3. L’électro-techno-pop swana déferle sur la scène internationale!
La population arabe constitue 20,6% des minorités visibles de l’agglomération montréalaise, occupant ainsi la 2e position après la population noire, elle, avoisinant les 30% (1). Visible, dit-on? Peut-être pas tant que cela. Fort est de constater leur faible représentativité dans plusieurs domaines de la société y compris dans le milieu de la musique électronique.
Pourtant, les artistes électro swana ont le vent en poupe dans toutes les grandes métropoles du monde! Montréal, néanmoins, n’échappe pas à la mouvance, elle regorge de petits trésors, mais plus souvent encensés à l’étranger ou en dehors de la Province que sur l’île. Leur visibilité dans les médias ou sur les grandes scènes ou dans des événements d’envergure sont encore plutôt minimes, ici.
Pour PAN M 360 notre collaboratrice Salima Bouaraour met ici en lumière ce vivier foisonnant d’artistes impliqués dans le développement de la vie culturelle et nocturne montréalaise ainsi que la promotion et la défense des valeurs d’égalité, de justice, de créativité, d’inclusivité et de célébration de la beauté arabe.
Bien connue pour son avant-gardisme et son syncrétisme musical, la scène électronique londonienne voit, aujourd’hui, la communauté arabe brassée à grand coup de génie les influences de musique traditionnelle orientale avec de l’électro breaké à l’instar de ce que la déferlante tendance électro-pop indienne, des années 90/2000, avait fait en explosant pour faire danser le monde entier! Aux USA, le phénomène fait rage. L’Institut du monde arabe à Paris programme régulièrement des artistes arabes électro.
Issus du Proche et du Moyen Orient, ces artistes s’exportent de plus en plus: Saliah (UK/Liban), Toumba (UK/Jordanie), Ibrahim Abu-Ali / DJ Habibeats (USA/Jordanie) etc. On pense évidemment à Omar Souleyman qui a largement et fortement participé à démocratiser cette tendance à l’échelle internationale. Et bien d’autres encore comme la Palestinienne Sama’ Abdulhadi.
Et pendant ce temps-là, que se passe-t-il chez nous ? À vrai dire, de nombreux artistes sont déjà florissants depuis plusieurs années! Néanmoins, leur visibilité reste bien en deçà de leur dynamisme et de leur talent.
Prenons pour exemple le collectif Laylit. Créé en 2018, il s’établit entre New York et Montréal dans les scènes moyen-orientales et LGBTQ. Des soirées dansantes cherchant à valoriser la diversité musicale de la région du Moyen Orient et d’Afrique du Nord sont régulièrement organisées entre autres par les deux compères de Wake Island. La salle de spectacle Ausgang Plaza, menée par Malick Touré, directeur général et DJ Mr Touré!, situé sur la rue Saint-Hubert, fut leur lieu de subterfuge, à Montréal.
En moins de 5 ans, le collectif a explosé sur la scène internationale avec une reconnaissance bien méritée due aux fruits de leur travail acharné et de leur talent – New York Times, Pitchfork, Boiler Room, tournée en Europe/Amérique du Nord/Moyen Orient.
Lorsqu’une ville a un vivier d’énergie et de pareil talent, on voudrait le voir programmé bien plus souvent dans une plus grande diversité de salles, de concerts, de festivals et bénéficier de plus de visibilité dans les médias québécois. En mai dernier, la série RADAR, présentée par M pour Montréal et Mundial Montréal en collaboration avec QUB musique les a programmé pour la sortie de leur nouvel album.
Force est de constater lorsqu’on observe la scène électronique montréalaise, des artistes issus de la population non racisée occupent le stage et leur carrière explose en quelques mois, sans exagérer. Tout le monde en a conscience. Tout le monde le voit. Mais rares sont celles et ceux qui veulent exposer le débat publiquement.
Plus que jamais, en 2023, il est totalement légitime de se questionner sur les mécanismes menant à ce type de parcours différencié, à vitesse désynchronisée, sachant que la qualité, la créativité et les compétences ne sont pas ici en question, aucunement.
Qu’en-est-il alors?