Voici donc L’heure mauve, ce moment où des murales au pastel se mettent à dialoguer avec des toiles déjà exposées, dans sept salles du Musée des beaux-arts de Montréal. Par cette exposition, l’artiste visuel suisse Nicolas Party entend susciter une réflexion sur le rôle de la nature dans l’histoire de l’art. Le MBAM en a rajouté une couche… sonore en mandatant Pierre Lapointe pour qu’il interprète une chanson, puis en crée une autre pour chacune des salles visées par l’initiative de Nicolas Party. Cela se traduit donc par un album en sept tableaux. Dans le premier, Lapointe interprète Le serpent qui danse, poème de Baudelaire jadis mis en musique par Léo Ferré, puis y jumelle sa propre création La danse du conquistador. Le deuxième tableau comporte L’hymne au printemps de Leclerc et L’hymne à l’automne de Lapointe. Tableau trois : Sag mir, wo die Blumen sind (version allemande de Where Have All the Flowers Gone? de Pete Seeger) et Les fleurs d’une autre dimension de Pierre L. Ça va comme ça jusqu’à Youkali de Kurt Weill jumelée à Pépiphonie, en passant aussi par L’hiver de Vigneault et Aujourd’hui la neige revient, Non je n’ai rien oublié d’Aznavour et Le même café, la même rue, puis Gnossienne no 1 de Satie et L’heure mauve 22. La trame sonore et l’exposition se veulent symbiotiques, ce qu’on n’a pas encore pu constater de visu et de auditu. On peut cependant certifier que les interprétations sont senties à souhait et, comme les nouvelles pièces, somptueusement arrangées pour cordes, vents et chœurs, majoritairement par Philippe Brault mais aussi par Guido Del Fabbro et Joseph Marchand. La somme de ces éléments fait de L’heure mauve une œuvre autonome, nonobstant son exposition-sœur.
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