Sarah MK, de cire et d’or

Entrevue réalisée par Jacob Langlois-Pelletier
Genres et styles : soul-jazz / soul/R&B

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Onze ans après la parution d’un premier album, l’autrice-compositrice-interprète Sarah MK ressurgit et lance Wax & Gold.

Sarah MK a d’ailleurs inauguré son nouveau répertoire devant la communauté soul / R&B de Montréal, au Ministère le 27 avril dernier. Dans la foule, la chanteuse a reconnu des visages familiers, dont de nombreuses et nombreux fans de ses performances au Jello Bar et au Bar Le Piano Rouge au cours des années précédentes. « Ce spectacle m’a replongée dans le passé. C’était un retour aux sources pour moi », soulève-t-elle d’entrée.

Coréalisé par MK et le multi-instrumentiste et compositeur Christopher Cargnello, Wax & Gold se veut un mélange de sonorités R&B et soul des années 70 et 90. « Cargnello est une personne musicalement intéressante et sensible. J’ai adoré réaliser avec lui », dit-elle. Lors de la création de son projet, Sarah MK s’est inspirée d’artistes tels D’Angelo, Erykah Badu et Donny Hathaway. D’ailleurs, le premier titre du projet, Late Nights Early Mornings « est un hommage à la musique de D’Angelo », indique MK. Écrit en grande partie en 2018, l’album comprend dix chansons dont Pancakes For Suppers, un titre teinté d’humour et Find the words, un merveilleux duo avec Clerel, révélation soul de Montréal.

Depuis la parution de son premier album Worth it, Sarah MK a œuvré comme choriste pour plusieurs artistes de la scène du rap keb dont Dead Obies, la Brown Family, KNLO et Dubmatique. Titulaire d’un baccalauréat en chant jazz à l’Université de Montréal, la chanteuse est aussi professeure de musique à l’élémentaire, au sein de groupes d’adaptation scolaire.

Pan M 360 a discuté avec elle de Wax & Gold.

PAN M 360 : Comment avez-vous eu l’idée de créer Wax & Gold?

Sarah MK : En 2018, j’ai amorcé la conception de l’album dans ma chambre. J’ai commencé à mettre des idées sur papier et créer des bases musicales sur Logic. Cette année-là, je chantais une fois par mois accompagnée de mon groupe, au bar Upstairs. J’avais écrit plusieurs nouvelles chansons, mais j’ai finalement décidé de laisser tomber tout ce que j’avais commencé. C’est après ça que j’ai commencé l’écriture des chansons pour l’album. À partir de ce moment, mon groupe et moi nous sommes mis à répéter de nouvelles chansons. Ensuite, nous sommes allés en studio. Notre idée première, c’était d’avoir une base musicale enregistrée en studio. Ainsi, nos pistes de guitare, de batterie et de basse ont été enregistrées en studio dans la même salle en seulement une ou deux tentatives. En postproduction, on a décidé de ne pas mélanger les prises et de ne pas trop faire de montage pour rendre le tout parfait. On voulait que ça demeure le plus organique possible. C’est certain qu’on a ajouté à l’ordinateur quelques sons, mais on a essayé de se limiter le plus possible. En raison de la pandémie, le processus a été vraiment plus long que prévu.

PAN M 360 : Que représente le concept de Wax & Gold?

Sarah MK : Le concept représente le processus de création en art. Quand l’art est en cours de création, une sorte de dark wax se construit autour pour arriver au produit final. C’est un concept qui relève de la philosophie éthiopienne, et mon père est éthiopien. Malheureusement, je n’ai pas vraiment pu explorer cette culture lorsque j’étais jeune, car mon père est décédé lorsque j’étais toute petite. Au cours des dernières années, j’ai été en mesure de renouer avec ma famille éthiopienne et je me suis reconnue en eux et leur façon de penser.

Aussi, Wax & Gold ça signifie qu’il y a toujours deux côtés à une histoire. En général, c’est de cette manière que les Éthiopiens voient la vie et absorbent chaque histoire. Je me suis inspirée de ça pour créer l’album. Parfois, la thématique et mes paroles sont plus tristes, mais la musique est plus joyeuse. Dans la musique éthiopienne, il a souvent des sous-entendus dans les textes. Je me suis également inspirée de ça dans mes chansons. Pancakes For Suppers en est un bon exemple de chansons dans laquelle il y a deux interprétations possibles.C’est comme ça que je me suis appropriée ce concept.

