musique contemporaine / Musique de création / période moderne / post-romantique

M/NM | Climax universitaire à la Maison symphonique

par Alain Brunet

L’idée d’une coproduction entre la Société de musique contemporaine du Québec et l’École de musique Schulich de l’Université McGill est en soi excellente. Et cette idée n’est pas neuve, les deux institutions ont collaboré par le passé. De quelle manière s’incarne cette relation en 2025 ? La soirée de vendredi, passée à la Maison symphonique dans le contexte de Montréal / Nouvelles Musiques, était une occasion d’y réfléchir.

Au fil du temps, chose certaine, maestro Alexis Hauser dirige encore et toujours le meilleur orchestre symphonique estudiantin à Montréal. À la Maison symphonique, c’était certes le cas. Fort belle tenue. Rigueur. Clarté. Exécutions cohésives, solides, particulièrement dans les œuvres les plus classiques au programme – on parle ici du poème symphonique Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, ainsi que du 2e Concerto pour piano  de Prokofiev joué par Alexey Shafirov, lauréat à deux reprises du concours de concertos de McGill –  précis sur toute la ligne, vif et tonique dans l’attaque, fluide de manière générale, et au rappel un généreux Prélude op. 3 n° 2 de Rachmaninov. 

La pièce finale au programme, celle de Richard Strauss dont le thème principal a été vastement popularisé en tant que trailor de 2001, Odyssée de l’espace, fut aussi exemplaire dans le contexte d’une exécution universitaire et d’un parquet rempli d’un public majoritairement constitué d’étudiants, d’amis, de parents, et plusieurs autres mélomanes ouverts à la chose, tous heureux d’être là.

Toutefois, il me semble que l’interprétation de Lontano de György Ligeti, jouée en première partie de programme, exigeait plus de profondeur timbrale, plus de texture et de puissance pour mener à bien ce discours obsessionnel de l’œuvre fondé sur des jeux de tensions déployés lentement sur un flot linéaire et insolite (pour l’époque de sa création). On avait l’impression que ce pan très important du programme,  au cœur de sa thématique, avait été moins bien ciselé, et c’était idem pour Continental Divide, une commande de la SMCQ passée au jeune compositeur Liam Gibson et présentée en création. En a-t-on vraiment saisi toutes les nuances ?

En premier lieu Musica ricercata de Ligeti, transposée à l’orgue et jouée par l’excellent Jean-Willy Kunz fut impeccable dans le contexte d’une transposition. 

Pour le côté cinoche, pas question de projeter des extraits de films  sur grand écran pendant les exécutions orchestrales. On a plutôt choisi l’évocation scénographique des grands classiques du cinéaste Stanley Kubrick, un fan de Ligeti ayant intégré ses musiques dans sa cinématographie. Alors pas de film, mais … apparition des jumelles spectrales de The Shining, masque cérémonial de Eyes Wide Shut , fameux monolithe de 2001, autour duquel des primates se mettent à réfléchir comme des sapiens, on en passe. On a aussi tenté des projections en mapping sur une façade arrière de l’amphithéâtre – trop éclairée pour l’intelligibilité des formes projetées ?  Bons flashs, goût certain, prémisses intéressantes, une certaine discrétion… une certaine minceur. Comment cette évocation peut-elle être maximisée dans un contexte d’exécution symphonique ? Poser la question… À n’en point douter, le très doué Sylvain Marotte (responsable des effets visuels) saura répondre à cette question pour la suite des choses. 

Et puis  il y a eu un parquet rempli ce soir-là, majoritairement peuplé de gens ravis d’être là. C’était déjà beaucoup pour la SMCQ et l’Orchestre symphonique de McGill . Qui, au fait, s’est  formalisé de certaines incohérences du programme (Prokofiev pour piano et orchestre après Ligeti… pourquoi?) et de la minceur de certaines exécutions, côté contemporain. Néanmoins, la grande majorité des spectateurs ont passé un beau vendredi à M/NM, les faiblesses évidentes de ce programme ne l’étaient pas pour la plupart.

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