Mercredi, lors d’un après-midi de novembre exceptionnellement ensoleillé, nous nous sommes retrouvés dans un Quai Des Brumes bondé, pour entendre quatre artistes invités du Montréal Mundial en performances courtes de showcase. Un voyage de Québec à Memphis en passant par Helsinki et l’Amérique latine.
Le groupe néo trad québécois La Déferlance a ouvert le bal avec beaucoup d’intensité. Les quatre musiciens de Québec, une femme et trois hommes, nous ont offert un mélange de chansons traditionnelles revampées et de compositions personnelles. Si on en juge par la réaction du public, composé largement de gens de l’écosystème musical de nombreux pays, à la recherche de nouveau talent, La Déferlance a un effet contagieux. Tout le monde, ou presque, tapait des mains.
Le quatuor, Marie-Desneiges Hamel aux accordéons, Mathieu Baillargeon au piano électrique, Renaud Labelle à la basse et contrebasse et Grégoire Pinchaud au violon et à la guitare est tricoté très serré. Les notes déferlent.
On verra bien si l’enthousiasme de la foule se traduira par des contrats.
Par la suite, nous avons été plongés dans une proposition plus atmosphérique. Le Johanna Juhola Trio, de Helsinki en Finlande, c’est d’abord et avant tout l’accordéoniste et compositrice Johanna Juhola, et son énorme accordéon chromatique à boutons. Elle compose une musique à la fois introspective et ludique. Avec des effets de pédales, son instrument sonne parfois comme un synthétiseur. La dame semble capable de longues improvisations, qu’un concert en « showcase » ne permet que de deviner.
C’est une sorte d’équivalent finlandais d’ Astor Piazzolla. Madame Juhola est férue de tango par ailleurs. Sa musique a beaucoup d’influences folk e jazz également. Elle est épaulée par un guitariste acoustique et un musicien aux « effets spéciaux ».
Personnellement, j’ai beaucoup aimé cette proposition. Dans la salle, je n’ai pas senti le même enthousiasme. Dommage !
En troisième partie, arrive Maritza et son groupe. Née en République Dominicaine, adoptée par une famille québécoise, Maritza Bossé-Pelchat a redécouvert ses racines en réalisant un album en espagnol, Quien Eres, en 2022. Visiblement (ou audiblement) influencée par Lhasa De Sela ou Natalia Lafourcade, cette proposition est quand même originale et hautement prometteuse. Sur scène, la trompette, la contrebasse, les guitares et les percussions donnaient de la profondeur aux chansons très incarnées de Maritza.
Le public a semblé très séduit. Ma voisine de table, une organisatrice d’un festival terre-neuvien, m’a avoué avoir versé des larmes pensant la performance.
Pour le quatrième volet de cette Vitrine Officielle, nous nous sommes retrouvés par enchantement à Memphis, Tennessee, à travers la voix soul et jazz de Tabilah Safiya et de son Black Magic Project.
« C’est une ode à Memphis, une ville majoritairement noire et opprimée », nous a dit d’entrée de jeu la chanteuse. Elle est accompagnée d’un clavieriste et percussioniste, ainsi que d’un guitariste électrique. Tout ceci donne une performance néo-soul, plutôt bien incarnée, où les textes évoquent à la fois les malheurs et les délices de la vie.
La salle a semblé apprécier. Je dirais que, pour moi, ce trio, très sympathique, ne se distinguait pas particulièrement dans l’offre très abondante dans ce style musical.