Chez certains, les 24 mois de pandémie n’ont rien changé pantoute. Chez d’autres, comme Lisa LeBlanc, ils ont provoqué une transmutation. Pas sur le fond, car les sujets de prédilection de Lisa demeurent les mêmes : lassitude candide devant les déconvenues et aléas du quotidien, commentaires incisifs sur l’épistémè, analyse ethnogastronomique et amour. La métamorphose se situe plutôt dans la forme : le folk-rock et autres expressions musicales de l’acadiana ont été remisés dans le congélo (sauf pour la ballade Me semble que c’est facile), parce que Lisa LeBlanc a pogné la fièvre du samedi soir, comme Stephanie Mangano il y a 45 ans. Sauf que Lisa ne danse pas, elle chante. L’ont accompagnée dans ce projet étonnant : les Hôtesses d’Hilaire Mico Roy, alias Meeko Fricot (guitare) et Léandre Bourgeois (claviers), le réalisateur multi-instrumentiste Benoît Morier (alias Johanne, chez les amateurs de bingo – basse et contrebasse), Antoine Gratton (clavinet et arrangements de cordes), Emily Kennedy (violoncelle), Marie-Andrée Gaudet (violon et alto), Maxime Gosselin (batterie), Sébastien Michaud (trompette, trombone, sax ténor et alto), Gabrielle Carruthers (tuba) et Sacha Daoud (percussions). Lisa observe, constate, raconte, « La roue tourne, mais le hamster est mort », « Y’a pogné son orignal, y’était fou comme d’la marde », « Ce n’est pas mentir, c’est tout simplement ne pas donner tous les détails ». L’influence de cadors funk-disco de jadis comme Chic et Earth, Wind and Fire se fait sentir un peu partout; celle des kitsch-cultes Lee Hazlewood et Amanda Tapp (dite Lear) aussi, notamment dans La poudre aux yeux et Entre toi pi moi pi la corde à bois. Métamorphose sur la forme réussie pour Lisa L., donc. On n’avait pas entendu un si bon album disco acadien depuis Besoin d’amour de Patsy Gallant, en 1977.
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