Vendredi et samedi au Festival de Lanaudière, étaient donnés en diptyque les oratorios Paulus et Elias de Félix Mendelssohn. Pour l’occasion, c’est l’Akademie für Alte Musik Berlin (Akamus) et l’Audi Jugendchorakademie qui nous visitaient, le tout sous la direction de Martin Steidler. À en croire le directeur artistique Renaud Loranger, « c’est la première fois au Canada, sous toutes réserves, que les deux oratorios sont présentés ainsi, et également, chantés en allemand ; la langue habituelle étant l’anglais. Nous y étions vendredi.
C’est devant un parterre épars et une pelouse presque vide que ce magnifique concert s’est donné. Pendant les deux heures et quelques qu’a duré la soirée, tout tombait en lieu et place. L’orchestre, grossi pour l’occasion, jouait sur des instruments anciens (avec un serpent !), ce qui laissait beaucoup de place au chœur. La prononciation des choristes est précise et impeccable. Ces derniers sont habiles à varier la palette de couleurs en étant, parfois incisifs (« Lapidez-le »), parfois tout en douceur, notamment dans les différents chorals. Un des meilleurs moments de la soirée fut l’apparition de Jésus, à la fin du premier acte. Interprétée par les voix de femmes, c’était un passage extrêmement lumineux, sans être angélique et mielleux.
Chez les solistes, c’est l’alto Ulrilke Malotta qui a été la meilleure, malgré qu’elle n’ait chanté que deux petites interventions. Elle a une voix profonde et résonnante. La soprano Marie-Sophie Pollak a une belle voix, mais qui ne se démarquera jamais au cours de la soirée. Le ténor remplaçant Magnus Dietrich fait bien, mais demeure cependant trop stoïque, malgré le fait qu’il était le soliste qui incarnait et « jouait » le mieux ses rôles d’Étienne et de Barnabas. Enfin la basse Krešimir Stražanac a connu quelques problèmes durant la soirée. Parfois trop en rondeur, on perdait les émotions et les mots. Il aurait gagné en se limitant à la partition et en ne cherchant pas à en donner plus.
Finalement, un petit mot sur la présentation générale du concert. Il y aurait place à l’amélioration quant au choix des images projetées sur les écrans géants. Trop souvent, il y a eu des images d’instrumentistes qui n’étaient pas à l’avant-plan, et cela ne rend pas service du tout au spectateur niché en haut du vallon. Ça, en plus de corriger les fautes dans les surtitres.
crédit photo : Gabriel Fournier