Amaarae, Ama Serwah Genfi si vous préférez son nom réel, est ma révélation d’Osheaga dominical. Cette artiste ghanéenne-américaine réunit deux continents, s’avère plus nord-américaine qu’africaine sans négliger pour autant le second volet de son identité.
Elle débarque sur scène avec un look hybride, différent.. Sa combinaison noire est reliée au centre du torse par une fermeture éclair bouclée jusqu’au gorgoton. Elle porte un casquette noire qui lui donne parfois des airs sévères. Et, question de brouiller les pistes, elle chausse une paire de bottes argentées à talons aiguilles.
Elle peut adopter une voix mince, caline, haut perchée et elle peut aussi changer de ton (et de tonalité) pour ainsi asseoir son respect. Encore une fois, cette façon de s’exprimer exploite le contraste de la féminité et de la masculinité réunies en une personne. Et c’est impressionnant car nous avons encore peu de modèles pop afro-descendants pour exprimer ces identités multiples.
Son double EP lancé en 2024, roses are red, tears are blue / A Fountain Baby, est une authentique révélation. Puisqu’elle vient du Ghana et donc de l’Afrique de l’Ouest de culture coloniale anglo, on aurait pu lui coller l’étiquette afrobeats, on aurait pu lui réclamer un peu de highlife ghanéen, ce qui ne fut pas exactement le cas. Plusieurs de ses chansons peuvent y être associées mais le concert présenté sur la scène de la Forêt y donne peu de place. Amaarae porte une culture composite, androgyne, mondiale. Les influx d’électro, de hip-hop instrumental, de soul nouvelle mouture, de pop-rock musclée ou même de jazz-groove sont parmi les couleurs d’Amaarae. Et lorsque les afrobeats se déploient, ils n’ont pas ce relâché des productions nigerianes, ils sont plus fermes. Qui plus est, les arrangements ne ménagent pas les éclats et les montées dramatiques. Franchement puissant!
Évitons donc de comparer cette artiste à ses collègues africains Yemi Alade, Ayra Starr, Burna Boy ou autres Tiwa Savage.
Ça se danse du début à la fin, certes, les grooves sont irrésistibles, certes, et c’est différent de tout ce que j’ai entendu en pop africaine jusqu’à ce jour. Amaarae fera école, j’ose l’affirmer.