Charles Manson, ce tristement célèbre conférencier-motivateur, a un jour qualifié l’artiste marginal multidisciplinaire Joe Coleman « d’homme des cavernes dans un vaisseau spatial ». Cette image éloquente nous revient à l’esprit en écoutant le foudroyant Leak. Comme si on avait enfermé des lignes de basse titubantes et un son de batterie provenant d’une grotte dans une capsule pressurisée, avec les grincements sinistres et les oscillations interstellaires d’un violon et d’une scie musicale. Ajoutons à cela des éclats de voix pouvant découler d’un quelconque trouble neurologique… LeakLeek, groupe de Nagoya au Japon, a bonne réputation dans la contre-culture locale et réussit à créer quelque chose d’étonnant et d’inhabituel, comme un atterrissage en catastrophe sur un astéroïde musical primitif et encore inconnu. Compte tenu de ses caractéristiques, on devrait caser LeakLeek dans la constellation rock, mais on constate vite que tous les liens vers des sous-genres établis – krautrock, no-wave, proto-punk – sont tordus, hachurés et effilochés.
