L’équipe de PAN M 360 vous offre une couverture exhaustive de MUTEK Montréal 2023. Voilà une sélection des meilleurs sets présentés vendredi soir à la SAT, dans le cadre de la série Nocturne.
Crédits photos : Nina Gibelin-Souchon
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upsammy & Jonathan Castro
Posées sur des surfaces végétales, des formes cabalistiques sont projetées sur les écrans. Au milieu de tout ça, une femme, un homme. DJ, productrice et artiste multidisciplinaire, la Néerlandaise upsammy (Thessa Torsing) aime illustrer les extrêmes: le confort, l’inconfort, la beauté harmonieuse, la désolation. Elle use de différentes couleurs pour peindre ses fresques sonores: voix traitées, rythmes et tempos variés, les sons de l’eau, les sons de la manipulation tactile, fragments mélodico-harmoniques, quelques poussées de beats fiévreux contrastants avec des séquences froides et arythmiques. On dit de cette approche illustrée dans l’espace par l’artiste péruvien Jonathan Castro Alejos, designer graphique de profession et artiste visuel de l’univers numérique, qu’elle serait de la techno expérimentale et de l’IDM. Peut-être… De notre côté, cette approche n’a pas de genre apparent a priori sauf l’usage de rythmes tirés de la techno minimale et de l’ambient cérébrale. On a plutôt ici un langage composite aux fondements électroacoustiques qui peuvent néanmoins accrocher le nuitard avec quelques électrochocs qui peuvent le rendre agité.
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Nick León
Le Floridien Nick León est féru des avancées latines en matière de musique électronique, particulièrement portoricaines et colombiennes. Un galbe psychédélique enveloppe les rythmes et en transforment l’identité originelle. Le psychédélisme et l’électronique, il faut le rappeler, font bon ménage depuis un demi-siècle, nous en avons ici une version latine. Reggaeton, afrobeats, cumbia, krautrock et ambient se lient en direct. Juste assez groove pour un vendredi, juste assez nourrissant pour un set digne de MUTEK. D’une partenaire présente à ses côtés, des projections top niveau appuient le tout, motifs de joaillerie en mouvement, scintillements, kaléidoscopes stylisés et plus encore. À l’écoute de ce set tout à fait concluant, on constate avec intérêt que le reggaeton a déjà généré des formes les plus raffinées. À l’évidence, Nick León et sa partenaire de scène font de belles choses.
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Halina Rice
Suite d’harmonies et de fragments mélodiques au clavier, musiques préenregistrées et modulées en direct. Techno cérébrale, électroacoustique, IDM. La Londonienne Halina Rice n’a pas le look de l’emploi, aucune extravagance vestimentaire sur scène, on la verrait fort bien animer un séminaire de doctorat. Les apparences sont trompeuses car Halina Rice crée une excellente musique technoïde,assortie d’une variété probante d’arrangements consonants, d’une superbe sélection de sons industriels, de techno, de big beat, de chant choral au féminin, de hululements synthétiques non sans rappeler celui des femmes arabes. Cette succession de climats contrastés, embrumés de glace sèche et de visuels conçus par la principale intéressée, illustrent l’envergure conceptuelle, l’intelligence et la sensibilité supérieures de cette femme qui, prédisons-le, marquera sa profession.
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Quan & DBY
Au cœur de la nuit, un tandem montréalais de l’étiquette Chez.Kito.Kat fait dans la techno minimale, archi binaire pour les besoins évident du plancher de danse à l’heure qu’il est – de 2h à 3h. Les surimpressions sont relativement discrètes, absolument rien d’ostentatoire à ce programme déployé à la SAT: chuchotements variés, lignes rauques, ébullitions de microbasses et autres borborygmes de synthèse produisent un contrepoint sans l’emporter sur le beat. Plutôt que d’étaler toute la science qu’on leur connaît, breakbeat, deep house, acid, ambient, dub, bass music, dub, le tout produit par une impressionnante lutherie, notamment les synthétiseurs modulaires conçus pour les besoins de l’exercice, Quan et Dog Bless You (d’où l’acronyme D.B.Y., Samuel Ricciuti de son vrai nom) nous feront passer une heure concluante de petites modulations et de gros beat destiné aux danseurs qui n’ont pas migré au MTELUS où sévit Sync en même temps qu’eux.