Sur « Ripped and Torn », Lifeguard délivre une explosion de noise punk pur et sans filtre : nerveux, abrasif et exaltant. Le trio de Chicago canalise son énergie juvénile dans six titres qui semblent perpétuellement au bord de l’effondrement, mais qui sont pourtant soudés avec une conviction brute et une précision nerveuse.
Le morceau d’ouverture, « A Tightwire », donne le ton : un enchevêtrement de riffs de guitare nerveux, de rythmes décalés et de voix désabusées oscillant entre frustration et catharsis. À la fois chaotique et délibéré, il évoque la tension de l’adolescence avec une urgence qui ne semble pas artificielle. « It Will Get Worse » enchaîne avec une batterie frénétique et un tourbillon de distorsion enivrant, vous entraînant plus profondément dans la spirale d’anxiété sonore du groupe.
Ce qui distingue Lifeguard des groupes de noise classiques, c’est sa capacité à équilibrer son punk agressif avec une texture sonore et des rebondissements inattendus. « Under Your Reach » repousse les limites du LP, tissant une ligne de basse hypnotique à la limite du post-punk, tout en conservant une énergie fondamentale volatile. Quant à « How To Say Deisar », c’est une bombe de riffs chargés d’électricité statique et de voix aboyées : courte, tranchante et résolument tendue.
On sent l’esprit DIY bien ancré dans Ripped and Torn, de la production brute aux paroles émotionnellement éclatées. On y retrouve des échos des premiers Sonic Youth, de Blood Brothers ou, plus loin, de Mission of Burma, mais avec une désillusion de la génération Z intégrée à la distorsion.