Le duo rock/blues/pop The Black Keys nous offre Delta Kream, soit 11 reprises delta-blues en provenance du Mississippi. L’équipe nous propose ainsi de faire un voyage profond dans le sud des USA. Il n’y a rien de mal à la nostalgie mais… pour un album entier ? Comme pour la plupart des sorties récentes du tandem, Delta Kream fut réalisé avec l’aide de musiciens de studio. L’auditeur pourra de nouveau entendre la voix et la guitare électrique de Dan Auerbach, accompagné de la batterie de Patrick Carney. De plus, le groupe invite deux experts tout droit sortis des livres d’histoire du blues; Kenny Brown, un joueur de guitare slide ainsi que le bassiste Eric Deaton, ayant eux-mêmes joué auprès du bluesman Junior Kimbrough. Ce ne sont pas des choix aléatoires, car l’entièreté de l’album est constitué de reprises de légendes américaines telles Kimbrough, John Lee Hooker ou R.L Burnside. Delta Kream n’est pas sans qualités. Dan Auerbach démontre une fois de plus d’enregistrer et réaliser des chansons rock avec juste assez d’aspérités pour éviter toute propreté excessive. Pour sa part, Patrick Carney est juste et efficace, permet aux autres musiciens de briller. La guitare slide de Kenny Brown est sans doute le meilleur élément du tout. Rappelant les solos impressionnants du style de Johnny Winter, Brown se déchaîne sur plusieurs morceaux, notamment Crawling Kingsnake et Do The Romp. Delta Kream n’est pas qu’une lettre d’amour au blues, c’est une déclaration de passion pour le style musical mississippien. Malgré ces belles qualités, l’album tient-il la route? Malheureusement, non. Un album entier de reprises de blues ne se prête pas très bien à l’innovation et les Black Keys ne réinventent rien. Si Dan Auerbach sait construire une chanson rock, il ne présente rien de bien original sur Delta Kream. L’album donne l’impression d’être un ramassis d’improvisations compétentes plus qu’un effort artistique. Même pour les fanatiques du blues, le projet n’offre rien que ceux-ci n’ont pas déjà entendu. En tant qu’hommage au Mississippi Blues, c’est un bel effort. En tant qu’œuvre musicale, c’est un produit passable… qu’on aura tôt fait d’oublier.
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