J’ai rarement vu la scène Loto Québec aussi pleine. D’habitude, au début du concert de 19h, il y a du monde mais c’est rarement blindé. Là, avant même que la diva guinéenne n’apparaisse, les festivaliers étaient arrivés en avance, pour espérer voir leur idole de plus près. Celle que l’on surnomme la nouvelle star de la soul guinéenne était accompagnée par les mêmes musiciens que son époux Soul Bang’s la veille, au Balattou.
Avec eux, elle opte de commencer avec une chanson aux allures reggae, et d’emblée, l’assemblée se met à chanter les paroles à l’unisson. Vêtue d’une tenue rouge à paillette, et des manches en toile, la griotte descendante de la légende Mory Kanté n’a rien à prouver : le talent coule dans ses veines. Avec un nouvel album paru en juin, Mousso Chapitre 1, qui signifie femme en bambara, elle joue avec des maracas africaines tout au long du show, sur lequel elle rapproche son micro quand c’est nécessaire.
Sur les morceaux un peu plus rythmés, elle nous dévoile son talent de danseuse, et sur d’autres plus calmes, sa voix nous transcende. « Cette chanson est pour les mamans. Mais je ne veux pas le faire de manière triste, mais je veux le faire dans la joie de vivre », nous prévient-elle avant la chanson éponyme Mousso. Par moments, sa voix me fait penser à celle d’Oumou Sangaré, surtout quand elle va dans les aigus.
Il n’est pas toujours bon de comparer, mais dans ce cas-ci, la touche traditionnelle est plus présente que dans le registre de son époux, qui a joué la veille. Elle insère du moderne dans sa musique mais elle le fait en gardant l’essence traditionnelle guinéenne.
Le morceau Bhouloundjouri a particulièrement plu à l’audience qui connaissait les moindres paroles et en redemandait, même une fois que la chanson était terminée. Une expression que j’entends souvent lors de concerts en Afrique de l’Ouest est : « Il faut bisser », ce qui signifie il faut rejouer le morceau. J’ai entendu cette expression dans la foule de samedi soir.
Elle a joué plusieurs morceaux de son plus récent album, tel que Mon Roi, mais elle a également fait plusieurs de ses singles, comme Ké Douma Suma.Tel que mentionné lors de mon entrevue avec le couple, il était question que Soul Bang’s fasse une apparition lors du concert de son épouse, comme elle l’avait fait la veille au Balattou. C’est ce qu’il a fait, apparaissant en tenue tradi-moderne, chapeau assorti et lunettes fumées.
À peine sur scène, il a pris le contrôle et Manamba s’est effacée le temps de quelques chansons, avant de reprendre sa place lors d’un échange avec le public comme seules les griottes savent le faire. C’était comme si elle prêchait, avec quelques mélodies puissantes en accompagnement. « Je suis l’héritière de Soumaoro Kanté, mes ancêtres étaient forgerons, griots. Le balafon vient de la Guinée, et ce sont les Kouyaté qui jouent ça », nous enseigne-t-elle.
Une femme tout près de moi semblait acquiescer ce que l’artiste disait, puis Soul Bang’s a rajouté sa touche soul à tout ça.
Il ne restait que 4 minutes, qui auraient pu être assez pour une dernière chanson de Manamba avant de clôturer, mais Soul Bang’s a préféré jouer son morceau Djere Lele, qu’il avait joué la veille au Balattou. Il a ainsi pu ressentir les émotions que sa femme a vécu durant près d’une heure ce soir-là.