Hier soir avait lieu la première soirée de showcases à l’occasion du Mundial Montréal 2023. Diffuseurs et producteurs de Québec, du Canada et d’ailleurs dans le monde étaient réunis au Lion d’Or pour assister aux performances de quatre groupes se disputant l’attention des convives dans l’espoir de décrocher des engagements professionnels (ou simplement tisser de nouvelles relations et étendre leurs réseaux).
Deux grands « gagnants » se sont révélés, si l’on accepte ce terme en fonction de leur potentiel de tournée et d’attrait public tant ici qu’à l’international : Bruno Capinan, de Toronto, et Dumai Dunai de Montréal.
Capinan est brésilien et fait de la post-bossa teintée de MPB et de Bahiatronica. Une musicalité de très haut niveau (quelle belle voix!), une aisance mélodique des compositions et une présence scénique queer magnétique et hyper communicatrice (il séduit le public comme s’il était le petit frère que tout le monde aime) en ont fait pour votre humble reporter une superbe découverte. J’espère de tout coeur qu’on le reverra de sitôt à Montréal!
Dumai Dunai est mieux connu chez nous car l’ensemble dub-punk slave ukrainien habite la scène musicale montréalaise depuis sa formation en 2021. Si l’invasion de l’Ukraine par la Russie a contribué à propulser le band férocement énergétique dans l’attention du public, sa renommée et sa popularité grandissantes n’ont rien à voir avec des circonstances strictement géopolitiques. Le groupe est animé par une énergie débordante, une originalité féconde, une cohérence de groupe hyper rodée et une qualité musicale et technique individuelles des membres tout à fait professionnelle. Ils ont tout ce qu’il faut pour faire le tour du monde.
On a apprécié le duo Mi’gmafrica, constitué de Valérie Ivy Hamelin, artiste multidisciplinaire de la Nation micmac de Gespeg, et Sadio Sissokho, griot montréalais originaire du Sénégal. Un joli mélange d’influences autochtones et de culture mandingue, avec un ascendant manifeste de cette dernière, cela dit. La qualité inégale des voix, tantôt très belles, tantôt plus faibles (tonalement parlant) méritera une attention particulière pour peaufiner adéquatement le produit.
Finalement, on reste (comme plusieurs membres du public de professionnels)… perplexes, devant le produit offert par Second Moon, un ensemble sud-coréen de chants traditionnels accolés sur une structure musicale et harmonique celtique. Du K(eltic)-Pop? Pas vraiment, car les mélodies traditionnelles n’ont pas l’attrait simple (et même simpliste), mais direct, de la véritable K-Pop ni de la musique instrumentale celtique. Et, artistiquement, même si la violoniste, l’accordéoniste et les autres musiciens sont excellents (sauf la voix, inégale elle aussi, capable de traits impressionnants comme d’approximations), le rendu final ne donne pas l’impression d’une fusion parfaitement harmonieuse, ni tellement intéressante. La curiosité passée, et le plaisir initial de voir les costumes bigarrés terminé, on se demande si on a vraiment envie d’écouter cela plus que 10 minutes. Dommages. Remarquez : quelques convives ont eu l’air d’avoir pas mal de fun. C’est peut-être juste moi…
Crédit photo : Alain Brunet