PAN M 360 : Avec Christopher Cargnello, vous avez coréalisé votre projet. Que cette position vous a permis artistiquement?

Sarah MK : Cette position permet d’acquérir une indépendance musicale. Ça me permet de prendre des décisions artistiques. Par exemple, je peux choisir les accords que je veux. Avant, je travaillais plus souvent avec des beatmakers. De ce fait, on me présentait une production musicale et j’en écrivais les paroles. C’est une dynamique que j’aime, mais c’est clair que c’est plus limité artistiquement que de construire une chanson de toute pièce. Le fait d’avoir coréalisé cet album, c’était aussi une super répète pour mes spectacles. Lors de mon lancement d’album mercredi, j’étais beaucoup plus à l’aise lorsque j’interprétais mes chansons, car j’ai été impliquée dans la création du début à la fin.

À l’avenir, j’aimerais continuer à coréaliser mes projets. Cependant, j’aime beaucoup travailler avec des beatmakers, j’ai même un projet réalisé de cette manière qui va sortir bientôt. C’est vraiment différent d’être impliquée au niveau de la réalisation de ses propres projets. Peut-être qu’un jour je m’attaquerai à la pleine production d’un projet, mais je souhaite demeurer en coréalisation pour le moment.

PAN M 360 : Comment la collaboration Find the words avec Clerel est-elle née?

Sarah MK : Par le passé, Clerel s’est présenté à quelques reprises lors de mes spectacles de reprises dans un bar. Il s’assoyait en arrière et il m’écoutait. À ce moment-là, je ne le connaissais pas. Un jour, un de mes amis a mis en ligne une vidéo de lui au piano et une personne au chant. L’homme interprétait What’s Going On de Marvin Gaye. J’ai demandé le nom du chanteur et il m’a dit qu’il se nommait Clerel. Je n’avais jamais entendu quelqu’un chanter comme lui à Montréal. À partir de ce moment, j’ai commencé à faire des liens et me rendre compte que Clerel était celui qui venait lors de mes spectacles. J’ai communiqué avec lui et je suis tout de suite devenu fan de sa voix, son interprétation et la manière dont il phrase ses chansons. Il est un artiste incroyable. Lors de l’écriture de Find the words avec Christopher Cargnello et Judith Little, Cargnello a lancé l’idée d’y ajouter Clerel. Je l’ai contacté et la chanson est née.

PAN M 360 : Quels éléments de votre baccalauréat en chant jazz à l’Université de Montréal vous ont aidé lors de la création de votre dernier album?

Sarah MK : Je pense que mes cours de théorie de jazz m’ont beaucoup aidé pour ce projet. J’ai beaucoup aimé le cours donné par le professeur Luc Beaugrand. Ses cours m’ont permis de m’entraîner à faire des progressions d’accords adéquates. Ils m’ont aussi appris à aborder une mélodie. Ce bagage théorique m’a permis de pouvoir m’asseoir au piano et être en mesure de créer des compositions intéressantes. Aussi, la professeure de chant d’Hélène Martel m’a laissée être moi-même, car j’étais toujours la fille plus R&B du programme. Au niveau de l’interprétation, j’approche donc mes chansons comme des chansons jazz. Lors des spectacles, je songe les phrases et je ne reste pas toujours dans les mêmes rythmiques que l’on retrouve sur l’album. Les connaissances que j’ai acquises au cours de ces années d’études ont permis à mon album d’être organique et que chacune des chansons respirent, comme le jazz.

PAN M 360 : À la toute fin, la chanson Ready vient clore le projet. Pour quelles aventures êtes-vous prêtes?

Sarah MK : Je suis prête pour la suite, autant dans ma vie professionnelle que personnelle. Tout au long de l’album, je me pose des questions concernant mes relations interpersonnelles. Dans Hey Richard, je me demande si j’ai été une bonne amie tandis que sur Goodbye, je me suis sentie trahie par quelqu’un. Maintenant, j’accepte et j’assume le bon et le mauvais, le Wax & Gold de toutes les situations. Je suis prête à tout prendre. Vous allez entendre parler de moi davantage comme artiste solo!

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