Brian Wilson, décédé le 11 juin 2025 à l’âge de 82 ans, était beaucoup plus qu’un mélodiste talentueux doublé d’un authentique hitmaker. Profondément perturbé par la maladie mentale et les dérèglements physiques subséquents à de violentes médications, ce génie des Beach Boys aura laissé sa marque surtout pour ses innovations chorales et orchestrales.
Ses compositions élaborées et expériences innovantes en studio furent carrément révolutionnaires dans un contexte pop sixties. On a souligné des milliers de fois que l’album Pet Sounds avait profondément influencé les Beatles dans leur propension à proposer des œuvres orchestrales plus élaborées que dans leur premier cycle pop-rock, à commencer par Sergeant Pepper.
Arrangeur, orchestrateur, chef d’orchestre de chambre, ouvert aux musiques classiques modernes et même contemporaines/électroniques, réalisateur studio hors du commun, il fut écarté des Beach Boys au terme de mauvais voyages au LSD ayant catalysé sa maladie mentale. Une médication toxique l’avait ensuite mis sur la touche pendant des décennies.
Sa rédemption tardive est attribuable à sa regrettée compagne Melinda Ledbetter (1946-2024) qui avait fait sa connaissance dans les années 80 alors qu’il était dans un très mauvais état psychologique et l’avait alors sauvé des griffes du Dr Eugene Landy, psychologue incompétent et manager mal intentionné exerçant un contrôle total sur son patient, pour ainsi lui redonner des ailes et mener une vie heureuse. À ce titre, il vous faut absolument voir le touchant et magnifique biopic Love & Mercy, sorti en 2014.
Trop jeune à l’époque de la surf pop/rock pré-psychédélique des Beach Boys, ma perception du fameux groupe de Brian Wilson fut d’abord celle d’ume pop kétaine, voire insipide.
Or, lorsque Wilson revint à la surface grâce à son miracle conjugal, je m’étais rendu compte à quel point j’étais à côté de la plaque. Des écoutes répétées du répertoire de Pet Sounds et Smile, dont j’ai eu la chance de savourer l’exécution sur scène à Montréal à plus d’une reprise, m’avaient convaincu de son génie.
Génie d’autant plus touchant qu’il peinait à formuler des phrases cohérentes alors qu’il devenait parfaitement fluide sur scène ou en studio. Voilà pourquoi sa mort peut tirer des larmes à celles et ceux ayant connu la trajectoire dramatique de son existence et sa victoire inespérée sur l’adversité – et, d’abord et avant tout, admiré son œuvre colossale.
Photo tirée du compte Instagram de Brian Wilson