines, Marie chauffe la marmite en l’attisant aux sons épais et saturés, puis elle prend le micro pendant presque tout le reste de son show. Ses chansons sont pour la plupart auto-réflexives, cathartiques dans plusieurs cas, exprimées sans détours ce qui n’exclut pas la poésie dans la réflexion sur soi, sur sa profession d’artiste et sur le monde ambiant. C’est ce mélange unique qu’on aime. C’est aussi l’aisance sur scène et la présence d’enfer de la performer, c’est son pouvoir attractif. Très solide!
Crédit photo: Vivien Gaumand